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400 enseignants déposent au rectorat une motion contre les sanctions prises

Les décisions de suspension prises par le ministre de l’Éducation nationale contre les fonctionnaires du rectorat ont été fort mal accueillies dans les milieux universitaires de Poitiers.

Vendredi après-midi, une manifestation a été organisée à Poitiers par 400 enseignants.

Un appel avait été lancé sur l’initiative du Syndicat national des l’Enseignement supérieur à diverses autres organisations syndicales dont le syndicat autonome du personnel des facultés de Sciences et de Lettres, le Syndicat général de l’E.N. (Enseignement supérieur), le syndicat de l’Enseignement supérieur, celui du personnel de l’École de Médecine et des secrétariats des Facultés, leur demandant de participer à une manifestation de solidarité envers M. le Recteur de l’Académie.

Malgré la période actuelle des examens où beaucoup de professeurs sont occupés à des tâches de surveillance ou de correction, de nombreux membres des diverses facultés et des autres ordres de l’enseignement ont répondu à cet appel.

400 personnes environ ont participé à un meeting qui s’est déroulé à l’amphithéâtre Descartes. Ensuite un cortège se forma pour se rendre au rectorat afin d’y déposer le texte d’une motion commune.

En l’absence de M. le Recteur Blaizot, c’est M. le Doyen Cornu, vice-président du Conseil de l’Université qui reçut la délégation.

Le texte de la motion

« Les membres de l’Enseignement supérieur auxquels se sont joints les représentants des divers ordres d’enseignements et associations suivantes :
- Personnel de l’École de Médecine.
- Syndicats autonomes du personnel des Facultés des Lettres, de Droit et des Sciences.
- Syndicat national de l’Enseignement supérieur (Lettres).
- Syndicat national de l’Enseignement supérieur (Sciences).
- Personnel administratif et technique des Facultés.
- Fédération de l’Éducation Nationale (FEN).
- Syndicat Général de l’Éducation Nationale (SGEN).
- Syndicat national des Chercheurs scientifiques.
- Syndicat national des Collèges.
- Syndicat national des Directeurs de Collèges.
- Syndicat des Écoles annexes et d’application.
- Association Générale des Étudiants de Poitiers.
- Association des Élèves ingénieurs de l’ENSMA.

Tiennent à rendre publique leur profonde émotion à l’annonce du départ de M. le Recteur Blaizot. Ils veulent aujourd’hui manifester leur entière sympathie à M. le Recteur et leur administration pour son attitude qui fut toujours courageuse pour le maintien de l’indépendance de l’Université. Ils sont parfaitement sûrs qu’en offrant sa démission, M. le Recteur ne faisait aucune allusion aux incidents survenus lors du Concours d’entrée à l’École normale supérieure et qu’il est complètement solidaire de ses collaborateurs, connaissant mieux que quiconque les conditions très dures de travail de son personnel.

Ils déplorent qu’une telle décision ministérielle ait pu être prise en cette époque de l’année universitaire où les responsabilités du Recteur et du personnel de l’administration académiques sont si lourdes.

Le texte de cette motion sera transmis au Ministère de l’Éducation nationale.

Photo : Pendant que la délégation était reçue par le Doyen Cornu, les participants s’étaient rassemblés dans la cour d’honneur du Rectorat

 

Par ailleurs de nombreuses marques de sympathie ont été apportées aux organisateurs de cette manifestation par des membres éminents de l’Université. Des télégrammes de protestation et des motions ont été adressés au Ministre.

La protestation du SGEN

« Section académique du SGEN, déconcertée par ampleur anormale donnée à l’affaire concours ENS demande prise en considération labeur écrasant service examens et non-lieu pour collègues unanimement respectés ».

« Girard, secrétaire »

Des anciens élèves de l’École normale supérieure

« Les anciens élèves de l’École Normale Supérieure, professeurs au Lycée de Poitiers, protestent contre l’imputation à un personnel surmené d’une faute due probablement à l’organisation générale des concours et demandent une enquête précise sur les conditions de travail du Rectorat de Poitiers avec effet suspensif sur la procédure envisagée.

« Signé : Barathieu, Delassus, Grenier, Quigner, Vidal ».

Du personnel du Lycée Camille-Guérin

Le personnel syndiqué du lycée annexe Camille-Guérin FEN, SNES, SNET, CGT proteste également « contre les décisions spectaculaires et arbitraires » et a envoyé le télégramme que voici au ministre de l’Éducation nationale :

« Ayant pris connaissance affaire concours ENS, nous solidarisons avec administrateurs menacés de sanctions. Demandons non -lieu pour collègues unanimement estimés pour leur compétence et leur dévouement en travaillant dans des conditions inadmissibles. Respectueusement, « Ellinger ».
.../…

Les instituteurs protestent

Les instituteurs des cantons de Montmorillon, La Trimouille, l’Isle-Jourdain, Charroux, Availles-Limousine, Chauvigny, Lussac-les Châteaux, Saint-Savin, réunis à Montmorillon à l’occasion de l’examen du Certificat d’études primaires, le 5 juin 1964, expriment leur entière solidarité envers les fonctionnaires des services universitaires du Rectorat de Poitiers menacés de graves sanctions par le gouvernement, à la suite des incidents qui ont marqué le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure, incidents dont on ne peut leur attribuer la responsabilité.

De telles méprises étant possibles eu égard aux conditions pénibles dans lesquelles sont appelés à travailler les services d’examen, les instituteurs des cantons sus-désignés demandent qu’aucune sanction ne soit prise.