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Mercredi, à 11 h. 30, une conférence de presse se tint à la Maison du peuple.

Cette réunion était placée sous la présidence de M. Faudry, secrétaire départemental de FO et MM. Laumont, secrétaire départemental de la CGT et Vidal, secrétaire adjoint de l’UD CFTC composaient le bureau.

Dans l’assistance on remarquait des représentants des centrales syndicales de l’EDF, des PTT, de la SNCF, du SNI, du SNES, du SGEN, de l’Enseignement supérieur, du Trésor et de l’Enseignement CGT.

A l’issue des exposés faits par MM. Faudry, Laumont et Vidal, M. Nony (SNI) et Charriau (FEN) ont apporté le point de vue de leurs syndicats, lesquels ont tenu à s’associer à ce mouvement de grève.

Environ quatre-vingts délégués de syndicats divers assistaient à cette conférence de presse.

Les exposés

M. Faudry, secrétaire de l’Union départementale FO, qui présidait la séance, prit le premier la parole.

« Nous vous avons réunis, dit-il, pour expliquer les raisons de notre mécontentement. Le Gouvernement veut réglementer et peut-être abolir le droit de grève, droit durement acquis par nos anciens. Les syndicats ont gagné la première épreuve imposée par le Gouvernement lors de la grève des mineurs, mais cette fois nous allons perdre la bataille étant donné l’actuelle majorité à l’Assemblée nationale. Il faudra manifester au cours des prochains jours et à plusieurs reprises. Ce projet de loi pourrait faire jurisprudence dans les entreprises privées ; en effet si l’État-patron réglemente le droit de grève, le patronat pourra certainement en profiter ».

LA CGT : UN PREMIER PAS POUR SUPPRIMER L’ACTIVITÉ SYNDICALE

M. Laumont, de la CGT, succéda à M. Faudry.

« Le Gouvernement veut empêcher toute grève et il va vers cet objectif à pas comptés, déclara-t-il en commençant. Dès 1960, un projet de loi repoussé en commission, prévoyait l’interdiction de grève pour de nombreuses catégories, en particulier pour les agents des services publics et semi-publics. Cette disposition est d’ailleurs identique à un article de la Charte du travail de Pétain ».

L’orateur rappelle les déclarations faites par les membres du gouvernement ou de la majorité.

« Il s’agit bien, conclut-il, d’un premier pas pour empêcher l’activité syndicale.

« D’autre part, le projet de loi interdisant les grèves tournantes, rend impossible la défense par catégorie, notamment les catégories C et D. En réalité, les conditions sont créées pour empêcher toute grève dans les services publics et semi-publics. Mais elles permettront vraisemblablement d’étendre l’interdiction au secteur privé ».

LA CFTC : UN PROJET DIRIGÉ CONTRE LES FORCES POPULAIRES

Enfin M. Vidal exposa au nom de la CFTC, ce qu’il appelle les véritables raisons du projet.

« La thèse officielle consiste à dire : les arrêts de travail provoquent de graves perturbations ; le préavis permettra la mise en place d’un service d’ordre et d’apaiser les conflits par la compréhension mutuelle. En réalité, le texte proposé au Parlement ne répond à ces deux préoccupations :

« L’article 5 du projet supprime la journée entière de salaire pour une heure de grève. En quoi cette mesure assurera-t-elle l’ordre public ? En réalité, les ouvriers n’ayant plus rien à perdre, aimeront mieux faire grève toute la journée.

« L’article 3 fixe la durée de la grève. Mesure humiliante et sournoise. Une grève est une lutte. On sait quand elle commence, non quand on la terminera. Surtout, la certitude de la fin de la grève tranquillisera le Gouvernement et lui fera refuser toute négociation.

« Les syndicats ne refusent pas de discuter des problèmes de sécurité ; depuis longtemps des mesures sont prises en ce qui concerne la distribution du lait et les hôpitaux. La réglementation ne peut viser que les services d’urgence : les modalités – date et durée – de la grève, ce sont les syndicats qui doivent les fixer ; sinon il ne s’agit plus de réglementation mais de limitation.

Notons enfin que la réglementation projetée ne dit pas un mot de ce qui pourrait améliorer les services publics ».

Photos : la réunion des grévistes