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Hier, en fin d’après-midi, s’est tenue, au Théâtre municipal, ainsi que nous l’avions annoncé, une réunion d’information sur les problèmes de la Manufacture organisée par le syndicat CGT. Cette séance fut présidée par M. Camille Gond, qui remercia les personnes présentes, regrettant toutefois qu’en raison de l’importance des menaces qui pèsent sur la Manufacture, l’assistance ne soit pas plus nombreuse.

M. Gond évoqua la fondation de la Manufacture pour l’installation de laquelle la ville de Châtellerault aurait fourni gratuitement le terrain, ce qui montre assez quel intérêt la collectivité locale portait à cette installation.

« En 142 ans, dit-il en substance, de grandes choses ont été faites à la Manufacture de Châtellerault, notamment le fusil Lebel, fabriqué en grande série, puis le fusil russe. La manufacture a ainsi contribué à l’évolution des machines-outils, puis en 1946 on a vu la fabrication des fusils de chasse et des machines à bois, dont la réussite a démontré que la Manufacture était capable de produire pour la consommation civile ».

M. Augras, secrétaire de la section CGT de la Manufacture a rappelé qu’on ne peut accepter la fermeture de l’établissement ni sa cession au secteur privé car il s’agit de défendre à la fois la tradition châtelleraudaise et le statut du personnel.

M. Augras a déclaré notamment que jamais des entreprises privées ne paieraient des salaires comparables à ceux consentis au personnel de l’État et ne garantiraient des avantages comme ceux qui ont été déjà acquis.

M. Perret, secrétaire fédéral de la CGT, venu pour la circonstance, après avoir rappelé les principes et l’action de sa centrale syndicale, a fait un long exposé sur la situation des travailleurs en général et sur la nécessité de s’opposer à la cession des établissements de l’État par un gouvernement cédant à la pression du capitalisme.

M. Perret à fait le point sur les dernières informations, qui ne font que confirmer ce que nous avons déjà dit à la suite de la visite du directeur de la DEFA. Il a précisé que « les pourparlers pour la cession de la Brelandière sont en bonne voie » et que « des études sont en cours pour l’avenir de la Manufacture proprement dite ».

Après avoir repris le problème concernant le statut du personnel de l’État, le plein emploi et la possibilité de produire aussi bien dans les établissements de l’État que dans l’industrie privée, M. Perret a déclaré que la CGT avait décidé de lancer l’idée d’un « comité de défense de la Manufacture » groupant des représentants de toutes les catégories du personnel à quelque syndicat qu’ils appartiennent et même non syndiqués, ainsi que toute personne étrangère à l’activité de la Manufacture, mais désireuse de voir maintenir à Châtellerault l’établissement national.

Enfin, M. Gond a fait adopter le principe de la création de ce comité et donné les noms de quelques membres du personnel qui ont déjà apporté leur adhésion. Puis, en terminant, il a fait adopter diverses résolutions.

On n’aura sans doute pas oublié que la création d’un « Comité de défense de la Manufacture » répond au vœu déjà exprimé par M. Paulet, représentant le syndicat FO de la Manufacture dans une lettre au conseil municipal, puis de nouveau, plus récemment, le 18 octobre, sur les marches de l’Hôtel de ville, à l’occasion de la manifestation dont nous avons rendu compte le 19.

Photo : Une vue de l’assistance pendant la réunion CGT au théâtre municipal