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On nous communique avec demande d’insérer, la lettre ouverte du syndicat « Force Ouvrière » de la MAC à l’intention des candidats aux élections législatives :

Monsieur le Candidat,

Au nom du syndicat « Force Ouvrière » des personnels civils de la Manufacture nationale d’Armes de Châtellerault, nous avons l’honneur de vous faire connaître les revendications les plus urgentes que nous serions désireux de vous voir inscrire dans votre programme électoral :

Salaires - En vertu de décret du 22 mai 1951, nos salaires devraient être alignés sur ceux pratiqués dans le secteur privé des industries métallurgiques et connexes de la région parisienne, compte tenu de l’abattement de zone de salaires de 5,33 . Or, jusqu’à ce jour, les gouvernements qui se sont succédés depuis la parution de ce décret au « JO » n’ont pu, ou pas voulu nous donner satisfaction en invoquant des raisons d’ordre financières. Nous demandons l’application intégrale de ce décret ainsi que la suppression de l’abattement de 5,33 %.

Retraites – Notre régime de retraite est fixé par la loi du 21 mars 1921, modifiée par la loi du 2 août 1949. En application de ladite loi les années de services civils sont diminuées d’un sixième. Comme le taux de pension est de 2 % par années valables pour le calcul du montant de la pension, le préjudice ainsi causé est très important. Nous demandons que toutes les années de services soient comptées pour leur durée effective.

Reclassement des professions ouvrières – La direction des études et fabrication d’armement imposant à la direction locale des pourcentages par catégories professionnelles, nous réclamons que les reclassements se fassent automatiquement à l’ancienneté, compte tenu des mises à la retraite, afin d’encourager la promotion ouvrière au lieu de la décourager par une véritable stagnation dans une même profession pendant des années, allant le plus souvent jusqu’à la pension.

Congés payés et jours fériés – Au même titre que nos camarades fonctionnaires, nous réclamons le paiement des vingt-six jours annuels de congés ouvrables et de tous les jours fériés.

École de formation professionnelle – Notre école d’apprentissage étant une des plus modernes de la région et, de ce fait, la plus apte à former des ouvriers qualifiés, nous pensons qu’elle devrait jouer son rôle à plein au lieu de végéter avec un nombre infime d’apprentis. Il y a là un problème très important, non seulement pour la Manufacture, mais aussi pour la main-d’œuvre des industries de Châtellerault et des environs.

Plein emploi du personnel – Depuis 1953, des menaces sérieuses pèsent sur notre établissement et, à chaque vote du budget de la Défense nationale, nous sommes soumis à la « douche écossaise ». Cette année encore, nous croyons savoir que des compressions de crédits sont envisagées. De plus, le plan de charge n’est guère florissant. Déjà, on vient de faire appel aux volontaires pour la mise à la retraite anticipée, nous laissant présager que d’autres mesures plus impératives pourront être prises au moment du vote des chapitres budgétaires. Conjointement à cette menace, vous n’ignorez pas que pas mal d’ouvriers se sont lancés dans la construction, aussi, si des mesures de licenciement étaient décidées, cela serait un véritable drame social qui se ferait sentir par contre-coup dans le commerce châtelleraudais qui vit et prospère en grande partie grâce à notre grand établissement national. Enfin, nous demandons que tous les travaux d’armement soient exécutés par priorité à la Manufacture plutôt que de les passer au secteur privé comme cela se fait souvent depuis plusieurs années.

Nous insistons tout particulièrement pour avoir une réponse de votre part nous faisant connaître quelles sont vos intentions sur ces revendications ceci dans le but d’en informer l’ensemble des travailleurs de la Manufacture.

Veuillez, Monsieur le Candidat, agréer l’assurance de nos salutations distinguées.

Pour le conseil syndical, le secrétaire : A. Paulet