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Répondant à l’appel de leurs dirigeants syndicaux nationaux, les personnels chercheurs, techniciens et administratifs du Centre National de la Recherche Scientifique de Poitiers sont en grève pour trois jours depuis mercredi.

Ils tiennent à alerter l’opinion publique sur l’étouffement qui menace la Recherche scientifique française dont l’existence est déjà bien précaire (le personnel chercheur du CNRS n’a pas de statut et est « boursier » comme un étudiant pendant toute sa carrière).

L’insuffisance des salaires du personnel, principalement au début de carrière, est tel que :
- Les chercheurs qui sont au moins licenciés ès-sciences et souvent à Poitiers ingénieurs ou diplômés du 3^e cycle (correspondant à 2 ans d’études après la licence ès-sciences) ne restent au CNRS que le temps nécessaire à l’obtention d’un doctorat ès-sciences (2 à 4 ans) ce qui leur permet ensuite, en passant dans le secteur privé ou semi-public, de doubler au moins leur salaire. De ce fait, le CNRS souffre d’une pénurie de cadres nuisible à l’organisation et surtout à la continuité des recherches.
- Le recrutement des techniciens est entravé. Alors que l’on compte, au moins, deux techniciens par ingénieur dans l’industrie, c’est la proportion inverse qui existe dans les meilleurs cas au CNRS. Les chercheurs dépensent dont une bonne part de leur temps à un travail d’ouvriers spécialisés pour lequel ils sont mal préparés.

Cet état de chose déjà irrationnel va se trouver aggraver par le récent arbitrage du gouvernement qui bloque les crédits aux mêmes sommes que l’an passé. L’augmentation du coût du matériel scientifique spécialisé d’une part, et, d’autre part, l’avancement du personnel déjà existant entraîneront, de facto, un recul du potentiel scientifique français (moins de matériel, moins de personnel car les départs ne seront pas remplacés).

Cet état de chose nous paraît en contradiction avec la prise de position des pouvoirs publics se disant favorable au développement de la Recherche scientifique.

Alors que la vitalité d’une nation moderne se mesure actuellement à ses réalisations scientifiques, il nous a semblé impossible de laisser étouffer la Recherche française riche d’un si beau passé, sans alerter nos concitoyens.

N’est-il pas assez grave de constater que depuis 23 ans aucun prix Nobel de sciences n’a été attribué à la France (dernier en date : 1935, F. Joliot-Curie).