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Journée de protestation hier

Dans notre précédente édition, nous avons relaté la conférence de presse tenue mardi soir par les dirigeants syndicaux de l’EDF-GDF, en préface de leur journée revendicative de mercredi.

Mercredi matin donc, à 8 heures, heure prévue de l’embauche, les électriciens et gaziers se sont réunis à la Maison du peuple.

Devant un important auditoire, les délégués syndicaux, MM. Rochais (CGT), Deguille (CFTC), Delavaud (FO), Coirault (UNCM-CGC) et Collet (cadres CGT), ont fait le point de la situation revendicative. A l’issue de la réunion, une motion que nous publions ci-dessous, a été approuvée.

A 9 heures, le travail reprenait dans les divers services techniques et bureaux.

Motion

« Le personnel du Gaz et de l’Électricité de France et de la Régie d’Électricité de la Vienne, réuni à l’appel de l’ensemble des organisations CGT, GNC, CFTC, FO, CGC, UNCM.

« Élève une énergique protestation devant l’attitude gouvernementale et le refus du ministre de tutelle de prendre en considération les revendications dont personne n’a contesté la légitimité.

«  En manifestant son mécontentement, le personnel rappelle et réclame :
- Le paiement des sommes qui lui sont reconnues dues, par décision ministérielle du 23 novembre 1957, sur la base des conditions économiques de juin 1957 et qui représente 11 %.
- La compensation des augmentations du coût de la vie intervenues depuis cette dernière date, lesquelles justifient la revendication d’un salaire mensuel de base de 25.000 fr à Paris et ceci après discussion dans le cadre de l’article 9, du Statut national.

« Le personnel insiste également et demande :
- La suppression des abattements de zones ;
- Le respect intégral du statut national.

« L’ensemble du personnel adresse un appel pressant à l’opinion publique et aux usagers :
- Les deux industries prospères : « le Gaz et l’Électricité », sont à un carrefour dangereux à cause des bas salaires et des difficultés de recrutement, le problème n’est plus seulement d’ordre social mais d’ordre économique puisque l’avenir de nos deux industries est menacé.

« Le personnel de l’Électricité et du Gaz ne peut accepter d’être traité avec un tel mépris, ni de voir son statut national ouvertement violé ».

Une note d’information

Dans une note d’information pour les usagers et le grand public qu’elles nous ont fait tenir, les organisations syndicales développent leurs arguments. Retenons ces informations :

En 1947, la production s’élevait à :
- 27 milliards de kw pour l’électricité ;
- 11,900 milliards de thermies pour le gaz.

En 1957, ces chiffres atteignent :
- 57,8 milliards de kw ;
- 16,194 milliards de thermies.

Soit en dix ans, un accroissement de production de 114 % pour l’électricité et de 48 % pour le gaz.

Entre ces mêmes dates les effectifs sont passés de :
- 71.450 à 78.418 agents pour l’électricité (+ 9,8%).
- 36.050 à 31.994 pour le gaz (- 11,3%).

Les rapports des unités produites aux effectifs sont passés dans le même temps de :
- 377.880 kw à 737.000 par agent.
- 330.000 th. à 506.000 par agent.

Cependant, déclarent les signataires « la situation du personnel s’est systématiquement dégradée » et, estiment-ils « la réussite technique et économique des deux établissements est indéniable ; mais leur situation actuelle et leur avenir sont gravement compromis, parce que le niveau des salaires n’est pas suffisant, le recrutement des cadres, comme des ouvriers professionnels est compromis ».

La note rappelle enfin qu’il s’agit « d’un métier dur et dangereux ».

« Pour le gaz et pour le seul second semestre de 1958, il a été enregistré, à l’exclusion des accidents de trajet, 721 déclarations d’accidents du travail dont 2 cas mortels.

« Entre 1947 et 1957, il y a eu, pour l’électricité, à l’exclusion des accidents de trajet : 498 agents de tués en service et environ 75.000 accidents non mortels », avant de conclure en des termes proches de ceux de la motion ci-dessus publiée.