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Hier, à 17 h. 30, répondant à l’appel des syndicats CGT, CFTC et FO, l’ensemble du personnel de la Manufacture nationale a débrayé pour participer à une manifestation de protestation contre tous projets de liquidation sous quelque forme que ce soit de l’établissement.

A la porte ouest de la Manufacture un long cortège se forma qui, précédé d’une banderole portant l’inscription : « Nous défendons la Manufacture », suivit la rue de Châteauneuf, traversa la Vienne au pont Henri-IV, remonta les avenues Roosevelt et Wilson pour aboutir au boulevard de Blossac et s’arrêter enfin devant l’Hôtel de ville.

C’est en présence d’une foule attentive que les responsables des syndicats, M. Paulet pour FO, M. Autexier pour la CFTC, M. Augras pour la CGT ont évoqué la longue lutte menée pour le maintien de la Manufacture menacée à l’occasion de chaque préparation du budget national depuis 1953.

Les divers orateurs ont affirmé que sous la V^e République, il semble que l’action des parlementaires et des élus en général, soit nulle auprès du gouvernement et que c’est aux travailleurs qu’il appartient de mener une action énergique pour défendre leurs propres intérêts et ceux de la collectivité nationale.

M. Paulet a rappelé que le 30 septembre dernier la municipalité s’est déclarée prête à s’opposer à toute cession de la Manufacture ou de quelque partie de l’établissement.

M. Paulet souhaite la création d’un « Comité de défense de la Manufacture ». Il estime qu’il faut mener une action rapide et persévérante, mais que les travailleurs doivent garder leur sang-froid car rien n’est encore perdu.

M. Autexier a parlé en particulier de l’entrevue avec le directeur de la DEFA et a insisté sur les raisons qui militent en faveur du maintien de la manufacture et des intérêts et droits de son personnel.

De même que M. Augras il s’est élevé contre toute action tendant à faire passer, de quelque façon et sous quelque prétexte que ce soit, la manufacture de Châtellerault et les établissements d’État en général dans le secteur privé.

Le texte de la résolution

Pour préciser la position des syndicats et de leurs adhérents, nous ne pouvons faire mieux que de publier le texte de la résolution qui a été remise, par une délégation, d’une part à M. Tardif, adjoint représentant M. Abelin, absent ; d’autre part, M. Brennas, secrétaire général de la préfecture de la Vienne, représentant le Préfet empêché et qui s’était excusé de ne pouvoir venir à Châtellerault.

Voici donc le texte de cette résolution :

« Les syndicats CGT, CFTC et CGT-FO de la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault, ayant été informés officiellement le 16 octobre 1961 par le directeur général de la direction des études et fabrications d’armement :
- que la MAC allait disparaître en tant qu’établissement de la DEFA pour être morcelée en différents secteurs public et privé ;
- que la vente de l’annexe de la Brelandière à une société privée était imminente ;
- Élèvent une véhémente protestation contre ces décisions, étant entendu que la Manufacture possède un plan de charge pour plusieurs années ;
- Se refusent d’accepter la politique qui, sous couvert de reconversion, tend à liquider le potentiel national au profit exclusif des trusts capitalistes ;
- Demandent que toutes les études et fabrications d’armement soient confiées par priorité aux Établissements d’État et de la Défense Nationale.

Se déclarent prêts à défendre la Manufacture en son ensemble pour son maintien dans le cadre national, ainsi que le plein emploi des personnels avec le maintien ou l’amélioration de leurs statuts actuels ».

La lecture de cette motion faite par M. Autexier a été approuvée par l’assistance et même applaudie.

Ajoutons enfin que cette manifestation de protestation s’est déroulée dans l’ordre le plus parfait et dans la dignité.

Photo : La manifestation.