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LA CHAMBRE SYNDICALE DES OUVRIERS BOULANGERS DE POITIERS vient de faire placarder une affiche dont voici le texte :

Aux ouvriers boulangers.

Camarades,

A peine les conventions réglementant notre repos hebdomadaire, proposées par nos patrons à la réunion de l'Hôtel de veille du 5 août et acceptées par nous, étaient-elles en application que certains patrons les violaient sans plus de respect pour la loi que pour leur parole qu'ils avaient librement donnée, cela au détriment des patrons qui, loyalement, les appliquaient.

Malgré le surmenage que nous occasionnent ces conventions, malgré qu'elles ne répondent pas à tous nos besoins et à toutes nos justes et légitimes revendications, respectueux des engagements que nous avions pris nous voulions, sincèrement, les exécuter, notre devoir, notre dignité, exige qu'elles soient respectées par tous et que les abus cessent immédiatement.

Si nous laissions faire, ce qui est aujourd'hui, l'exception deviendrait la règle et le droit au repos hebdomadaire, si péniblement conquis, nous serait supprimé malgré la loi et nous resterions les parias du prolétariat.

Nous devons imposer le respect de leur parole à tous ceux qui l'ont trahie, cela par tous les moyens et nous ne devons pas reculer devant la mise à l'index de ceux qui ont failli à leurs engagements.

Camarades.

Cette loi humanitaire réclamée depuis si longtemps, imposée par l'action syndicale, ne sera intégralement appliquée que par l'union et l'effort de tous les travailleurs ; nous devons nous unir. Nous avons droit à un jour de repos par semaine : la loi l'ordonne, notre santé l'exige, nous devons l'avoir.

Ouvriers boulangers

Camarades.

Pour faire respecter vos droits, pour que ceux qui ont pris des engagements vis-à-vis de vous les exécutent, pour qu'ils ne puissent pas plus longtemps se moquer de vous, vous devez tous rallier votre syndicat. Pour cela nous invitons tous les ouvriers conscients de leurs droits, de leurs intérêts, de celui de leur famille - qu'ils n'ont pas le droit de négliger - d'assister à la réunion générale de la corporation qui aura lieu le jeudi 4 octobre, à 3 heures de l'après-midi, à la Bourse du Travail.

Ordre du jour :

- Compte rendu de l'application des conventions passées entre les patrons boulangers et les ouvriers.

- Mesures à prendre pour leur application.

- Création d'une caisse de chômage et de résistance.

- Questions corporatives diverses et adhésions au syndicat.

.../...

A la population ! Aux travailleurs ! A tous les hommes de cœur !

Librement nos patrons nous ont proposé des conventions pour assurer le repos hebdomadaire que la loi nous accorde et que l'humanité impose. Ces conventions sont violées par quelques-uns dans un but de lucre, sans souci des engagements pris vis-à-vis de nous et de leurs collègues ; leur attitude est sans excuse.

Vous devez nous aider à faire respecter la parole qu'ils avaient donnée ; pour cela vous devez déserter leurs boulangeries, vous ne devez plus faire aucun achat chez eux ; en leur continuant votre clientèle vous vous rendriez complice de leur félonie, vous ne le ferez pas. Les noms de ces patrons nous vous les ferons connaître, si les abus ne cessent pas immédiatement ; le compte-rendu des tribunaux vous le dira ; le gain déloyal qu'ils ont cru réaliser se transformera en perte réelle. Nous avons confiance dans la population de Poitiers, elle sait combien notre métier est pénible, elle connaît le dur labeur auquel nous sommes astreints, elle voudra que, comme les travailleurs des autres corporations, nous puissions avoir un jour de repos. Nous avons confiance dans l'honnêteté de toute la population pour être sûrs que notre appel sera entendu, elle voudra, avec nous, châtier ceux qui violent leurs engagements au détriment de leurs collègues et sous le prétexte qu'ils les ont pris avec leurs ouvriers.

Respect des engagements pris, voilà ce que tous les honnêtes gens, ce que tous les hommes de cœur, doivent exiger !

Le conseil syndical des ouvriers boulangers.