0466118/04/1958POITIERS
L’expansion économique tant souhaitée dans notre région se matérialise chaque année par l’implantation de nouvelles industries dans notre ville. Elles n’ont peut être pas une ampleur considérable mais elles n’en contribuent pas moins au renom de la cité tant sur le plan national qu’à l’étranger.
Nous voudrions parler d’une industrie poitevine dont les produits ont pris un départ en flèche en France et qui connaissent maintenant un succès flatteur en Suisse et en Angleterre.
M. Paulet, qui est représentant en confiserie depuis plusieurs années, cherchait à rendre original la présentation des très classiques roudoudous qui firent les délices des générations passées. Un jour qu’il se promenait sur une plage, l’idée lui vint de couler la confiserie dans ces coquillages qui y foisonnent et qu’on nomme « coquaris ». Il en ramassa une poignée et à son retour à Poitiers, il fit commencer la fabrication dans une usine de la Pierre-Levée. Les débuts furent modestes, puis ce fut le départ et en quelques mois, tous les enfants se mirent à sucer ce roudoudou dans son emballage original. Les « Coquelèches » étaient nées.
Aujourd’hui l’usine a des ramasseurs attitrés sur les plages de la Manche, près de la baie de la Seine et sur celles de la Méditerranée près d’Agde. Ils lui fournissent une quantité mensuelle de 35.000 kg de coquillages.
Ces coquillages, souillés de sable et quelques fois brisés, sont triés à la machine, à la main et passés à l’étuve. Ils en ressortent d’une propreté absolue.
Mais M. Paulet et M. Géniteau, qui ont la charge de la partie commerciale, cherchent toujours à innover. Ils ont eu une idée : le bonbon mou ou encore la « giclette » dont le succès près des écoliers français, suisses et anglais est incontestable. L’entreprise qui est équipée des machines les plus perfectionnées sort actuellement chaque jour 50.000 de ces « giclettes » qui représentent un long ruban de 4 kilomètres !
Des bacs immenses dans lesquels sont fabriqués les sirops de sucre parfumés à diverses essences sont reliés à la fameuse machine sur laquelle se déroulent deux rubans de matière plastique soudés électriquement pour former un tuyau. Dans ce dernier coule le « bonbon liquide ». Pinces et électrodes font le reste : elles ferment et soudent ce long tuyau et les petites « giclettes » sont nées. Une seule femme conduit la machine. Une autre ouvrière, avec une seconde machine, sépare les « giclettes » les unes des autres avant l’emballage.
A l’origine, (il y a peu de temps encore), 12 ouvriers et ouvrières suffisaient à la production. Aujourd’hui « Coquemonde » emploie 70 personnes. De nouveaux débouchés s’ouvrent. Les Américains commencent en effet à s’intéresser à la « giclette » et certains ne mâchent-ils pas l’emballage plastique tout en suçant le bonbon liquide? Après tout c’est presque du chewing-gum !
Une fois de plus une industrie poitevine s’est trouvée une place sur le marché mondial. A l’époque du Marché commun, de la concurrence, de la soif de devises, Poitiers, modestement peut être, joue son rôle dans notre économie.
Jean Péricat
le 08/08/2021 à 14:38
Source : Le Libre Poitou
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