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0577205/06/1964POITIERS

LES ENSEIGNANTS SE DÉCLARENT SOLIDAIRES DE LEURS COLLÈGUES SUSPENDUS PAR LE MINISTRE

Après l’erreur du concours d’entrée de « Normale Sup ».

L’affaire concernant l’erreur au concours d’entrée de Normale Supérieure a provoqué nous l’indiquions dans nos précédentes éditions, une émotion considérable à la suite de la décision du Ministre. Des télégrammes, des motions ont adressés hier au Ministre.

On en lira ci-dessous la teneur.
.../…

Compléments d’information et questions de la section départementale de la FEN

On nous prie d’insérer :

La FEN (section départementale de la FEN) tient à souligner les conditions scandaleuses d’iniquité dans lesquelles le Ministère de l’Éducation nationale entend prendre des sanctions contre les responsables du service des examens de Poitiers. En effet :

Avant même que ne soient réunies les instances disciplinaires régulières, prévues par le statut de la Fonction publique et qui ont légalement à connaître et à juger de l’affaire, la presse après la radio, fait déjà connaître les sanctions que le Ministre entend appliquer aux accusés. On ne saurait assez dénoncer l’immoralité du procédé qui consiste à condamner des accusés avant qu’ils aient été jugés. Quel est le tribunal qui ne se considérerait pas comme déshonoré si, avant d’avoir instruit un procès, on prétendait lui dicter son jugement ?

On est en droit de s’étonner qu’un seul candidat ait pu obtenir du Ministère la modification du déroulement du concours national de l’École Normale Supérieure. De quel appui extraordinaire a-t-il pu bénéficier ? Par son intervention il a obligé l’ensemble des candidats à subir cinq épreuves consécutives, particulièrement lourdes et difficiles, alors que le déroulement normal du concours prévoit pour la quatrième journée des épreuves de moindre coefficient afin de permettre au candidat de souffler un peu. Quel est le candidat d’humble origine qui aurait pu obtenir pareille dérogation ?

La méprise du service des examens dont on a grossi à plaisirs les conséquences et qui s’explique suffisamment par la méthode des ordres et contre-ordres si habituelle au Ministère de l’Éducation nationale, a-t-elle eu pour effet de léser gravement les candidats ? Certes, on peut admettre que refaire des épreuves est toujours gênant et pénible. Mais y a-t-il eu fraude ? Y a-t-il eu un vol ? Un criminel s’est-il échappé ?

D’autres méprises analogues se sont produites l’an dernier pour le concours aux centres régionaux d’éducation physique et des sports de Dinard et Paris ; de même, antérieurement pour le concours d’agrégation d’anglais. On sait si bien que de telles méprises sont possibles et excusables que l’on s’est borné simplement à faire repasser les épreuves. Qui a crié au scandale ? Poitiers serait-il donc particulièrement visé en la personne de son recteur et de ses collaborateurs ?

Devant les conséquences disciplinaires hors de proportions avec l’erreur commise, il va de soi que les professeurs de l’enseignement supérieur et du second degré chargé de la présidence des jurys du baccalauréat et qui assument bénévolement cette lourde responsabilité peuvent légitimement se demander s’ils pourront, cette année, accepter une charge qui risque de les mettre à merci d’un déplacement d’office ou d’une « démission », pour une simple erreur, toujours possible, d’addition ou de transcription de notes. Les organisations syndicales envisagent dès maintenant de consulter ces collègues à ce sujet.

Alors qui présidera les épreuves du baccalauréat ? Cet examen et bien d’autres pourront-ils se dérouler normalement dans l’Académie de Poitiers ?

En cette période de l’année particulièrement chargée en tâches administratives multiples et en examens dont dépend le sort de milliers d’enfants, le Ministère a la légèreté d’envisager des sanctions imméritées qui pourraient avoir pour résultat de décapiter tout un rectorat. Les enseignants, l’opinion publique, les associations de parents d’élèves, n’ont-il pas le droit légitime de s’inquiéter et de protester contre des mesures arbitraires qui sont le fait du Prince et risquent de porter atteinte aux intérêts légitimes de leurs enfants.

La section départementale de la FEN, le Syndicat national des instituteurs posent ces graves questions devant l’opinion, ils les posent aussi devant les Pouvoirs publics auxquels ils demandent de prendre l’exacte mesure de leurs responsabilités.

En ce qui les concerne, les sections départementales sont décidées à tout mettre en œuvre, y compris une grève de protestation, pour s’opposer à l’arbitraire et à la désorganisation systématique de l’éducation nationale.

Pour les sections départementales de la FEN et du SNI : Chaumin et Bibault

 

 

le 08/02/2022 à 15:18

Source : Centre Presse

sanctions, solidarité, motion

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