0463216/01/1958VIENNE
Parmi tous les soucis qui, à l’époque actuelle, assaillent nos concitoyens, il en est un qui, pour certains, revêt un caractère de gravité tout particulier. Il s’agit de celui de la sécurité dans l’emploi qu’ils occupent.
En effet, on entend souvent parler de licenciement dans les entreprises de notre département et le spectre du chômage s’impose à l’esprit de nombreux travailleurs qui, avec angoisse, se demandent de quoi sera fait demain, si à son tour l’entreprise dans laquelle il travaille se voit dans l’obligation de procéder à des compressions de personnel. Il est évident que depuis deux mois les perspectives dans le monde du travail sont assez sombres dans notre département où les services de la Main-d’Œuvre ont enregistré une sensible augmentation du nombre des travailleurs sans emploi.
La situation risque d’ailleurs de s’aggraver encore dans les semaines qui viennent et cela surtout du fait que de nombreux chantiers de construction sont en voie d’achèvement sans qu’en contre-partie de nouvelles constructions soient lancées ni même prévues.
Le bâtiment semble être le plus touché parce qu’il représente depuis de nombreuses années, l’activité première dans la Vienne. Certes, chaque année à cette époque on enregistre un ralentissement dans l’activité de ce secteur en raison de la mauvaise saison, mais actuellement on peut trouver des symptômes d’une aggravation de la situation dans le fait que certains entrepreneurs débauchent d’excellents ouvriers qu’ils auraient gardé s’ils avaient espoir de voir reprendre le travail normal dans quelques mois.
On trouve d’ailleurs dans les chiffres la confirmation de cette crise du travail. Actuellement 1.153 travailleurs ont déposé une demande d’emploi sans obtenir satisfaction ; ce chiffre représente une augmentation des demandes de 20 pour 100 environ sur celles enregistrées au mois de novembre dernier. De plus, en décembre 1956, les services de la Main-d’Œuvre n’étaient saisis que de 892 demandes.
Le nombre des chômeurs secourus est lui aussi en augmentation. On sait qu’il n’y a dans la Vienne que deux villes qui ont un fonds de chômage : Poitiers et Châtellerault. En décembre dernier, on dénombrait 123 chômeurs secourus. 77 à Poitiers et 46 à Châtellerault. On avait d’ailleurs assisté à un renversement de la situation car dans les derniers mois de l’année c’est à Châtellerault que le nombre était le plus important. Il en était de même au mois de décembre 1956 où 68 chômeurs bénéficiaient du fonds de chômage alors qu’à Poitiers il n’y en avait que 36.
Pourquoi cette augmentation du nombre des chômeurs ? Parce que de grosses entreprises ont licencié du personnel par suite de difficultés financières et également parce que, répétons-le, l’industrie du bâtiment est freinée par le manque de crédits.
Si on étudie les emplois les plus souvent réclamés par les travailleurs en difficulté, on apprend que les demandes portent notamment sur les travaux de manutention, manœuvres, magasiniers (285), sur les travaux dans le bâtiment (132), sur les emplois de bureau (191), sur les emplois domestiques (187).
Ainsi se présente la situation dans notre département ; il est difficile de dire ce qu’elle sera dans les prochains mois. Espérons que l’économie se rétablira et qu’ainsi les menaces accrues du chômage disparaîtront des soucis du monde ouvrier de notre département.
le 07/08/2021 à 09:32
Source : Le Libre Poitou
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