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Les clientes des coiffeurs en ont fait l’expérience

Nouvelle grève surprise des électriciens et gaziers hier. Il y eut délestage de 14 heures à 16 heures et cela créa les perturbations habituelles du point de vue de la circulation. Mais c’est, semble-t-il chez les coiffeurs où il y eut le plus de perturbations. En cette veille de week-end de nombreuses clientes étaient sous le casque. Le courant coupé, il ne leur resta plus qu’à attendre deux heures de plus qu’il revienne ! Mais celles qui avaient d’autres occupations, qui se faisaient coiffer avant d’aller à leur bureau, s’en allèrent gardant les bigoudis (notre cliché) ? Fort heureusement un inventeur avisé a mis au point, ces derniers temps, de charmants bonnets multicolores. Hier, il fit un début de fortune, car chez les coiffeurs on se les arrachait !…

Mais ces coupures surprises ont également affecté de nombreuses entreprises industrielles.

Un communiqué des gaziers électriciens

Les gaziers et électriciens nous ont remis le communiqué ci-après :

« Électriciens et gaziers à quelque organisation syndicale qu’ils appartiennent, ont qualifié le rapport de la Commission Massé d’opération malhonnête.

Voici pourquoi :

- La Commission Massé a estimé que le retard des salaires à EDF – GDF n’était que de 3,1 à 3,6 %. Pour arriver à ce chiffre ridicule elle a compté comme une augmentation de 6 % la réduction du temps de travail (de 48 heures à 45 heures par semaine).

Il paraît absolument utopique et tendancieux de prétendre qu’une réduction de la durée du travail puisse être considérée comme une augmentation de salaire, car il n’en est rigoureusement rien. C’est la masse salariale, pouvoir d’achat des travailleurs qui provoque l’expansion économique. Par ailleurs le personnel du gaz et de l’électricité, avec l’ensemble des travailleurs, ont obtenu dès 1936 la semaine de 40 heures, ramenée en 1939 à 48 heures et tout récemment à 45 heures ainsi on est encore loin de rejoindre le niveau des conquêtes sociales de 1936.

M. Massé est commissaire général au Plan, ce plan qui doit, paraît-il, associer les travailleurs aux résultats consécutifs à l’augmentation de la production et de la productivité.

En 1950, avec 110.200 agents, EDF produisait 22 milliards de kw-h.
En 1962, avec 116.000 agents, EDF a produit 82,3 milliards de kw-h.

On veut pénaliser dans leur salaire les personnels qui ont obtenu de travailler 3 heures de moins par semaine tout en produisant beaucoup plus.

- Le rapport Massé a comparé les salaires EDF – GDF et ceux du secteur privé à partir de septembre 1957. Les gaziers et électriciens avec leurs organisations syndicales disent à juste titre : c’est à partir de janvier 1960 qu’il faut comparer. Parce qu’en janvier 1960 est intervenu un rattrapage. Et, à partir de cette date s’est produit un nouveau décalage. La Commission Massé parle de « l’ambiguïté » qui subsiste sur l’incidence de la convention du 7 janvier 1960.

Or les directions générale EDF – GDF ont-elles-mêmes déclaré qu’il n’y avait aucune ambiguïté, qu’il s’agissait bien, en 1960, d’une opération ayant pour but de résorber des retards antérieurs.

Le système Massé est une malhonnête combinaison gouvernementale qui s’efforce manipuler les chiffres avec adresse afin de laisser croire à l’opinion publique que les travailleurs d’EDF – GDF sont favorisés.

- Il est possible de satisfaire et accorder dans le cadre des dispositions du statut national du personnel, les 12 % estimés et chiffrés par les organisations syndicales, sans aucune répercussion sur les tarifs des usagers domestiques.

Électricité de France fait des cadeaux aux grandes sociétés. En effet, en vendant à celles-ci le kw-h au coef. 15 par rapport à 1938, EDF leur fait un cadeau de 150 milliards d’AF par an. C’est à peu près la valeur annuelle des salaires versés à l’EDF – GDF, puisque ce montant était en 1961 de 140 milliards d’AF, toutes charges comprises (21,7 % du budget d’EDF contre 23 % en 2958).

Pour accorder les 12 % revendiqués par le personnel il suffirait de récupérer 17 milliards d’AF sur les 150 milliards octroyés généreusement aux grandes sociétés privées.

- Le gouvernement porte l’entière responsabilité des mouvements sociaux actuels, les actes en font foi :
   - C’est le gouvernement qui traite sans aucun scrupule les revendications justifiées, qui manipule les chiffres, qui entretient par l’ensemble de ses moyens d’informations des campagnes erronées et tendancieuses ;
   - C’est le gouvernement dans sa forme actuelle qui en laissant préparer à ses « sages » un rapport inacceptable devait savoir par avance qu’il obligeait les gaziers et électriciens, ainsi que les travailleurs du secteur nationalisé, à la grève ; prenant ainsi délibérément la responsabilité des perturbations dans cet important secteur qui est capital à la vie de la nation.

A Poitiers, le 29 mars 1963.

Les organisations syndicales d’EDF – GDF : CGT-GNC, CFTC, FO, UNCM-CGC