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0514030/10/1961CHATELLERAULT

L’AFFAIRE DE LA MANU

M. Pierre Abelin : La Manu est un facteur d’équilibre indispensable à notre région.
M. Bouchet : Il faut éviter que la Manu meure par extinction et savoir où l’on va.

Ainsi que « Centre Presse » l’avait annoncé, une très importante réunion a eu lieu samedi après-midi à l’Hôtel de ville de Châtellerault au cours de laquelle MM. Abelin, maire, ancien ministre, et Bouchet, député, firent part aux délégations syndicales de la manufacture des démarches entreprises pour sauvegarder cette dernière, et des entretiens qu’ils ont eus dans la semaine avec le chef de service chargé au ministère des armées des questions de la reconversion des Établissements de la DEFA.

Un incident

Cette réunion se déroula avec toute la courtoisie désirable et tout semblait devoir se passer dans le calme, bien qu’environ 1.000 personnes aient pris place dans le péristyle et devant l’Hôtel de ville pour manifester, par leur simple présence, l’intérêt que porte à l’avenir de la Manu ses employés et leurs familles.

A la sortie de la réunion qui s’est déroulée au premier étage dans la salle des mariages, deux délégués CGT ayant fait une déclaration à la foule, le délégué FO voulut prendre la parole mais les cris de la foule massée au bas du grand escalier l’en empêchèrent.

C’est alors que M. Bouchet, député, descendit du 1er étage. Voyant la foule vociférante et massée au coude à coude, le député dans l’impossibilité de passer, voulut rebrousser chemin. Un petit groupe de manifestants le rejoignait et le faisait redescendre bon gré, mal gré, quelques marches, tandis que quelques cris s’élevaient.

Le député Châtelleraudais à la demande des délégués syndicaux donnait quelques renseignements à l’assistance affirmant notamment « que rien n’était encore fait » quant à l’avenir de la Manufacture.

Puis avoir avoir répondu à d’autres questions, M. Bouchet, put regagner son domicile, les manifestants lui laissant le passage.

La réunion

Auparavant s’était tenue l’importante réunion que l’on sait. M. Abelin avait à ses côtés M. Bouchet, député, MM. Laire, Boucher, Coubrat, Tardiff, Brisorgueil, adjoints et M. Grimal, conseiller municipal.

Parmi la délégation de la manufacture, nous notions la présence de MM. Niort, Guerry, Pain, Gond, Roux, Leday, Robert, ainsi que les secrétaires des syndicats FO, CFTC et CGT.

M. Abelin prenait le premier la parole et précisait la position de la municipalité. « Nous défendrons la manufacture. Nous voulons lui conserver le secteur public. Elle est un facteur d’équilibre indispensable à notre région ».

Puis après avoir souligné l’intérêt social et humain que présentait ce problème pour la municipalité et le fait que celle-ci n’avait pas l’intention de se substituer aux associations confédérées des travailleurs pour assurer l’avenir de la Manufacture de Châtellerault, le maire rendait compte de la visite qu’il fit la semaine passée en compagnie de M. Bouchet à un haut fonctionnaire des forces armées.

Il apprit ainsi qu’était envisagé que les fabrications d’armes classiques se fassent à St-Étienne dans un but de concentration. A Châtellerault seraient confiée la fabrication d’armes inter-terre. Cette fabrication serait régie par une société dont 48 % des parts sont d’État et 51 % à une société nationalisée. C’est cette société qui s’installerait à la Brelandière. Les techniciens d’après les renseignements obtenus par M. Abelin y conserveraient leur statut et les salaires seraient autant, sinon plus élevés.

« D’autre part, si cette société nationalisée s’installait à Brelandière, elle fabriquerait un matériel assez complexe et emploierait un très grand nombre d’ouvriers. Ainsi il n’y aurait aucun m’(?)te pour la main-d’œuvre, précisait encore M. Abelin.

M. Bouchet

Après avoir expliqué pourquoi il avait demandé à M. Abelin de l’accompagner au ministère des Armées, estimant que « quelquefois 1 + 1, cela fait un peu plus de 2 », M. Bouchet disait qu’il était sorti de cet entretien convaincu que l’intérêt de Châtellerault et de l’ensemble des ouvriers seraient sauvegardés. Il donnait quelques chiffres soulignant que l’implantation de la société dont nous parlons par ailleurs permettrait l’emploi de 200 ouvriers au départ, chiffre qui passerait rapidement à 700 et à 1.000 plus tard.

Un dialogue devait suivre, où, tour à tour, les délégués syndicaux prirent la parole.

Amené à préciser à nouveau ce qu’avait fait la municipalité depuis le 18 octobre, M. Abelin déclarait :

« Nous n’avons pu joindre M. Messmer, ministre des Armées, qui part aux États-Unis. Nous avons rencontré M. Ravaud qui nous a dit qu’une décision avait été prise pour la centralisation de l’armement léger.

Pour Châtellerault, il est envisagé une reconversion partielle. Nous sommes d’accord que l’on ferait mieux de ne pas toucher à ce qui est en place. Mais il fait éviter que la « Manu » meurt en extinction. Il vaut mieux voir clair et savoir où l’on va.

A ce sujet, M. Bouchet précisait « Il faut éviter de mourir à petit feu, aussi il serait même peut-être dommage de laisser échapper ce qui s’offre ».

Pour résumer la position de l’ensemble des syndicats, nous pouvons dire qu’au cours du dialogue engagé, que ceux-ci n’avaient aucune confiance dans les nouvelles conditions de travail que leur apporterait une société d’État qui ne soit pas dans le cadre de la DEFA et qu’ils étaient décidés à mettre tout en œuvre pour conserver à la Manufacture de Châtellerault son caractère actuel ainsi que les statuts de ses employés.

 

 

le 06/12/2021 à 12:25

Source : Centre Presse

restructuration, fermeture, pouvoirs publics, manifestation

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