CGT

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Les fonctionnaires en grève ont défilé vers la Préfecture. Ils n’ont pas été reçus, mais ont déposé leur motion.
- Mouvement très suivi dans l’enseignement.
- PTT : variables selon les services et les villes. Pas de gréviste à Montmorillon.
- Enregistrement, hypothèques, contributions : 80 à 100 %

Première image de cette journée de grève de la Fonction publique : hier matin la grande salle de la Maison du peuple était pleine… d’étudiants candidats au certificat de propédeutique de la Faculté des Lettres. Si bien que le premier meeting prévu pour la journée dû se tenir dans une salle du premier étage, bien trop petite pour contenir les assistants et douée d’une acoustique telle que personne ne pouvait entendre ce qui pouvait se dire, devant les fenêtres ouvertes, par les porte-parole des divers syndicats de fonctionnaires Force Ouvrière.

Si nous évoquons la Maison du peuple pleine d’étudiants composants c’est pour souligner le caractère un peu particulier que prit la grève à Poitiers, où les fonctionnaires ressortissants de l’Éducation nationale sont le plus grand nombre. Les enseignants avaient en effet décidé d’assurer tous les services d’examens et des certificats de licence au certificat d’études primaires, des surveillances aux corrections, ces services bloquaient hier dans le département un personnel nombreux. Par ailleurs des garderies avaient été faites dans certaines écoles primaires – si les cantines ne fonctionnaient pas. C’est pourquoi le nombre des grévistes apparents et des grévistes réels ne semblera pas coïncider au cours de cette journée, certains fonctionnaires travaillant tout en étant grévistes.

C’est pourquoi tous les pourcentages avancés restent relatifs.

C’est ce qui s’est produit par exemple chez les hospitaliers, où les deux syndicats FO et CGT annoncent 70 à 80 % de grévistes, alors qu’apparemment tous les services furent pratiquement assurés ; mais c’est que tous - ou presque – sont services d’urgence. Les soins aux malades n’attendent pas.

Des chiffres donnés au meeting FO

Mais revenons au meeting FO. Dans cette petite salle de nombreux délégués des syndicats sont réunis. C’est M. Touranchot qui dirige la réunion. C’est M. Loetgen qui précise les revendications des fonctionnaires et en développe les raisons. Puis, successivement les délégués des syndicats annoncent les résultats constatés :

Enregistrement : 100 % de grévistes ; Hypothèques : 90 %; PTT : variable selon les services, pouvant atteindre 80 à 90 % dans certains, moins dans d’autres ; des débrayages au central téléphonique, en moyenne 65 % ; à la Préfecture, 80 %; dans les services extérieurs des contributions directes : 95 % ; chez les auxiliaires débrayages faibles en raison du statut particulier ; dans les Hôpitaux : 70 à 80 % ; aux Ponts et Chaussées, 90 % ; services du Trésor : comptables, 85 à 90 % ; Trésorerie générale, 12 grévistes sur 60 ; les inspecteurs n’ont pas fait grève. Sur le département 75 à 80 % de grévistes.

M. Veyssières suggère que ceux qui ne s’associeraient pas à la grève effective, ou qui ne pourraient le faire en raison des caractères de leurs fonctions, versent une journée de salaire à la caisse de solidarité. La proposition est approuvée par les présents… qui sont tous grévistes !

M. Touranchot lance un dernier appel à la solidarité qui seule peut amener des résultats et une motion est votée qu’on lira ci-dessous.

La réunion a duré une demi-heure. Une averse orageuse dans la cour de la Maison du peuple attend les délégués.

Un tour dans les administrations

Il est un peu plus d’onze heures. Nous avons le temps de parcourir quelques administrations en contact direct avec le public. Les Postes d’abord. Le grand hall de la rue des Écossais n’a pas l’affluence des habituelles fins de matinée. Le public est peu nombreux. Si beaucoup de guichets portent l’indication « fermé » - ce qui arrive d’ailleurs d’autres jours, quoiqu’en moins grand nombre – un guichet au moins pour chaque service est ouvert et des postiers s’affairent de l’autre côté. L’affluence est surtout grande du côté des télégrammes et du téléphone (encore l’influence des examens) ; mais l’écoulement du public est normal. Il n’y a pas l’habituelle queue aux guichets des mandats. On a le sentiment que le public a fait lui aussi grève. Nous aurons tout à l’heure la même impression à la Préfecture. Avant de nous y rendre, notons qu’une communication avec préavis de nos bureaux de Paris a été obtenue a midi dans un temps record et que dans l’ensemble le téléphone « marche ».

A la Préfecture, situation assez fluide. Les services sont réduits, mais aucun n’est fermé. Partout on répond aux demandes et comme celles-ci sont moins nombreuses que de coutume, aucune gêne apparente pour le public.

A la Trésorerie générale, les employés sont beaucoup plus nombreux que le public, réduit à 3 « clients ». « Tous les guichets sont ouverts et tous les services fonctionnent » nous dit le fondé de pouvoir.

Même situation à la Perception et à l’Hôtel de ville où, nous dit-on, tous les services sont assurés.

Quant aux services municipaux, on sait que la non participation à la grève avait été décidée à la majorité par le personnel syndiqué : tout le monde est partout à son poste.

Dans le département

Nous recevions en fin de matinée la situation à Châtellerault, elle se résumait ainsi : PTT, 90 % de grévistes ; fonctionnaires de la Manufacture, 67 % ; finances, 65 % ; services hospitaliers, 100 %, mais tous les services assurés ; municipaux, 70 % ; contributions, 100 % ; enseignement, 80 %.

A Loudun, 33 postiers sur 55 étaient en grève ; 10 % des fonctionnaires des contributions et aucun ailleurs.

A Montmorillon : au Collège, 16 enseignants sur 18 étaient en grève : au Centre d’apprentissage masculin de la route de Chauvigny, les enseignants ont suivi l’ordre de grève à 100 %. Par contre au Centre d’apprentissage féminin de la rue des Récollets, 25 % étaient en grève. Aux contributions directes de l’avenue du Général de Gaulle, sur 4 employés, 3 étaient en grève. Contributions indirectes, service de contrôle, grève à 100 % et recette centrale, 33 % de grévistes.

Dans les services de la perception tout le personnel était en grève. Par contre dans les services des PTT, aucun gréviste ne s’est manifesté, les distributions et tous les services ont fonctionné normalement.