0495314/12/1960POITIERS
La journée nationale de revendications - qui se manifeste par une grève de 8 h. à 9 h. - lancée par les différents syndicats de l’Enseignement, paraît avoir été suivie dans une assez large proportion, si l’on en juge par les chiffres qui nous ont été communiqués hier soir par les responsables. Ces chiffres, d’ailleurs, ne concernent que les établissements du second degré de Poitiers.
Lycée moderne et technique de garçons : 95 %; lycée classique de garçons : 70 % ; lycée moderne et technique de jeunes filles : 78 % ; lycée de jeunes filles : 65 %; centre d’apprentissage : 100 %.
Par ailleurs, les renseignements que nous avons pu obtenir laissent apparaître que le mouvement de grève ait été suivi par 90 % environ des instituteurs (enseignement primaire).
Une conférence de presse
A 18 h., à la Maison du peuple, une conférence de presse réunissait les différents responsables des syndicats d’enseignants, ainsi que des représentants de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, de l’AG des étudiants et des syndicats CFTC et CGT.
M. Leroy, secrétaire de la FEN, prenait le premier la parole pour rappeler le but de cette action d’hier. Il signala qu’en dehors de la grève d’une heure, les professeurs avaient envoyé au ministre toutes les copies de leurs élèves faites au cours de la journée.
« Cette action, dit-il, a pour but une revalorisation des traitements et un budget de l’Éducation nationale décent. Nous sommes venus à la grève contraints et forcés après une action syndicale normale ».
M. Leroy rappelle cette action syndicale et les différentes promesses faites par le Gouvernement depuis quatre ans et poursuit : « Si le 15 janvier 1961, nous n’avons pas de résultat, nous sommes prêts à entamer une action plus dure et nous déclencherons des grèves tournantes par Académie ».
L’orateur précise que le budget de l’Éducation nationale sera inférieur à 150 milliards à ce qu’il devrait être et 20 milliards devront être encore enlevés pour l’enseignement privé.
« La situation enseignante, poursuit M. Leroy, est désertée en raison des traitements trop bas. C’est l’avenir de la jeunesse et de la Nation qui sont en jeu, c’est la raison de notre grève d’aujourd’hui ».
M. Girard lui succède au nom du SGEN et déplore lui aussi, en citant des chiffres, le manque de maîtres et l’insuffisance des Écoles normales.
Puis M. Beillereau, président de l’AG, vient apporter l’appui des étudiants et souligner l’inquiétude de ceux-ci devant le manque de professeurs et de locaux.
M. Jacqueson lui succède au nom de la Recherche scientifique et déclare : « A diplôme égal, on trouve des traitements deux ou trois fois plus élevés dans le privé que dans l’enseignement. Et le fait d’économiser sur les traitements des chercheurs empêche le recrutement des chercheurs, donc le matériel mis à leur disposition est gaspillé. La France est menacée de ne plus être « dans la course » de la recherche ».
C’est suite M. Rouger qui parle au nom des professeurs d’éducation physique et qui cite des chiffres sur l’équipement sportif dans le département, équipement nettement insuffisant ainsi que les crédits qui sont affectés au sport.
« 34 professeurs et maîtres d’E.P. enseignent dans le secondaire et le technique, dit-il. Il en faudrait 20 de plus pour assurer les heures d’éducation physique obligatoires prévues par les règlements.
« En l’absence de ce personnel et compte tenu de la spécificité des installations existantes, il serait nécessaire de disposer de 90 heures supplémentaires ; 49 seulement sont accordées sur le plan départemental.
« En l’absence d’installations sportives à l’intérieur des établissements il serait indispensable de transporter les élèves sur les lieux de plein air (par ex. à Poitiers, au stade municipal). Le Service départemental de la Jeunesse et Sports dispose de 1.200 NF. Il en faudrait 6.000.
« Pour le petit matériel, un crédit départemental (annuel) de 7.000 NF est accordé. C’est le triple ou le quadruple qu’il faudrait.
« Sur le plan de Poitiers, pour assurer l’E.P. scolaire, il serait nécessaire de disposer d’urgence en plus des installations et du matériel existants de 5 gymnases (salle de travail, gymnase préfabriqué) ; de 4.000 NF de crédits de déplacements ; de 30.000 NF de petit matériel.
« Il serait urgent enfin de bâtir un CRP qui accueillerait les enfants déficients qui ont besoin d’une gymnastique spécialisée ».
Notons que plusieurs motions ont été signées par les instituteurs et professeurs et adressées au Ministère.
le 16/10/2021 à 18:18
Source : Centre Presse
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