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0050911/04/1907POITIERS

LE REPOS HEBDOMADAIRE - RÉUNION PATRONALE

Une centaine de commerçants se sont réunis, hier soir à l'Hôtel de ville (salle des séances du Conseil municipal), pour discuter de la décision à prendre « afin de réagir contre les résultats désastreux de la loi sur le repos hebdomadaire ».

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M. Mathias prend le premier la parole et prononce une courte allocution dont voici les termes essentiels :

Nous tenons à déclarer que, tous, nous reconnaissons juste et équitable le principe de la loi sur le repos hebdomadaire. Nous désirons que son application soit modifiée.

Dans une ville comme celle que nous habitons nous sommes obligés de compter sur une clientèle rurale.

Les petits propriétaires, les fermiers, les journaliers de la campagne ne peuvent venir à la ville que le dimanche, jour de leur repos.

Après un essai loyal de plus de six mois, tous, nous reconnaissons que cette clientèle nous abandonne petit à petit et le dimanche, si animé autrefois, se trouve transformé en dimanche anglais.

Cet état de chose touche toutes les branches du commerce et de la petite industrie.

Les petits magasins, les petits industriels, les hôtels, les restaurants, les cafés, ne pouvant faire face aux charges toujours nouvelles qui leur sont imposées, seront obligés, en majeur partie, de fermer leurs portes. Les propriétaires ne recevant plus de loyers rémunérateurs, ne feront plus exécuter de travaux.

Cette situation est d'autant plus dangereuse que nombre de villes environnantes (Niort, Châtellerault, Loudun et d'autres encore), ayant pu obtenir des dérogations ouvrent leurs magasins le dimanche.

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Aujourd'hui nous devons faire tous nos efforts pour obtenir des pouvoirs publics de nous accorder ce qu'ils n'ont pas refusé à d'autres villes.

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Nous devons, sous peine de voir le commerce de Poitiers végéter de plus en plus, obtenir les dérogations nécessaires pour que les magasins puissent ouvrir le dimanche afin de permettre à leur clientèle de trouver, comme par le passé, la facilité de s'approvisionner.

Nous engageant à l'avance à nous entendre respectivement avec notre personnel pour lui accorder un repos par roulement propre à lui donner toute satisfaction.

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(...) il est temps que les pouvoirs publics sentent que nous sommes quelque chose, que nous pouvons quelque chose. On a entendu les ouvriers, on a entendu les employés, pourquoi ? Parce qu'ils sont groupés. Groupons-nous, serrons nos rangs et il faudra bien qu'on nous entende.

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Je (Mathias) maintiens ma proposition de nommer une délégation qui irait porter à M. le Préfet l'ordre du jour suivant :

Les commerçants détaillants de la ville de Poitiers, réunis à l'Hôtel de ville le mardi 9 avril 1907 ;

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Prient M. le Préfet de la Vienne de bien vouloir accorder aux commerçants de Poitiers ces mêmes dérogations (que celles de « nombre de villes environnantes ayant obtenu des dérogations, leurs magasins restent ouverts le dimanche »)

S'engagent au reste à établir un roulement qui, tout en sauvegardant ses intérêts, donnera toute satisfaction au personnel ouvriers et employés.

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L'ordre du jour Mathias, mis aux voix, est adopté à l'unanimité.

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A l'unanimité l'assemblée désigne son bureau pour le représenter auprès de Monsieur le Préfet.

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Enfin messieurs si M. le Préfet ne veut pas nous donner satisfaction, nous laisserons dresser toutes les contraventions qu'on voudra. Qu'est-ce que cela pourra faire, nous ne les paierons pas.

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Monsieur le Préfet a reçu, ce matin, MM. Delépine, Mathias, Masteau et Fonteneau qui lui ont remis l'ordre du jour dont nous avons parlé dans le compte-rendu ci-dessus.

Il a promis à ces messieurs d'examiner leur requête avec la plus grande attention.

 

 

le 15/04/2020 à 18:04

Source : L'Avenir de la Vienne

contrôle, repos hebdomadaire, fermeture du dimanche, patrons, meeting

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