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0046603/10/1906POITIERS

LE REPOS HEBDOMADAIRE - LES AGENTS DES POSTES

Une réunion des Agents et sous-agents des Postes a eu lieu, dimanche à 2 h 1/2 de l'après-midi, à l'Hôtel de ville (salle des Orphéons).

Le bureau a été ainsi constitué : président : M. Crozat ; assesseurs : MM. Coindeau et Pichard ; secrétaire : Mlle Jeanneau.

Aussitôt après la lecture des lettres d'excuse de plusieurs personnalités politiques du département, la parole est donnée à M. Artus, secrétaire du groupe poitevin de l'A.G. des P.T.T. qui, souvent interrompu par les bravos de l'auditoire, à exposer, en excellents termes, les revendications de ses camarades. Il a conclu ainsi :

« Nous faisons appel à toutes les bonnes volontés pour obtenir que le repos hebdomadaire soit donné légalement aux salariés des Postes, Télégraphes et Téléphones.

« Nous savons que nous aurons des défenseurs à la Chambre, au Sénat, partout ; mais cela ne nous fait pas oublier que le succès dépend de notre union, de notre action.

« Je termine en rappelant cette parole de Marcel Sembat : «La République ne vous abandonnera pas si vous ne vous abandonnez pas vous-mêmes».

.../...

Puis M. Roux, facteur chef, a prononcé l'allocution suivante :

.../...

On prétend, je le sais, que cette loi (repos hebdomadaire) met aux prises patrons et ouvriers, employeurs et employés, mais c'est sur les formes d'application de la loi que les dissentiments s'accusent. Touchant sa nécessité bienfaisante, tout le monde est d'accord.

Pourquoi faut-il que nous ayons à demander, ici, que le bénéfice en soit étendu jusqu'à nous, les sous-agents des Postes et Télégraphes ?

Si tous les citoyens sont égaux devant la loi, si ce n'est pas là une formule vaine, nous avons le droit de savoir par quel sophisme l'État, ce grand patron, prétend se soustraire aux obligations patronales et frapper d'une sorte de déchéance les plus humbles mais aussi les plus dévoués de ses serviteurs.

Écoutez messieurs, il n'y aura plus, bientôt, dans notre France d'usine, d'atelier, d'administration, de bazar, de boutique où ne sonne, une fois par semaine, l'heure du repos fécond en forces nouvelles pour les tâches du lendemain. Pour nous seuls le balancier de la pendule administrative, sans cesse, redira : Toujours ! Jamais ! Toujours le travail, jamais le répit. Pour être des fonctionnaires, avons-nous cessé d'être des citoyens comme les autres, de quelles fautes sommes-nous donc coupables qu'aucun pardon puisse les toucher ? Le travail est-il pour nous une expiation ? Je m'en voudrais d'insister. Il me suffit d'ajouter que nous commençons le service, le matin, à 5 heures pour finir le soir bien tard, souvent vers 9 heures et ce travail forcé dure toute l'année. Au nom de la justice, au nom de l'humanité, nous demandons qu'un jour par semaine nous soit accordé à nous aussi pour les joies, comme pour les peines, de la vie de famille, pour la vie intime, pour nous reposer afin de mieux travailler. Donc c'est notre jour de repos que nous voulons demander, priant M. le Préfet, qui nous sait dévoués au Gouvernement de la République, de vouloir bien transmettre notre vœu à M. Barthou, ministre des Postes et Télégraphes (...).

 

 

le 12/04/2020 à 16:55

Source : L'Avenir de la Vienne

PTT, poste, bureau

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