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Privé partiellement de courant électrique dans la journée de mardi, notre département a connu hier une situation analogue par suite du deuxième jour de la grève observée par le personnel du GDF et de l’EDF.

Cette seconde journée de délestage aura d’ailleurs été complète.

Sa devancière n’avait débuté que vers 10 heures, celle d’hier commença à 6 h. 30. Les premières coupures étaient effectuées pour atteindre tout le département dans ses zones non prioritaires.

Le Comité de grève qui fonctionnait depuis la veille, reprit ses fonctions et une réunion d’information s’est tenue à la Maison du peuple à 15 heures. Elle était présidée par M. Deguille. C’est M. Collet qui a fait le point de la situation en présentant un rapport d’activité à l’assistance.

De ce rapport il convient de faire ressortir les points suivants : grève observée à 95 % à Poitiers, 90 % du réseau coupé ; plan Croix-Rouge appliqué intégralement jusqu’à 12 heures.

Au cours de son exposé, Gérard Collet devait donner la liste des points qui ont bénéficié de la distribution de courant : les cliniques de la Providence, de Pont-Achard, des Hospitalières, l’Hôtel-Dieu, la Milèterie, l’hôpital Pasteur et la Faculté de Sciences. Ensuite, pendant deux fois deux heures, la station de pompage de Bellejouanne a été alimentée pour permettre au service des Eaux de rétablir la pression.

Par contre furent coupées les régions suivantes : Chasseneuil, Vouillé, Neuville, La Tricherie.

Enfin tous les postes non prioritaires de Châtellerault, Loudun, Montmorillon ont été délestés au départ sur 15 et 30 KV.

Gérard Collet poursuivant son exposé a donné des nouvelles des départements limitrophes qui laissent apparaître une situation identique ce qui amène l’orateur à conclure ainsi : « La démonstration de notre unité est une preuve de la volonté de tous, elle doit obliger les pouvoirs a ouvrir le dossier « salaires » pour entamer une discussion qui doit aboutir, avant le mois de juillet, à accorder à tous ces 11 % que l’on nous doit depuis des mois ».

A l’issue de cette réunion, le Comité de grève a publié une note à l’adresse des usagers qui fait le point de ces deux journées revendicatives.

Voici le texte de cette note :

Aux usagers du gaz et de l’électricité

Vous venez de subir deux journées difficiles, très difficiles. La responsabilité de cette situation, que nous déplorons, incombe, seule, au pouvoir personnel qui refuse d’autoriser les directions générales d’EDF – GDF à ouvrir suivant les dispositions du statut national du personnel, la discussion sur l’augmentation du salaire national de base dans nos industries.

Nous avons a plusieurs reprises fait connaître notre mécontentement sur plusieurs points et produit les preuves chiffrées de l’insuffisance des salaires dans nos industries en comparaison de l’industrie privée, comme nous l’avait demandé le premier Ministre.

En plus de cette situation nous ne pouvons admettre le non respect des engagements signés par le Gouvernement, les Directions générales et les organisations syndicales en 1960 sur le protocole d’accord fixant un nouveau barème des rémunérations.

Le problème des salaires dans nos industries peut trouver une solution favorable, il suffit d’ouvrir la discussion dans le cadre des textes en vigueur et que le gouvernement n’intervienne que comme arbitre, tel est son rôle.

Or, actuellement, le gouvernement se conduit pour l’ensemble du secteur nationalisé comme un mauvais patron, ne tenant aucunement compte des lois, des décrets et des textes gérant un tel personnel.

Nous déplorons, pour nous faire entendre et respecter, d’être obligés d’avoir recours à des actions de l’envergure de celles que nous devons conduire dans les journées des 19 et 20 juin 1962.

Le Comité de grève de Poitiers EDF -GDF

Poitiers, le 20 juin 1962.