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0572310/04/1964POITIERS

MÉCONTENTEMENT DANS LE BÂTIMENT

700 maçons ont suivi l’ordre de grève lancé par les syndicats

Après une accalmie, les mouvements sociaux reviennent en actualité. Hier, c’était le cas pour la corporation du bâtiment laquelle observa dans une très large majorité l’ordre de grève de 24 heures lancé par les syndicats CGT-FO, CFTC et CGT, groupés au sein des Fédérations des travailleurs du bâtiment et des travaux publics.

Réunion à la Maison du peuple

A 15 heures, la Maison du peuple abritait un meeting d’information, lequel fut suivi avec attention par plusieurs centaines de manœuvres, ouvriers spécialisés et professionnels du bâtiment.

A la tribune avaient pris place M. Laumont, secrétaire général de l’UD CGT, MM. Soulard, Busseau, Martin, ainsi qu’un représentant de chaque entreprise en grève.

M. Soulard se félicita de l’importante participation qui dénote l’intérêt qu’attachent les ouvriers du bâtiment quant à leurs revendications.

M. Laumont, pour sa part, retraça les grandes lignes de l’évolution de la corporation du bâtiment laquelle, avant la guerre, se plaçait près de peloton de tête des secteurs salariés.

Aujourd’hui la profession, devait-il dire, a évolué. Le critère de rentabilité est venu bouleverser les méthodes traditionnelles. Il s’ensuit une augmentation considérable de travail. Dans tout cela les salaires n’ont pas suivi. Donnant lecture des augmentations enregistrées par l’office des statistiques sur les produits alimentaires, à Poitiers, au cours du dernier trimestre 1963, il ressort que les salaires attribués sont nettement insuffisants.

Les professionnels du bâtiment, qui n’ont pas manifesté depuis 1948, se sont inquiétés devant cette situation. C’est ainsi que la Commission paritaire, qui s’est réunie récemment, a enregistré un refus devant l’offre patronale qui s’élevait à 3,39 %.

Parlant toujours de statistiques, M. Laumont indiqua que les salaires pratiqués dans la Vienne sont inférieurs à ceux des départements voisins, à savoir la Vendée, le Finistère, etc. A ce sujet, notre département tient la 78e place. Position assez curieuse pour un département dit pilote et en plein essor économique.

Revalorisation de la profession

Devant cette dégradation, les ouvriers du bâtiment sont décidés à lutter pour la revalorisation de leur profession. De plus en plus les chantiers s’organisent et désignent des délégués syndicaux. La motion que nous publions ci-dessous précise les revendications.

Motion à la Préfecture

A l’issue du meeting, les ouvriers du bâtiment se sont rendus en cortège silencieux à la Préfecture où une délégation remis le texte de la motion. Puis la dislocation eut lieu.

Les travailleurs du bâtiment de Poitiers, en grève le 9 avril 1964, réunis à la Maison du peuple, après avoir entendu les exposés des délégués syndicaux, demandent :
- qu’il n’y ait plus de salaire en-dessous de 2,50 F (horaire).
- que tous les salaires des ouvriers spécialisés et manœuvres soient augmentés de 0,40 F, ceux des professionnels de 0,50 F.
- la suppression totale des zones de salaires.
- l’amélioration de la loi sur le chômage-intempérie.
- qu’une Commission paritaire pour l’élaboration des salaires du bâtiment de la Vienne se tienne dans les plus brefs délais.

Poitiers, le 9 avril 1964.

Photo : Les ouvriers du bâtiment attendent le retour de la délégation à la Préfecture

 

 

le 31/01/2022 à 15:10

Source : Centre Presse

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