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Voici le texte de la lettre que la section d’Ingrandes vient d’adresser à M. Pasquier, sous-préfet ; MM. Masteau et Bouloux, sénateurs ; M. Bouchet, député ; M. Abelin, maire de Châtellerault et qu’elle nous communique :

Monsieur,

« Nous avons l’honneur de vous remettre sous ce pli un document établi par le Bureau national de notre organisation et qui est destiné à préciser et à justifier les revendications formulées par notre dernière Commission exécutive nationale ;

« Il ne fait aucun doute que le personnel est de plus en plus sensibilisé par l’incompréhension qui, sur le plan national, semble être la règle lorsqu’il s’agit de se préoccuper de son sort.

« L’absence de relèvement des salaires ou l’insuffisance du relèvement face à l’augmentation du coût de la vie, le maintien à un taux constant depuis 6 ans de la prime de panier, le refus de l’affiliation à une Caisse complémentaire de chômage (ASSEDIC) sont en particulier, les éléments les plus sérieux du mécontentement qui se fait jour depuis plusieurs mois.

« Nous nous permettons d’attirer votre attention sur les incidences de la politique de salaires suivie en ce qui concerne la main-d’œuvre locale.

« Les salaires payés il y a quelques années permettaient (même avec un horaire limité de 40 heures hebdomadaires) d’assurer au personnel une rémunération mensuelle sensiblement égale à ce qu’il percevait alors dans l’industrie privée.

« Ceci permit, lors de certaines fermetures d’usines telles que celles des Ets Rocher, de fixer le personnel licencié sur place et en particulier les professionnels, bien que ceux-ci aient dû souvent accepter des emplois différents de leur spécialité.

« Une partie de ce personnel, las d’attendre des implantations d’usines nouvelles (malgré les espoirs qui lui sont donnés) et insatisfait des salaires qui lui sont payés sur la Base (la dégradation depuis 5 ans est de l’ordre de 20 %) envisage de quitter, non seulement la Base, mais la région. Cet exode a d’ailleurs déjà commencé.

« Ceci démontre que cette politique de salaires risque, non seulement de pénaliser la Base américaine qui perdrait une bonne partie de son personnel qualifié en cas d’implantations nouvelles, mais également la région châtelleraudaise dont une partie des éléments intéressants risquerait de s’expatrier.

« Nous nous permettons, sur ce point, de signaler tout particulièrement à votre attention la partie du document joint que nous avons soulignée et qui démontre, si besoin était, l’absence absolue de justification de la dernière décision prise, laquelle, dans les chiffres, porte de 9 à 18 et 20 % l’abattement sur Paris.

« Convaincus de votre attachement à notre région et à son développement, nous avons cru devoir vous communiquer ce document, certains que nos intérêts méritent d’être défendus autant dans l’intérêt général que dans le nôtre personnellement.

« Espérant être honorés de votre avis sur ce problème qui préoccupe un millier et plus de salariés de notre région.

« Nous vous prions de croire... ».