0523913/02/1962POITIERS
Hier soir à 18 h. 30, dans la grande salle de la Maison du peuple, avait lieu un grand meeting d’information qui groupa plus d’un millier de personnes.
Cette manifestation qui se déroula dans l’ordre et le calme, groupait les organisations suivantes : Union départementale CGT, Union départementale CFTC, Section départementale de la Fédération de l’Éducation Nationale, le PC, le PSU, le Parti Socialiste SFIO, le Parti Radical, le Mouvement de la Paix, etc... La présidence du meeting fut confiée à M. Prévost, secrétaire du Mouvement de la Paix, qui le premier prit la parole pour signaler la répression des évènements du 8 février dont il rappela le déroulement. Il déclara notamment : « Des milliers de simples gens manifestaient contre le fascisme et pour la liberté. Vous savez comment ils furent traités. Je vous demande d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes de cette journée ».
La salle, après avoir observé cette minute de silence, écouta ensuite M. Leroy, secrétaire de la Fédération de l’Éducation Nationale. « Contre le fascisme montant, le gouvernement refuse l’appui des démocrates et des Républicains alors que c’est la réaction unanime de ceux-ci qui, le 24 avril 1961, déjoua le putsch et l’entreprise de subversion. On fait preuve de mansuétude vis-à-vis des factieux et les travailleurs et les Républicains ont droit, eux, à un autre régime. On essaie de nous diviser, mais nous le crions, ces tentatives sont inexistantes. Plus que jamais nous sommes déterminés à défendre la République et tous les démocrates, pour cela, sont prêts au sacrifice suprême. Nous réclamons la justice. Les enseignants de France sont aux côtés des travailleurs.
Au nom de la CGT, André Laumont prit la parole à son tour réclamant : « Le châtiment des coupables et l’unité de tous pour barrer la route au fascisme et rétablir la Démocratie. Il demanda qu’aujourd’hui, dans toutes les entreprises, la grève soit totale ».
Louis Girard secrétaire de la CFTC, termina la série des allocutions, réclamant qu’une enquête objective soit ouverte sur les évènements du 8 février et que les responsables soient impitoyablement châtiés. Il conclut : « Nous ne voulons pas la violence, mais seulement vivre en paix dans un monde qui soit le moins injuste possible. Par votre volonté commune, nous montrerons que nous sommes dignes du sacrifice des morts du 8 février ».
A l’issue de ces discours, une résolution fut votée, en voici le texte :
Motion
Les Poitevins, réunis à la Maison du peuple à l’appel des organisations syndicales : CGT, CFTC, FEN ;
Avec l’appui des organisations suivantes : parti communiste français, parti socialiste unifié, parti socialiste SFIO, parti radical, ARAC, ANACR, Fédération nationale des anciens d’Algérie, jeunesses communistes, JSU, les comités anti-fascistes étudiants, Union des femmes françaises, mouvement de la paix.
Expriment leur indignation devant les brutalités odieuses de la police parisienne lors de la manifestation du 8 février, s’inclinent avec émotion devant les 8 victimes, condamnent l’action du Ministre de l’Intérieur et du Préfet de police et demandent leur révocation ; à un moment où l’application d’un accord éventuel entre le GPRA et le gouvernement français nécessitera l’appui décisif des forces populaires contre les menées factieuses ; appellent les travailleurs en grève et toute la population à se rassembler, dans une manifestation silencieuse, le mardi 13 février 1962, à 10 h. devant le monument aux Morts (boulevard de Verdun), cette action n’étant qu’une étape dans la lutte contre le fascisme.
le 15/12/2021 à 16:18
Source : Centre Presse
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