0513928/10/1961CHATELLERAULT
MM. Abelin et Bouchet reçoivent aujourd’hui les délégués syndicaux
A la suite de l’entrevue qu’ils ont eue avec le chef de service chargé au Ministère des Armées des questions de reconversion des établissements de la DEFA, MM. Abelin et Bouchet recevront les délégués des divers syndicats de la Manufacture cet après-midi à 17 h. 30.
Nous croyons savoir d’autre part qu’il serait possible qu’à cette occasion, les ouvriers soient nombreux sur les allées de Blossac, afin de manifester tout l’intérêt qu’ils portent à l’avenir de la Manufacture.
La position de M. Abelin
Nous avons eu déjà l’occasion de présenter dans notre journal la position de M. Pierre Abelin et de la Municipalité de Châtellerault. M. Pierre Abelin devait d’ailleurs la préciser tout récemment.
« Nous estimons que, sur le plan de l’industrie locale il est indispensable que soit maintenue une partie du « secteur public » que représente notre manufacture, dont l’activité depuis 150 ans a été profitable non seulement à Châtellerault, mais à la région…
« Notre Manufacture, qui est le seul établissement national pour une vaste région, est nécessaire à l’équilibre de cette région. Je le répète, il est indispensable que nous conservions une partie de « secteur public » ou tout au moins une entreprise strictement contrôlée par l’État ».
Des réponses de M. Guillon, député et M. J. Masteau
Comme suite aux lettres qu’il avait adressées le 9 et 13 octobre à tous les parlementaires de la Vienne concernant la défense des Établissements nationaux d’armement et l’importante revendication de la suppression de l’abattement du 1/6ème en matière de retraite, le syndicat FO des personnels civils de la Manufacture a reçu de MM. Paul Guillon, député, et Jacques Masteau, sénateur-maire de Poitiers, des réponses dans lesquelles des deux parlementaires indiquent aux délégués syndicaux qu’ils se sont préoccupés de la question et qu’ils demeurent à leur entière disposition.
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Un communiqué sur la Manufacture de M. Bouchet de Châtellerault
M. Ernest Bouchet, conseiller général de la Vienne, donne les précisions suivantes :
« Depuis plusieurs années l’avenir de la Manufacture inquiète le personnel de cet établissement : ouvriers, cadres, employés et, par voie de conséquence, la plupart des Châtelleraudais.
« Il est incontestable que les changements de programmes dans les armements dus aux évolutions rapides des techniques militaires, ont entraîné une diminution très importante du potentiel des établissements de la DEFA et, bien que le plan de charge de la Manufacture soit actuellement très important, il faut prévoir une reconversion.
« L’installation d’un centre de réparation automobile dans les bâtiments de la Brelandière a sans doute permis, depuis trois ou quatre ans, de donner du travail à plusieurs centaines d’ouvriers : techniciens et ouvriers spécialisés, mais on ne peut escompter une longue prolongation de ce service ; ce serait d’ailleurs fâcheux puisque ce sont les évènements d’Algérie qui sont à l’origine de cette création. La paix revenue en Afrique du nord, il n’y aura plus – ou plutôt il y aura moins – de matériels à réparer et la situation sur le plan local ne fera qu’empirer.
« Cette simple constatation doit ouvrir les yeux des Châtelleraudais sur le danger très réel qui nous menace et qui deviendra une catastrophe si nous n’y apportons très rapidement un remède.
« Même avec la création de cet atelier important, je dois souligner que, depuis plusieurs années- et personne n’a protesté – le personnel diminue très sensiblement. Tous les ans une quarantaine d’ouvriers et d’employés prennent leur retraite ; en contrepartie il n’y a guère qu’une dizaine de jeunes ouvriers embauchés. Cette année 80 à 100 ouvriers quitteront la Manufacture et le nombre d’entrées ne sera pas augmenté.
« La solution paresseuse qui consisterait à laisser faire, n’entraînerait évidemment que peu de protestations, puisqu’il n’y aurait bientôt plus de personnel, mais ce serait une erreur impardonnable – au moment même où un très gros effort d’industrialisation est fait dans notre région – que de laisser s’amenuiser ce potentiel humain qui est a base de nos possibilités dans le domaine industriel.
« Il nous faut donc conserver notre Manu, conserver et développer son école d’apprentissage dont l’excellente réputation est largement justifiée et qui doit, dans les années à venir, nous fournir les techniciens, tant dans le secteur privé que dans le secteur public.
« C’est pour défendre la Manufacture, pour soutenir cette thèse, que j’ai demandé audience au chef de service chargé au Ministère des Armées des questions de reconversion des établissements de la DEFA.
« J’ai indiqué à M. Abelin que j’avais pris ce rendez-vous et lui ai demandé d’y venir avec moi, ce qu’il a immédiatement accepté.
« Ensemble, avec le chef de service intéressé, nous avons fait un large tour d’horizon. Nos demandes, nos réclamations ont été entendues, nos désirs – déjà connus – notés et il a été convenu que, samedi après-midi, nous mettrons les délégués des divers syndicats au courant de la situation actuelle.
« Sans aucun doute, nous aurons dans un proche avenir, des difficultés à surmonter, des résistances à vaincre, mais quelles que soient ces difficultés et ces résistances, je veux croire d’abord que Châtellerault ne sortira pas diminué – mais au contraire – de cette sorte d’épreuve, ensuite que le personnel aura en très grande partie satisfaction.
E. Bouchet
le 29/11/2021 à 22:50
Source : Centre Presse
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