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Plusieurs centaines de personnes ont proclamé leur attachement à la République !

A l’appel des syndicats de l’enseignement et des centrales syndicales, une manifestation s’est déroulée hier soir, à 19 heures, à la Maison du peuple. 1.200 à 1.500 personnes emplissaient la salle et la cour.

Cette manifestation était présidée par M. Girard, représentant la SGEN (CFTC), entouré de M. Ripert, du Comité universitaire de vigilance républicaine, M. Charriau, représentant la FEN, M. Bibault, le Syndicat national des Instituteurs, et les représentants des trois centrales syndicales, M. Bordage (CFTC), Vias (FO), Laumont (CGT).

Dans la salle avaient pris place de nombreux membres de l’enseignement, d’associations et partis politiques. On reconnaissait M. Huyard, Sarvonat, Renard, Patte, Mistouflet, Dumas, Ellinger, Foisnet, conseillers municipaux, Fournier de l’UGS, M. Norbert Augustin de la Ligue des Droits de l’Homme, etc.

Prenant la parole, M. Ripert, déclara : « Nous sommes groupés sans préoccupation syndicale ou politique. Nous nous sommes rassemblés dans le calme pour défendre les institutions de la République. Les manœuvres factieuses nous ont conduit à rechercher un large éventail de républicains pour les inviter à manifester notre sentiment dans la dignité. Cette réunion apolitique c’est la réunion de tous les travailleurs républicains ». Et M. Ripert de poursuivre : « Nous ne ferons pas de défilé pour ne pas permettre à certains éléments irresponsables de créer un incident et, par voie de conséquence, de mette en demeure un gouvernement républicain de heurter des républicains ! Ne galvaudons pas nos forces, gardons-les précieusement pour le jour où, acculés, nous devrions nous en servir. J’ai demandé à M. le Préfet de prendre acte de cette sérénité des travailleurs et d’en faire état ».

M. Ripert poursuivit en faisant l’historique des évènements depuis le 13 mai et déclara : « Nous n’accepterons pas le chantage de l’Algérie pour imposer un gouvernement, jamais une minorité ne pourra imposer ses vues à une nation toute entière. Ce n’est pas cette fraction qui réussira à nous dominer alors que l’étranger, en maintes occasions, l’a tenté en vain ».

L’orateur continua en rappelant le questionnaire posé au général de Gaulle sur ses intentions et conclut en indiquant que celui qu’on peut remercier pour son action pendant la guerre avait définitivement échoué pour une tentative de prise de pouvoir.

M. Girard donna ensuite lecture de la motion qu’on trouvera ci-dessous et souligna le calme des Poitevins mais aussi, dit-il, la fermeté des républicains.

La motion fut adoptée à l’unanimité. Immédiatement après, « La Marseillaise » fut chantée par l’assistance qui se retira dans le calme, tandis que le bureau, formant délégation, se rendait à la Préfecture pour déposer la motion.

La motion

« Toutes les organisations démocratiques se dresseront contre les menées des factieux d’Alger, d’Ajaccio ou de métropole.

« Les partisans du pouvoir personnel ont jeté le masque et il n’est plus de concession possible depuis que les évènements de Corse ont confirmé le caractère des prétentions des ultras d’Alger.

« Nous dénonçons sans ambiguïté ceux qui, à l’heure actuelle, menacent les institutions républicaines et nous manifestons notre volonté de voir respecter les lois de la République.

« Nous lançons un appel solennel à toutes les forces désireuses de s’opposer par tous les moyens aux tentatives de subversion.

« Il n’est pas admissible qu’une fraction de la nation tente d’imposer sa volonté au pays tout entier.

« La République doit se défendre par ses propres moyens ; il n’y a pas d’autre arbitre national que le peuple qui, seul, doit rester maître de ses destinées ».