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0531316/05/1962POITIERS

GRÈVE DES CHEMINOTS À 95 %

Deux trains seulement sont passés en gare
Aujourd’hui grève aux PTT – Pas ce courrier, pas de colis, perturbations téléphoniques.

Répondant à l’appel de leurs centrales syndicales, les cheminots poitevins ont fait hier une grève de 24 heures, grève qui a été suivie sur l’ensemble du réseau.

La situation à la gare

Le pourcentage de grévistes a atteint la moyenne de 95 %. Il était de 100 % au dépôt, 80 % chez les sédentaires, de 25 % à la 22ème section.

Dans la journée de mardi, deux trains de grandes lignes seulement sont passés en gare. Le Paris-Bordeaux N°1 qui passe à 11 h. 02 et le Bordeaux-Paris N°4 qui passe à 15 h. 05.

A 10 heures, à la Maison du peuple, un meeting s’est tenu. Il réunit près de 140 cheminots, venus entendre divers orateurs qui développèrent dans leurs allocutions le sens et le but de cette grève.

« Cette grève, déclara l’un des orateurs, est celle de l’unité ». Elle réunit l’accord et la participation de la CGT, de la CFTC, de FO et de la FGAAC.

Le meeting

Après la constitution du bureau, la séance fut ouverte. M. Larcher (FO), président de séance, avait à ses côtés, MM. Bouchant (CFTC), Lecoffre (CGT), Merle (FGAAC)et Périllaud (Retraités).

Le premier orateur fut M. Robineau (CGT) qui après avoir rappelé que les revendications et les raisons de cette grève sont les mêmes que celles qui motivèrent les précédents arrêts de travail, souligna le fait que les cheminots français sont les seuls en Europe à appliquer les quarante-huit heures de travail hebdomadaires et ce avec un personnel le moins nombreux au kilomètre de rail. Il indiqua que 118.000 cheminots perçoivent actuellement un salaire n’atteignant pas 450 nouveaux francs et rappela l’échec de la récente réunion de la commission mixte qui motiva cette grève.

M. Boissard (FO) prit ensuite la parole pour, lui aussi, évoquer ce refus de discussion lors de la réunion de la commission mixte. Il lut une lettre émanant du ministère des Transports qui apporte des éclaircissements au sujet de l’ordre du jour n° 64, relatif au droit de grève des gardes-barrières. Ce droit leur était refusé et déjà une grève de protestation a eu lieu. Un assouplissement est désormais apporté et le droit de grève est reconnu dans la mesure où la sécurité routière et SNCF sont régulièrement assurées.

M. Merle (FGAAC) appela, quant à lui, les cheminots à l’unité et se félicita de constater le succès de cette grève.

M. Pineau (CFTC), dernier orateur, développa plus particulièrement ce qu’avait été la réunion de la commission mixte et regretta que la Direction ait refusé le dialogue, ce qui eut pour effet de provoquer la grève totale.

Il demanda le retour aux quarante heures qu’il considère comme applicables dès maintenant (avec un premier palier à quarante-quatre heures) avec les services d’été qui entrent en exploitation à la fin du mois.

Il souhaita que le salaire de base soit porté à 50.000 AF par mois pour l’échelle « 2 » et la disparition de l’échelle « 1 » qui ne groupe que peu de cheminots.

Cette disparition et le passage automatique aux échelons supérieurs des cheminots des échelles 2 et 3, apporterait en particulier dans le régime des pensions, un avantage appréciable.

Il demanda enfin la levée des sanctions prises à l’encontre des cheminots qui avaient reçu un blâme à la suite de récentes grèves.

M. Périllaut prit ensuite la parole au nom des retraités pour remercier ceux du service actif de l’effort fait pour apporter à tous les cheminots une amélioration du niveau de vie.

Une motion

A l’issue de cette séance, la motion suivante a été déposée à la Préfecture de la Vienne :

« Les Cheminots de Poitiers en grève le 15 mai 1962, à l’appel des fédérations CGT, CFTC, FO, FGAAC, FAC, CGC, soulignent la responsabilité du Gouvernement et de la Direction de la SNCF dans ce conflit en rompant arbitrairement les discussions sur les revendications suivantes :
« - augmentation des salaires, retraites et pensions ;
« - retour à la semaine de 40 heures.

« Les Cheminots français ont la plus longue semaine de travail en Europe. Ils sont les seuls du secteur nationalisé à faire 48 heures par semaine.

« Ils constatent l’insuffisance des salaires, les récentes mesures prises ne comblant pas le retard du pouvoir d’achat, ce qui laisse les travailleurs du rail dans un flagrant état d’infériorité par rapport à d’autres employés du secteur privé.

« Ils protestent énergiquement contre les sanctions qui veulent être prises à leur égard, lors de la grève du 25 avril et se déclarent prêts à l’action, contre les sanctions, pour leurs revendications.

« Poitiers, le 15 mais 1962.

« Signé : Lecoffre (CGT), Bouchand (CFTC), Boissard (CGT-FO), Merle (FGAAC), Périllaud (retraités).

 

 

le 28/12/2021 à 11:07

Source : Centre Presse

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