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A l’appel des centrales syndicales du département CGT, CFTC, Fédération de l’Éducation Nationale, Syndicat national des Instituteurs, Association générale des étudiants de Poitiers, un meeting était organisé hier soir à 18 h. 30, à la Maison du peuple de Poitiers. Cette manifestation qui groupait une centaine de personnes avait pour but de manifester la satisfaction des participants à la suite des accords d’Évian et leur volonté de voir s’établir une paix effective.

A la tribune avaient pris place Bibault, secrétaire général du SNI ; Laumont, secrétaire général de la CGT ; Girard, secrétaire général de la CFTC ; Leroy, secrétaire général de la FEN ; Chomel, président de l’AGEP.

Allocution de Bibault

Prenant la parole le premier M. Bibault, secrétaire général du Syndicat national des Instituteurs, donne d’abord lecture des diverses motions qui avaient été votées puis il demanda « aux forces pacifiques de rester vigilantes et de mettre hors d’état de nuire les assassins de l’OAS et de réclamer l’application loyale des accords ».

M. Bibault situe ensuite la position de son syndicat et rappelle ce qu’il écrivit en décembre 1954. « Il fallait, dit-il, trouver des solutions syndicales, laisser aux populations le droit de disposer d’elles-mêmes ». L’angoisse est levée, grâce à la lutte que nous menons depuis sept ans. Cette victoire est la nôtre, il ne faut pas qu’on nous la prenne.

Une minute de silence est ensuite observée à la mémoire de ceux qui sont morts et qui ont souffert.

M. Chomel, président de l’AG

Le président de l’Association générale des Étudiants se félicite de l’accord d’Évian et pense que le retour à la paix va permettre entre étudiants français et étudiants du Maghreb d’approfondir les problèmes qui sont communs : « Nous devons faire une coopération culturelle et technique entre les deux pays. Il faut s’opposer aux provocations de l’OAS. Les étudiants resteront vigilants devant les menaces du fascisme avec l’ensemble des organisations syndicales ».

M. Girard – CFTC

Au nom de la CFTC, M. Girard, secrétaire général, regrette que l’éventail représenté à cette réunion ne soit pas plus large. Il aurait souhaité que ce qui a été réalisé sur le plan syndical, le soit sur le plan politique : « On ne refuse pas de travailler avec ceux qui veulent la même chose que vous ».

M. Girard devait notamment déclarer : « Ce qui a fait la grandeur de la France c’est sa tradition de Liberté et le respect qu’elle a de l’homme. Notre lutte n’est pas finie. Nous n’avons pas à rougir de ce que nous avons fait depuis sept ans. Nous avons maintenu un certain visage de la France ».

M. Laumont – CGT

Parlant au nom de la CGT, le secrétaire général déclare : « La victoire des forces de Paix contre les forces de guerre est acquise, les attardés du colonialisme vaincus. Le Pouvoir fort recule devant la volonté des masses. Il faut mettre les fascistes hors d’état de nuire, constituer des comités antifascistes, exiger l’épuration de l’armée, de la police. Contre les attaques de l’OAS, nous utiliserons s’il le faut, l’arme de la grève générale ».

Leroy de la FEN

Le secrétaire général de la Fédération de l’Éducation Nationale regrette qu’il n’y ait eu qu’une centaine de participants à ce meeting : « Ne vous croyez pas démobilisés, rien n’est encore réglé, le danger fasciste continue. Il faut rester unis et vigilants ».

Une motion

A la suite de cette dernière allocution la motion ci-après fut votée :

Les participants au meeting réunis le 21 mars à la Maison du peuple, à l’appel des organisations suivantes : CGT, CFTC, FEN, SNI, AGEP.

- Se félicitent de l’heureux aboutissement des négociations d’Évian et de la décision du cessez-le-feu en Algérie, qui ouvre la voie à la Paix.

- Considérant que ce succès est dû pour une part importante à la pression des masses populaires, qui ont mené une action continue pour la négociation avec le GPRA.

- Demandent aux travailleurs et à la population de demeurer vigilants et de se tenir prêt à une riposte immédiate contre toute action de l’OAS en vue de saboter les accords.

- Exigent que des mesures d’exception soient prises d’urgence contre les assassins de l’OAS et ceux qui les soutiennent.

Photo du meeting