0546021/03/1963POITIERS
Journée d’action sociale, hier, dans tout le département, conformément aux directives données sur le plan national par les centrales syndicales. Cette action sociale doit d’ailleurs se poursuivre aujourd’hui. Hier, il y eut la grève EDF – GDF, un meeting étudiant dans le cadre de la journée nationale du logement, une manifestation des fonctionnaires place de la Préfecture.
Pendant 4 heures hier, de 14 heures à 18 heures, Poitiers et le département ont été privés de courant et de très nombreuses entreprises ont dû cesser leur activité. Mais les cliniques et hôpitaux et tous les services de sécurité ont eu à leur disposition le courant nécessaire, les quartiers dans lesquels ils sont implantés n’ont pas été délestés.
Dès 14 heures, les départs étaient coupés à la station du boulevard du Grand-Cerf en direction de La Tricherie, Vouillé, Migné, la Pile Leclanché, la ceinture ouest de Poitiers, l’ENSMA, la Régie sur le réseau intercommunal, etc.
A Poitiers, aux trolleybus avaient été substitué des autobus, nombre de feux de circulation étaient éteints et les agents devaient assurer la circulation des véhicules.
Pendant quatre heures, cette grève fut effective pour l’ensemble du personnel, exception faite des cadres.
Même situation au Gaz de France où une baisse de pression fut enregistrée. Néanmoins une fuite de gaz s’étant déclarée avenue de la Libération, l’équipe de secours des gaziers s’y rendit pour procéder aux réparations d’urgence.
Un meeting
A 14 heures, à la sous-station du Grand-Cerf, un bref meeting auquel participaient les délégués des différentes centrales syndicales, se tenait ; M. Deguille devait y prendre la parole et redire les motifs de cet arrêt de travail engageant les électriciens et les gaziers à se retrouver pour de nouvelles actions si satisfaction n’était pas donnée.
L’orateur regretta l’absence des cadres qui, dit-il, « ne sont pas pourtant absents du mouvement ».
Les parlementaires et la grève d’EDF - GDF
A l’issue de ce meeting, sous forme de communiqué, le Comité de grève des gaziers et électriciens remettait à la presse le texte des réponses reçues à la lettre qu’ils avaient adressée aux parlementaires du département. Voici les textes qui nous ont été communiqués :
M. Guillon, député de la Vienne
« Je trouve votre télégramme à mon arrivée de Paris où je viens de passer la majeure partie de la semaine, pour tenter, tant au groupe parlementaire que dans les instances politiques de l’UNR-UDT, auxquelles j’appartiens, de trouver avec mes collègues une solution au conflit survenu chez les mineurs.
« Nous avons multiplié auprès du Gouvernement les démarches pour plaider la cause de ceux qui sont venus en délégation à Paris pour nous expliquer la situation, nous ont dit leur amertume et nous ont exposé leur désir de voir se dénouer la crise par la satisfaction de leurs revendications.
« Il semble que, des deux côtés, on souhaite faire en sorte de ramener les choses à leurs justes proportions.
« Je ne doute pas, pour ma part, du désir du Gouvernement de réparer certains retards de salaires, mais il est évident que la situation économique de la nation demande qu’on soit prudent.
« Je crois qu’en l’occurrence, le rôle des parlementaires de la majorité, dont je suis, est de continuer à servir de lien entre le Gouvernement dont nous partageons les craintes d’une inflation déclenchée par une course prix – salaires qui nous remettrait dans le cycle infernal que nous avons connu, et les travailleurs des mines dont les revendications sont justifiées. Il me semble que les contacts qui ont lieu quotidiennement entre l’un et les autres ne peuvent pas ne pas aboutir à l’apaisement auquel, pour sa part, votre député entend s’employer, comme il l’a fait depuis huit jours.
« Voici la réponse que votre télégramme « exigeait » de moi ; je me permets de vous dire qu’il eut suffi de me le demander pour que je vous l’adresse, car j’ai toujours coutume de répondre à mes électeurs ».
9 mars 1963, Docteur Guillon
M. Abelin, député
« Votre télégramme est parvenu à l’Hôtel de ville de Châtellerault lorsque j’étais absent de France pour un très petit nombre de jours.
« Nous multiplions les démarches en vue d’obtenir la réouverture des discussions entre le Gouvernement et les mineurs.
« La réquisition qui a été prise est, de toute évidence, malheureuse.
« Vous me trouverez toujours prêt à appuyer vos justes revendications ; j’ai d’ailleurs fait, dès mon retour, une déclaration dans ce sens.
« Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes sentiments distingués.
14 mars 1963, Pierre Abelin
M. Bouloux J.M., sénateur
« Comme suite à votre télégramme de ce jour, je vous informe que j’ai écrit ce matin au cabinet du Premier Ministre pour signaler l’émotion de la population devant la menace d’extension des grèves, menace que les mesures de réquisition prises par la Gouvernement avant épuisement des discussions semblent avoir aggravée.
« En termes mesurés mais fermes, je demande au Premier Ministre d’envisager la reprise des entretiens dans un climat de compréhension, de bonne volonté et de mutuelle confiance et j’ajoute que le bon sens commande une ouverture vers ceux qui souffrent et qui peinent.
« Je ne me fais aucune illusion sur mon audience près des hautes sphères, mais j’ai tenu cependant à faire état de ma position.
« Souhaitant qu’une heureuse issue ne tarde pas et restant à votre disposition pour me faire l’interprète des causes justes, veuillez agréer, Messieurs, l’assurance de mes sentiments cordiaux et sincères.
Le 8 mars 1963, Jean-Marie Bouloux
Le Comité de grève des gaziers et électriciens de la Vienne, Comité constitué par l’ensemble des organisations CGT-GNC, CFTC, FO, UNCM-CGC, s’étonne de ne pas avoir eu l’honneur de recevoir les réponses de MM. Claude Peyret, député, et Jacques Masteau, sénateur de la Vienne
le 30/12/2021 à 18:37
Source : Centre Presse
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