« Retour

0534529/06/1962CHATELLERAULT

RÉFLEXIONS SUR « LE LIVRE BLANC »

Un communiqué du Comité de défense et des Syndicats de la Manufacture

Le Comité de défense et les Syndicats CGT, CFTC et CGT-FO de la Manufacture nous communiquent le texte d’un tract intitulé « Réflexions sur le livre blanc » qui a été diffusé aux membres du personnel de l’établissement.

Un certain nombre de notes de service viennent de paraître organisant le recrutement de personnels de la MAC pour le SFENA. Ce qui montre la volonté déterminée du gouvernement de poursuivre la liquidation entreprise avec le démantèlement de la Brelandière et cela sous l’égide des services de la MAC.

Le Comité de défense et les syndicats de la MAC attirent l’attention du personnel sur quelques points contenus dans le « Livre Blanc ».

A la page 8, paragraphe 2, il est indiqué en ce qui concerne les salaires :

« La SFENA garantira au personnel de la Manufacture, une rémunération au moins égale à celle qu’il percevait au moment de son passage à la SFENA et son classement professionnel ».

Nous attirons l’attention du personnel sur le fait que la promesse faite « d’une rémunération au moins égale à celle qu’il percevait au moment de son passage à la SFENA » ne dépassent pas le cadre de la période d’embauche.

Il est très important de rappeler que les salaires des travailleurs de l’État sont régis par le décret du 22 mai 1951 qui leur assure un salaire national basé sur le salaire moyen de la métallurgie parisienne.

Chacun sait la force que représentent les 100.000 travailleurs de l’État pour exiger ensemble l’augmentation des salaires. C’est cette force, leur lutte permanente qui, chaque année, permet l’augmentation de nos salaires de 5 à 6 %.

Assurer à l’embauche un salaire égal à celui de l’établissement que l’on quitte ne représente aucune assurance pour l’avenir.

Ce salaire pouvant rester stationnaire ou remis en cause sous divers prétextes, notamment par l’augmentation constante du coût de la vie. La possibilité de lutter et la lutte effective pour l’augmentation régulière du salaire est actuellement pour le travailleur et sa famille, sa seule garantie. Aucune garantie de cette sorte n’est indiquée dans le « Livre blanc ».

D’autre part, l’expérience nous a appris qu’il n’y a aucun exemple dans la région, d’usine s’étant décentralisée qui assure en province le salaire qu’elle payait à Paris.

Les ouvrières de Jaeger à Châtellerault gagnent de 185 à 200 fr de l’heure. Mais le salaire des ouvrières de Jaeger à Levallois approche les 300 fr de l’heure, soit un manque à gagner de 100 à 115 fr pour celles de Châtellerault, le système du travail aux pièces risquant même de remettre en cause le salaire horaire précédemment octoyé.

Nous pouvons craindre les mêmes méthodes à la SFENA.

Un autre point nous paraît important, celui de l’ancienneté. Il est indiqué à la page 9, paragraphe 4 que « les primes d’ancienneté sont fixées en pourcentage variant selon le nombre d’années de service et calculés sur la base des minima garantis de la convention collective à laquelle est rattachée la SFENA : 3 % pour 3 années de service, 5 % pour cinq années de service et 1 % par année supplémentaire par année de présence au-delà des cinq années avec un maximum de 15 % ».

La prime d’ancienneté des travailleurs de l’État est calculée à raison de 3 % par échelon avec un maximum de 7 échelons payés ce qui donne une prime d’ancienneté de 21 % au dernier échelon, d’où une perte importante de 6 % pour les ouvriers employés à la SFENA. Cette perte de 6 % sur le salaire annule presque complètement la prime de résultat de 8 % que doit allouer la SFENA semestriellement et dont il est fait mention à la page II, paragraphe 10 du « Livre blanc ».

Si l’on considère d’autre part et d’après les renseignements que nous possédons, que la SFENA à Paris n’emploie qu’un petit nombre d’O.S.2 et de P3, la majorité du personnel étant composé de P1 (groupe V chez les travailleurs de l’État), les différences de salaires pour un P1 (groupe V) sont les suivantes pour la région parisienne :
DEFA-Paris, groupe V (P1), 258,50 + 21 % = 313,10 fr.
SFENA-Paris, P1 (groupe V), 261,00 + 15 % = 300,15 fr,
soit une diminution de salaire de 12,95 fr.

Il faut remarquer encore qu’aucune mention n’est faite dans le « Livre blanc » d’une prime de rendement. Cette prime est à la MAC de 12 % en moyenne pour le travail à l’heure et de 21,5 % pour le travail au devis.

Camarades, la courte analyse du point important que constitue le problème des salaires que nous publions aujourd’hui, sera suivie dans les mêmes formes, dans les jours prochains, d’une analyse sur les autres points également essentiels, à savoir,la sécurité de l’emploi, les retraites, la Sécurité sociale, etc...

Une fois de plus, nous sommes profondément convaincus de la mauvaise opération que constitue pour nous tous, les travailleurs de la MAC, la liquidation d’une partie de notre établissement national.

C’est pourquoi, une nouvelle fois, le Comité de défense et les syndicats demandent la possibilité de discuter avec le gouvernement de leurs propositions tendant à conserver la MAC, établissement de l’État, avec garantie du plein emploi, des statuts et de leur éventuelle amélioration.

 

le 28/12/2021 à 17:59

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

restructuration, comité, analyse, situation

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation