0052224/05/1907POITIERS
Tramways de Poitiers - Communiqué de la Bourse du Travail
La Bourse du Travail de Poitiers nous communique la note suivante que nous publions à titre de simple document :
A la population.
Après avoir fonctionné très irrégulièrement ces derniers mois, pendant près de quinze jours le service des tramways a été complètement arrêté, cela au grand détriment de toute la population.
Il ne nous a pas convenu de répondre, dès les premiers jours, aux insinuations malveillantes et malhonnêtes précieusement enregistrées par la presse dans l'intérêt de la Compagnie.
Des misérables ou des inconscients ont propagé dans le public cette ineptie : que l'arrêt des tramways était dû à des actes dits de sabotage provenant des ouvriers.
Comme si notre dignité, celle des travailleurs occupés dans cette administration, ne nous interdisait pas de tels actes.
Une enquête fut annoncée à grand fracas ; les coupables devaient être punis ; les services rapidement rétablis. De l'enquête il n'en est plus question et la population est restée privée de ses moyens de transports. Des travailleurs ont été lâchement diffamés. Nous devons exiger la publication des résultats de l'enquête comme nous devons exiger que les intérêts de la population ne soient pas sacrifiés à la cupidité d'exploiteurs.
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Malgré le grand préjudice causé à toute la population par l'arrêt des tramways, préjudice dû à la seule incurie et à la cupidité de l'administration, le cas de force majeure semble être admis.
Il n'en aurait pas été ainsi dans le cas où les travailleurs, las d'être surmenés pour des salaires de famine, auraient suspendu le travail.
Toutes les forces gouvernementales auraient été liguées contre eux.
Et c'est par des arrestations, des condamnations, que leurs revendications, si justes soient-elles, auraient été accueillies.
Dans l'intérêt de tous nous devons établir les causes de cette situation qui a causé le plus grand préjudice aux commerces et aux travailleurs.
La Compagnie a usé de ses machines comme de son personnel, trop peu nombreux et trop surmené.
Elle pouvait remplacer les travailleurs usés à son service sans qu'il lui en coûte rien mais elle ne pouvait le faire pour son matériel, aussi a-t-elle retardé, tant qu'elle a pu, son remplacement devenu indispensable. De là seulement est venue la vraie cause de la perturbation dans le service.
Nous devons le dire, non pour défendre nos camarades qui ne peuvent être mis en cause mais pour répondre à tous ceux qui se sont faits et se feront, peut être encore demain, les complices, involontaires ou conscients, des calomniateurs de la classe ouvrière.
Et nous disons encore une fois : « A quand la publication de l'enquête ? A quand la justice pour tous ? »
Les syndicats ouvriers de Poitiers réunis le samedi 18 mai dans leur assemblée générale mensuelle.
le 16/04/2020 à 14:32
Source : L'Avenir de la Vienne
syndicat, bourse du travail, transport, protestation
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