0500315/03/1961POITIERS
La grève de la fonction publique, qui dans toute la France se déroulait mardi, a été différemment suivie dans les diverses administrations de Poitiers et dans l’ensemble du département. C’est évidemment la grève des postiers qui fut la plus sensible aux Poitevins comme aux Châtelleraudais, en effet il n’y eut pas de distribution de courrier mardi. Mais ce mouvement affecta également les services municipaux, les hôpitaux, les administrations des Finances et les Ponts et Chaussées.
A Poitiers, la grève fut suivie dans les P et T dans d’importantes proportions, c’est ainsi que 95 % des préposés n’ont pas travaillé, au tri-gare 62 % du personnel avait cessé le travail, aux télécommunications 65 %, au service des lignes 78 %. A la recette principale, deux guichets seulement étaient ouverts, le nombre des employés étant extrêmement réduit.
Tous les bureaux de l’Hôtel de ville ont été touchés par les mouvements de grève, on estimait à 90 % le nombre des employés municipaux qui ont arrêté le travail, à l’état civil toutefois une permanence était assurée.
Dans les services des Finances, la grève a été suivie dans les proportions suivantes : Trésorerie générale 20 %, Enregistrement, 75 %, Contributions indirectes, 50 %, Contributions directes 50 %.
A la Préfecture tout le personnel a travaillé normalement.
Dans les services hospitaliers, le mouvement de grève a été suivi par 80 % du personnel environ, mais les services de sécurité et les soins aux malades étaient assurés normalement.
Ce mouvement de grève n’a pratiquement pas affecté pour notre département tout moins, le téléphone. Les communications ont pu être normalement échangées, cependant des perturbations ont été enregistrées dans les communications à longue distance.
Dans les établissements scolaires la grève des agents a retardé les repas des internes.
A la maison du peuple
A 9 h. 30, mardi matin, environ 500 grévistes ont tenu un meeting à la Maison du peuple à Poitiers. Au cours de cette réunion à laquelle assistaient les représentants de toutes tendances syndicales, plusieurs orateurs ont pris la parole pour faire le point de la situation de la Fonction publique et définir leurs positions. Ce meeting était présidé par M. Vias.
Ont pris successivement la parole MM. Courtois (contributions indirectes CGT), Hubert (contributions indirectes CFTC), Decarpentrie (P et T CGT), Bassart (P et T CFTC), Sapin (hospitaliers FO), Remigreau (hospitaliers CGT) et M. Proust (syndicat Autonome).
A l’issue de cette réunion la résolution suivante a été votée.
A Poitiers-Biard, à la station météo, la grève a été suivie à 100 %, le personnel ayant cessé le travail.
Une résolution
Les agents de la Fonction publique et assimilés en activité et en retraite du département de la Vienne réunis le mardi 14 mars 1961,
Protestent contre l’avilissement moral et matériel de la Fonction publique.
Contre le reniement des promesses gouvernementales toujours renouvelées mais jamais tenues.
Contre le nivellement de la Fonction publique vers le bas de l’échelle.
Réclament l’élaboration rapide d’un plan général de remise en ordre des rémunérations conforme aux contre-propositions des organisations syndicales.
Le dégagement immédiat des crédits nécessaires à assurer :
a) La revalorisation des traitements et retraites avec une rémunération au moins égale à 500 NF par mois.
b) L’application et l’élargissement des mesures prévues en faveur des auxiliaires et des catégories C et D mais dont les échéances restent fixées en 1962 et 1964.
c) L’octroi aux jeunes et aux débutants, de moyens d’existence en rapport avec le coût de la vie et de leurs responsabilités.
Demandent la fixation des rémunérations et retraites décentes par :
- la détermination des traitements sans réduction indiciaire avec intégration totale des indemnités dégressives dans le traitement soumis à retenue au point 100.
- la titularisation des auxiliaires.
- la majoration du supplément familial.
- la suppression des zones de salaires.
- l’intégration de l’indemnité de résidence dans le traitement soumis à retenue.
- la suppression de l’abattement du 1/6 pour le décompte des annuités.
Affirment leur détermination inébranlable de lutter pour l’aboutissement de leurs légitimes revendications.
Regrettent enfin les pressions exercées sur certaines catégories de personnel en vue d’empêcher l’exercice d’un droit cependant inscrit dans la Constitution.
Fédération générale des Fédérations de fonctionnaires CGT-FO.
Fédération générale des fonctionnaires CFTC.
Union générale des Fédérations de fonctionnaires CGT
Syndicat Autonome cadres et employés des Contributions directes.
Syndicat Autonome du Cadastre.
Fédérations des services publics et de Santé CGT et CGT-FO.
Fédérations des Travailleurs des P et T CGT et CFTC.
le 28/10/2021 à 18:18
Source : Centre Presse
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org