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Pas de train hier au départ de Poitiers – Le trafic a été entièrement paralysé.

Pas de train jusqu’à 4 heures ce matin. En effet, répondant à l’ordre de grève lancé par les centrales syndicales CGT, CFTC, CGT-FO, FGAAC, les cheminots ont fait grève, de 4 heures hier à ce matin 4 heures.

Cette grève de 24 heures fut décidée brutalement, à la suite du fait que la réunion de la Commission mixte de la SNCF, prévue pour le jeudi, n’a pu se tenir, la Direction ayant fait savoir aux syndicats qu’elle se trouvait dessaisie par le Comité des Sage, créé par le Gouvernement pour examiner l’ensemble des salaires du secteur nationalisé.

A cette mesure, la réponse fut celle que l’on connaît. A Poitiers, à partir de 4 heures du matin, le trafic cessait et au cours de la journée d’hier, un seul train est passé en gare.

Un meeting

A 10 heures 30, à la Maison du peuple, plusieurs centaines de cheminots devaient tenir un meeting. Au bureau avaient pris place M. Charles qui présidait, Pradeau (FGAAC), Berjonneau (FO), Pineau (CFTC), Polineau (CGT).

Après s’être félicité de l’union totale manifestée et du succès de cette grève, M. Charles donnait la parole à M. Pradeau de la FGAAC, qui fit l’historique de la situation et termina en déclarant que les cheminots étaient décidés à faire aboutir leurs justes revendications. Il insista sur l’élan de solidarité qu’il convient d’avoir avec les mineurs.

Au nom du syndicat FO, M. Berjonneau précisa les revendications présentées : Réduction des heures de travail, 4ème semaine de congés, Revalorisation des traitements.

« Cette grève, dit-il, affirme notre solidarité avec les travailleurs mineurs en même temps qu’elle prévient les ordres de réquisition.

« Ce que nous voulons, c’est obtenir ce que l’on nous promet depuis tant d’années ».

Au nom de la CFTC, M. Pineau, puis au nom de la CGT, M. Robineau, prirent la parole.

Le premier se félicita du succès de cette grève brutale « voulue par le Gouvernement, qui fait traîner ses décisions pour ne pas donner satisfaction aux travailleurs ».

Le second déclarait : « Un esprit combatif doit nous unir contre un Gouvernement répressif. Ce n’est pas nous qui avons voulu cette grève. La Commission des salaires n’a qu’un seul but, repousser plus loin les décisions à prendre. On nous a fait savoir ce matin, par une note non signée, que cette grève était illicite, car le temps à donner pour un arrêt de travail n’a pas été respecté. C’est le Gouvernement qui a rompu et qui a obligé les cheminots à suspendre le trafic ».

Ordre était ensuite donné au personnel de l’exploitation et de la traction, de ne reprendre leur service que sur commande.

Un cortège à la Préfecture

Il fut alors décidé qu’on se rendrait en cortège à la Préfecture de la Vienne. Ce qui fut fait dans le calme. Une motion fut remise par une délégation aux services préfectoraux. On en lira le texte ci-après :

« A l’appel commun des organisations syndicales CGT, CFTC, CGT-FO, FGAAC, les cheminots de Poitiers sont en grève pour 24 heures.

« Ils protestent ainsi contre le refus de discuter de leurs revendications, opposé hier à la Commission mixte du statut, par les représentants du Gouvernement.

« Ils maintiennent leur volonté de discuter librement de leurs problèmes et de voir aboutir leurs justes revendications connues, hélas, depuis longtemps.

« Ils s’engagent à continuer la lutte commune jusqu’à complète satisfaction ».

Une quête pour les mineurs

A l’issue du meeting à la Bourse du Travail, une collecte fut organisée au bénéfice des mineurs en grève depuis 15 jours.

Le montant de cette collecte s’est élevé à la somme de 292,20 fr.

Le trafic

A part les express des grandes lignes qui sont passés, le trafic a été nul. Aucun train de voyageurs ni de marchandises n’est parti hier de Poitiers. Le personnel roulant été en grève à plus de 90 % et le personnel sédentaire à 80 %.

Service postal par voiture

Les services des PTT de la Vienne, qui normalement acheminaient leur courrier par fer, avaient pris hier les dispositions nécessaires pour que le trafic postal soit assuré par voitures et camions, afin qu’il n’y ait aucun retard.