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Les étudiants poitevins ont répondu hier en grand nombre à l’appel qui leur avait été lancé. Dans l’ordre et dans le calme, d’autant plus impressionnants, ils ont manifesté au début de l’après-midi, pour tenter de faire valoir leurs revendications.

Un long cortège groupant près de 2.000 étudiants des Facultés et classes préparatoires aux grandes écoles a défilé dans les rues du centre, gagnant la place du Maréchal Leclerc qu’il atteignit vers 14 heures.

Après avoir fait le tour de la place, le long cortège arborant des pancartes portant les revendications estudiantines, stationna un bon moment sur la place avant de repartir vers la Préfecture. La rue Victor-Hugo était couverte de bout en bout. Les premiers groupes stationnaient place Aristide-Briand quand les derniers étaient encore devant l’Hôtel de ville. Tandis que les manifestants se massaient devant les grilles de l’Hôtel de la Préfecture, une délégation composée de MM. François, président de l’AG ; Majou, trésorier ; Laboucarie, président des étudiants en Lettres ; Dupuy, vice-président des étudiants en Sciences ; Martineau, vice-président des étudiants en Lettres et Masfaraud, moniteur à la Faculté des Lettres était reçue par M. le directeur de cabinet de M. le Préfet auquel elle remettait le texte d’une motion qu’on lira ci-dessous. M. le directeur du cabinet accepta le transmettre cette motion à M. le ministre des Finances et à M. le ministre de l’Éducation nationale.

Pendant ce temps une autre délégation, conduite par M. Ferragu, vice-président de l’AG, se rendait à l’Hôtel de ville, tandis qu’une troisième conduite par M. Moreau, était reçue au rectorat. Des textes identiques furent déposés.

Peu après la dislocation eut lieu, toujours dans le plus grand calme. Les services de police, dirigés par M. le commissaire central, qui avaient assuré l’ordre tout au long du parcours, n’eurent pas à intervenir.

La motion

« Les étudiants de Poitiers, à l’occasion de leur journée revendicative du 11 décembre 1958 ;
- Considérant la situation universitaire actuelle sur le plan local ;
- Réclament avec insistance que soient entamés le plus rapidement possible les travaux de la nouvelle Faculté des Sciences ;
- Demandent que des professeurs, assistants, chefs de travaux soient nommés en nombre suffisant pour faire face à l’augmentation continuelle du nombre des enseignés dans toutes leurs facultés ;
- Mettent l’accent sur l’urgence de la mise en chantier d’un second restaurant universitaire dont la nécessité s’imposera l’année prochaine.
- S’associant aux revendications de tous leurs camarades des autres universités et de leur Union nationale :
- Demandent que soit voté un budget de l’Éducation nationale répondant aux besoins en maîtres, locaux et équipements, mettant un terme aux difficultés actuelles de la recherche scientifique et permettant une amélioration des conditions matérielles d’études ;
- Réclament qu’une véritable réforme de l’enseignement adaptant ce dernier aux besoins de la nation, soit promulguée ».

Des professeurs participaient à la Manifestation

De nombreux professeurs avaient tenu à montrer leur solidarité avec leurs étudiants et notamment : M. le doyen Patte, de la Faculté des sciences ; M. Robert, assesseur du doyen de la Faculté des lettres ; M. de Laremberghe, assesseur à la Faculté des sciences ; MM. Fénelon, Bouyer, Mlle Duchemin, MM. Mas, Cantol, Simondon, Brisson et Maurel de la Faculté des lettres ; MM. Legrand, Grey, Gargouïl, Valensi, Gavaudan, Zuckermann, Charles, Daftes, Devantoy, et Brillanceau de la Faculté des sciences, ainsi que de nombreux assistants professeurs du second degré et chefs de travaux dont nous nous excusons de ne pouvoir citer les noms. Nous avons noté également la présence de M. Gouverneyre, intendant universitaire.