0542522/02/1963POITIERS
Décommandée après l’interdiction préfectorale
Une contre-manifestation avait groupée hier soir plusieurs centaines de personnes
La section de Poitiers de la Fédération des Étudiants nationalistes avait invité hier soir, pour une conférence à la Maison du peuple, le colonel Roger Trinquier, M. Roland Laudenbach et M. de Castelbajac, journalistes à « L’Esprit public ».
Dans la soirée de mercredi, les organisations suivantes : PCF, PSU, SFIO, VEC, ESU, CGT, CFTC, FEN, SNI, SNES, SNET, SNESUP, SGEN, AGEP, diffusaient un communiqué de protestation contre cette conférence et invitaient les poitevins à manifester, en se regroupant devant la Maison du peuple.
Dans la journée de jeudi, M. Casteran, commissaire central, notifiait aux organisateurs de la réunion, un arrêté de M. Deugnier, préfet de la Vienne, interdisant la tenue de cette réunion.
L’arrêté d’interdiction
C’est en vertu d’une loi du 30 juin 1881 sur les réunions publiques, modifiée par les lois du 9 décembre 1905, 2 janvier 1907 et 28 mars 1907, d’un décret-loi du 23 octobre 1935 portant réglementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l’ordre public, d’un décret du 22 mai 1957 portant codification des textes législatifs concernant l’Administration communale et notamment les articles 76, 97 et 107, que cette réunion a été interdite.
Voici d’ailleurs le texte de l’arrêté :
« Considérant que les réunions organisées ce jour dans les communes dépendant de la circonscription de police de Poitiers et les contre-manifestations projetées sont de nature à troubler l’ordre public, vu l’urgence,
Arrête : les réunions organisées le 21 février 1963 à la Maison du peuple de Poitiers par la Fédération des Étudiants Nationalistes et toutes manifestations qui pourraient en être le prolongement, susceptibles de se dérouler ou d’être organisées dans les communes dépendant de la circonscription de police de Poitiers sont et demeurent interdites ».
Un communiqué des organisateurs
Les organisateurs de cette conférence nous faisaient parvenir dans le courant de l’après-midi le communiqué ci-après :
« La section de Poitiers de la Fédération des Étudiants Nationalistes s’étonne de l’interdiction prise à l’encontre de la conférence qu’elle avait organisée le jeudi 21 février à la Maison du peuple avec la participation de M. B. De Castelbajac, de M. Roland Laudenbach, journalistes à « L’esprit Public » et du colonel Roger Trinquier.
« Elle dénonce une fois de plus les atteintes continuelles à la liberté d’expression par le chantage à la violence des organisations signataires du tract appelant à la contre-manifestation.
« Elle prie les nombreux Poitevins qui avaient l’intention d’assister à cette conférence, de bien vouloir l’excuser ».
Plusieurs centaines de contre-manifestants
Peu avant 20 h. 30, plusieurs centaines de contre-manifestants, auxquelles s’étaient jointes des délégations de Châtellerault, répondant à l’appel lancé par différentes organisations, se retrouvaient rue Jean-Jaurès et non devant la Maison du peuple, comme il avait été prévu. En effet, un service d’ordre dirigé par M. Casteran, commissaire central, avait interdit l’accès de la rue Arsène-Orillard, des deux côtés.
Les contre-manifestants furent invités par le commissaire central à garder tout leur calme et leur sang-froid et à se disperser.
Avant que n’intervienne cette dispersion, le vice-président de l’Association des Étudiants s’adressa à la foule pour se féliciter du succès remporté et d’avoir pu interdire cette conférence.
Pendant quelques instants on scanda : « Le fascisme ne passera pas », puis la dislocation des contre-manifestants intervint, sans autre incident, si ce n’est trois étudiants qui n’étaient pas d’accord et qui le manifestèrent par des cris d’hostilité.
Pris à parti, en quelques secondes, ils étaient dégagés par le service d’ordre qui n’eut pas à intervenir d’autre part.
Une émotion des contre-manifestants
A l’issue de cette manifestation, la motion suivante nous a été remise :
« Les organisations soussignées :
- « Se félicitent de la réplique unie et massive qui, à leur appel, les démocrates ont opposée à la provocation de quelques éléments fascistes.
- « Constatent que de ce que Trinquier n’a pas pu prendre la parole à la Maison du peuple de Poitiers.
- « Estiment qu’elles peuvent donc, à l’avenir, compter à nouveau sur la vigilance de tous les républicains pour réduire à néant l’action des ennemis de la République ».
Parti Communiste Français, Parti Socialiste Unifié, SFIO, Union des Étudiants Communistes, Étudiants Socialistes Unifiés, CGT, CFTC, Fédération de l’Éducation Nationale, Syndicat National des Instituteurs, Syndicat National de l’Enseignement Secondaire, Syndicat National de l’Enseignement Technique, Syndicat National de l’Enseignement Supérieur, Syndicat Général de l’Éducation Nationale, Association Générale des Étudiants de Poitiers, Syndicat National des Chercheurs Scientifiques.
Photo : Le vice-président de l’AGEP s’apprête à grimper sur les épaules d’un camarade pour haranguer les manifestants et les inviter à se disloquer.
le 30/12/2021 à 13:00
Source : Centre Presse
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