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0553625/06/1963POITIERS

LES EMPLOYÉS FO DE COMMERCE SE PRONONCENT CONTRE LE VŒU FORMULÉ PAR L’ASSEMBLÉE CONSULAIRE

Lors de sa dernière réunion, la Chambre de Commerce de la Vienne avait émis un vœu dans lequel elle préconisait la fermeture plus tardive des magasins, en demandant que les Pouvoirs publics modifient la réglementation actuelle en supprimant toutes restrictions à la durée d’amplitude de la journée d’ouverture des magasins et en autorisant ainsi, sans limitation, le travail par relais et roulement.

A la suite de la publication de ce vœu, M. A.-G. Cailleton, secrétaire général de la Fédération syndicale FO des employés de commerce de la Vienne, vient d’adresser au Président de la Chambre de Commerce la lettre que nous publions ci-après :

La lettre de la Fédération FO

« Monsieur le Président,

« Notre attention a été attirée dans la presse ces jours derniers par le vœu émanant de la Chambre de Commerce, préconisant la fermeture tardive des magasins.

« Les Syndicats, courtoisement, avaient été invités par la J.C.E. à participer aux débats concernant l’étalement des horaires de travail, nous savons que, depuis, certaines réunions se sont tenues concernant l’ouverture des magasins, réunions auxquelles, malheureusement, n’ont pu participer les employés des magasins, faute d’invitation.

« Cependant, et bien qu’on ne leur demande pas leur avis, les employés de commerce tiennent à vous faire part du résultat des réunions qu’ils ont tenues.

« Les employées (car, dans le commerce qu’il soit alimentaire, habillement, grands magasins ou autres, la majorité est féminine), les employées disons-nous, ne sont pas hostiles à une modernisation des commerces. Elles savent bien qu’elles sont à la disposition des clients et des clientes quels que soient leurs caprices.

« Mais elles savent bien aussi, puisqu’elles sont, elles-mêmes, travailleuses, mères de famille et animatrices de leur foyer que les clients ou clientes qui se présentent aux portes au moment de la fermeture, sont justement ceux ou celles qui, n’ayant rien à faire, ont « baguenaudé » toute la journée en ville et oublié volontairement ou non, jusqu’au dernier moment les emplettes qu’elles avaient à faire.

« Vous parlez, avec une raison apparente de circulation. La fermeture tardive des magasins (et nul ne sait ce que vous entendez par là) n’aura aucun effet. La plupart de ces femmes, à de rares exceptions près, habitent assez loin de leur lieu de travail. Or les trolleybus s’arrêtent à 19 h.50, les cars à 19 h. 15 et 19 h. 30. Il faudra donc que ces femmes, qui auront déjà mené une journée positivement éreintante puisque debout tout le temps (croyez que la loi qui prévoit un siège par vendeuse et le droit de s’asseoir entre deux ventes est purement illusoire), il faudra disons-nous qu’elles s’appuient encore 3 à 5 kms tous les soirs, pour regagner leur logis.

A quelle heure pourront-elles le faire ? Si vous estimez que la fermeture doive se faire à 22 heures (comme les Inno France) il faut encore penser que l’employée doit encore à son patron 2 heures d’équivalence dans la semaine, ce qui en réalité la fera sortir à 22 h. 15.

C’est-à-dire que les employés et employés du commerce demanderont un allongement des services de transports urbains.

Nous disions également que les 3/4 des employées de commerce sont mariées et mères de famille. Rentrant chez elles à des heures impossibles (je maintiens le mot bien que paraît-il pas français) elles auront :
1 – à faire dîner leur mari (à moins qu’il ne soit allé au bistrot en attendant) ;
2 – à reprendre leurs enfants qu’elles auront confiés à une garderie (en admettant qu’on ait bien voulu les garder jusqu’à ce moment-là) ;
3 – elles n’auront pu surveiller les adolescents qui pendant ce temps-là auront (peut-être) fait leurs devoirs s’ils sont étudiants, fait le jardin, s’il en existe un, ou plus simplement tenu conseil sur le bord du trottoir avec d’autres jeunes de leur âge. Et c’est ainsi qu’on forme ce qu’il est convenu d’appeler « les bandes », fruit d’un manque d’ambiance familiale, et d’un manque de surveillance maternelle (le salaire d’une employée de commerce est un salaire d’appoint et ne peut en aucun cas lui permettre d’avoir une bonne).

En dernier lieu je vous objecterai ceci :
Les employées du commerce ont choisi ce métier pour plusieurs raisons :
   - parce qu’il leur plaisait c’est évident ;
   - mais aussi, surtout, parce que les heures de travail y étaient régulières et que ces horaires leur permettaient de veiller à leur foyer et leurs enfants et donc, ne rompait pas le milieu familial.

S’il est en était autrement (et Dieu seul sait que les employées de commerce valables sont actuellement difficiles à trouver) soyez absolument certain qu’elles auraient beaucoup plus d’avantages, pécuniairement parlant, à rentrer travailler en usine.

Nous vous prions, M. le président de bien vouloir excuser la longueur de cette lettre qui est surtout un plaidoyer en faveur de la femme et de la vie familiale.

Et agréer, l’expression de notre considération très distinguée.

Le secrétaire de la Fédération du Commerce.

 

 

le 04/01/2022 à 15:59

Source : Centre Presse

commerce, protestation, horaires

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