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Pour assurer l’avenir la MAC doit être maintenue

On nous communique :

Ces jours derniers les personnels de la MAC et la population de Châtellerault ont pu, visitant la foire d’automne, se rendre compte des différents travaux exécutés à la Manufacture et à la SFENA dans son usine de Paris.

Quelques constatations s’imposent à l’issue de cette visite.

On ne peut manquer d’être frappé – bien que l’exposition des travaux faits à la MAC soient très schématiques – de l’énorme possibilité que la Manufacture offre de produire des fabrications de toutes natures depuis l’arme blanche d’il y a 150 ans, jusqu’aux travaux effectués depuis quelques années (engin Sol-Sol, Entac, gyroscopes, etc...) en passant par les machines à bois et le fusil de chasse des années ayant suivi la Libération.

Malgré l’absence de certaines autres réalisations modernes d’importances, ce bref aperçu des différentes fabrications qu’a su faite et fait encore la Manufacture prouve, s’il en était encore besoin, qu’elle peut répondre à toutes les demandes d’exécution de travaux même les plus modernes.

Quand le 17 janvier 1962, le chef de cabinet du Ministre des Armées indiquait aux organisations syndicales que « la SFENA représente un genre d’activités tournées vers l’avenir », nous répétons une fois encore que la Manufacture a toujours su s’adapter aux techniques les plus modernes et elle le prouve encore en 1962 avec son personnel qualifié et son parc de plus de 3.000 machines-outils.

Il est certain que les travaux présentés par la SFENA à Châtellerault pourraient parfaitement être effectués par les techniciens et ouvriers de la MAC.

Un autre aspect du problème ne peut manquer d’être souligné, celui de l’emploi.

La volonté délibérée du Gouvernement depuis de nombreuses années de liquider les établissements nationaux dont la Manufacture de Châtellerault, aboutit, sinon à un chômage dans l’immédiat, à une suppression pure et simple de nombreux emplois d’ouvriers spécialisés, de professionnels, de techniciens, d’employés.

La Manufacture qui employait en 1953 environ 2.500 personnes, n’emploie plus aujourd’hui qu’approximativement 1.600 personnes, soit en dix ans une perte d’environ 900 emplois.

L’implantation de la SFENA à Châtellerault ne crée pas d’emplois nouveaux mais va servir, dans l’immédiat, à soustraire de la main-d’œuvre de la MAC.

Et la décision ministérielle n° 32.746 SP/DEFA/PC du 7-9-1962 qui stipule que les ouvriers âgés d’au moins 50 ans pourront prendre une retraite immédiate, va accentuer encore cette réduction d’emploi et souligne la volonté gouvernementale de hâter la liquidation de notre établissement.

Soulignons que la MAC qui de 1953 à 1962 a perdu près de 1.000 emplois, aurait pu être le moteur d’une véritable expansion économique permettant aux jeunes de trouver sur place de nombreux débouchés alors que l’implantation de la SFENA, loin de jouer ce rôle, permet en fait l’asphyxie de la MAC sans créer un seul emploi nouveau.

La foire d’automne, en plaçant en vedette les possibilités que semble offrir une industrie aussi importante que l’aéronautique, a essentiellement pour but de montrer à notre population travailleuse et à notre jeunesse qu’elles pourraient être assurées d’un avenir radieux par les promesses offertes.

Or, la liquidation de la Manufacture et de ses 1.600 emplois actuels, aboutit à la réalisation d’un des vœux les plus chers du patronat local, la disparition pure et simple d’une collectivité de travailleurs qui avait su imposer par leurs luttes des salaires et avantages sociaux importants.

C’est pourquoi le Comité de défense et l’ensemble des organisations syndicales de la MAC rappelle que seul le maintien de la MAC établissement de l’État peut assurer la stabilité de l’emploi, l’avenir des jeunes dans des fabrications nouvelles et la possibilité de lutter pour des conditions de vie toujours meilleures, par le maintien de nos statuts et leur amélioration.

Le Comité de défense et les syndicats CGT, CFTC, CGT-FO de la MAC

Châtellerault, le 13 septembre 1962