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Mes bien chers frères,

« La grève des usines « Leclanché » s’est transformée, vendredi, en arrêt de travail illimité. L’évènement est trop grave, dans sa signification et ses conséquences, pour que nous ne puissions, les uns et les autres, le traiter à la légère. Quiconque à le sens de la justice et de la solidarité : Tout vrai chrétien doit réfléchir sur son jugement et son comportement à la lumière de sa foi et de ses exigences de la doctrine sociale de l’Église, si souvent rappelée par le Souverain pontife et les évêques :

« Première exigence de notre foi : La compréhension vis-à-vis de ceux qui ont pris la responsabilité de la grève. Il ne m’appartient pas d’analyser les raisons qui ont dicté leur attitude. Je suis certain que la grève n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait eu une grosse somme de souffrances accumulées. Le chrétien doit toujours être attentif à la souffrance des autres.

Devoir aussi de solidarité humaine et chrétienne. Si la grève devait se prolonger, par suite de l’impossibilité de trouver un accord, aux souffrances passées s’en ajouteraient d’autres et nombre de familles seraient dans une véritable détresse. Le devoir de solidarité conduit à celui de l’entraide.

« Devoir urgent enfin, pour tous ceux qui participent aux responsabilités de l’usine, à quelque échelon que ce soit, d’aborder le problème avec courage et le désir de trouver une solution qui réponde aux exigences de la justice et du bien commun.

« Tous ceux qui sont engagés dans cette action, cadres, ouvriers et ouvrières ont besoin de lucidité, de force, afin qu’elle se déroule dans la dignité et le respect des personnes malgré les oppositions.

« Nous prierons à leurs intentions le Seigneur, source de toute lumière et de tout bien.

Henri Vion
Évêque de Poitiers.