0483102/02/1960POITIERS
L’appel national à la grève, lancé par les centrales syndicales, a été très largement suivi dans notre département et dans beaucoup de secteurs à 100 %.
En raison du caractère particulier de cette grève, elle a revêtu des formes diverses selon les établissements, entreprises ou services. A la Préfecture, les bureaux ont été fermés de 11 h. à 12 h., mais des permanences étaient assurées dans chacun d’eux. Il en fut de même à l’Hôtel de ville. A la Banque de France la grève fut totale de 11 heures à 11 h. 30.
A la SNCF, l’arrêt de 10 minutes fut marqué pour deux trains en gare de Poitiers : le train de Bordeaux est parti à 11 h. 16 et celui de Limoges à 12 h. 01. Le personnel sédentaire a marqué des arrêts de travail de 10 minutes par roulement.
Au Parc d’artillerie, tout le personnel a quitté le travail à 11 heures.
Le personnel hospitalier s’est associé au mouvement de grève, tout en assurant les services d’urgence et de soins.
A la Sécurité sociale – dont les bureaux sont fermés le lundi matin – un arrêt de travail d’une demi-heure a été observé en fin de journée, de 18 h. 15 à 18 h. 45.
Le personnel de la Caisse d’allocations familiales s’est également associé au mouvement dans la matinée.
Dans les PTT, seuls les services prioritaires ont été assurés en fin de matinée.
A la Manufacture d’armes de Châtellerault, on a enregistré 88,13 % de grévistes.
Dans l’industrie privée, arrêt de travail à la Société des Fontes et Moules, à la Société chimique de la Gironde, au Chantier Briard, pétition chez Leclanché à Chasseneuil, arrêt de travail total aux Constructions métalliques de Civray.
A l’Association générale des étudiants on a enregistré 90 à 95 % de grévistes. La totalité des étudiants en Lettres et en Sciences et la grande majorité des étudiants en Droit ont quitté les cours à 11 h.
Dans l’enseignement
Dans les écoles primaires, le mouvement a été suivi. Les enfants ont été gardés dans les cours de récréation. Dans les établissements du second degré, la grève a été totale au Lycée et Collège de garçons et très largement suivie dans les autres établissements (plus de 75 % au Lycée de jeunes filles).
Voici d’ailleurs les communiqués que nous avons reçus.
Lycée de garçons. A l’appel des centrales syndicales CGT, CFTC, et CGT-FO, de l’UNEF et de la FEN ;
« Les membres du personnel du Lycée de garçons (administration, personnel administratif, professeurs, surveillants, agents syndiqués et non-syndiqués) et les élèves des classes préparatoires aux grands écoles ;
« Ont respecté, à l’unanimité moins un, la consigne de grève le lundi 1er février à 12 h.
« Ils entendent par là manifester leur volonté qu’à Alger, l’insurrection soit définitivement réduite et que les coupables soient sévèrement châtiés, que tous les responsables de ce mouvement factieux soient démasqués, en métropole comme en Algérie.
« Et ils ajoutent que, si jamais un coup de force avait lieu contre le régime républicain, ils seraient prêts, conformément à la volonté exprimée de toutes les Centrales et Fédérations ci-dessus, à recourir à la grève générale ».
Collège moderne et technique. Le personnel enseignant de tous ordres, administratif et de service du Collège Moderne et Technique de garçons de Poitiers a renouvelé par un arrêt de travail le 1er février 1960 :
- Sa condamnation de l’action délibérée des groupements factieux responsables des évènements d’Algérie ;
- Son attachement à l’application loyale en Algérie du principe d’autodétermination ;
- Sa volonté de maintenir vivant dans la vie nationale, les principes fondamentaux de la démocratie.
Le personnel ajoute que cette grève est un avertissement et qu’à toutes tentatives de coup de force en France, il répondrait par un appel de grève de grève générale.
Fédération nationale de l’Éducation nationale, Syndicat national de l’enseignement supérieur. Texte du message au Président de la République envoyé le 1er février 1960 par le bureau syndical de Poitiers :
Les Français et Françaises soussignés :
Bouleversés par le mouvement qui, en Algérie, s’oppose impunément aux décisions du pouvoir légitime ;
Demandent au Président de la République de défendre l’autorité de l’État en maintenant le principe de l’autodétermination inclus dans la déclaration du 16 septembre et le prient instamment d’en appeler au peuple français pour qu’il manifeste, par une mobilisation civique massive, sa volonté de rester libre de sa propre destinée.
Dans les Préfectures et sous-Préfectures. Les consignes données par les grandes centrales syndicales ont été suivies à la quasi unanimité par les fonctionnaires de la Préfecture et des sous-préfectures de la Vienne, en nette majorité affiliés à « Force Ouvrière ». Un arrêt de travail a été observé à 11 h. 45 et les personnels grévistes, après s’être regroupés, sont sortis ensemble avant de se disperser. Il est à noter que plusieurs fonctionnaires sympathisants de la CFTC ou Autonomes (le syndicat Autonome avait déclaré ne pas participer au mouvement) s’étaient joints à leurs camarades FO.
Cette manifestation s’est déroulée dans le silence et la dignité.
A la Sécurité sociale. Le personnel de la Sécurité sociale ne travaillant pas comme habituellement le lundi matin, a tenu toutefois à s’associer au mouvement général de grève décidé par les trois Confédérations à l’échelon national et de marquer son attachement aux institutions républicaines, par un arrêt de travail de 18 h. 15 à 18 h. 45.
le 03/09/2021 à 15:08
Source : Centre Presse
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