0578825/06/1964POITIERS
Une motion a été portée au Rectorat
Hier, un important meeting de protestation et de revendication s’est déroulé à la Maison du peuple, groupant les représentants syndicaux de la FEN, des Unions départementales CGT, CFTC, FO, de l’AGEP, de la Fédération des œuvres laïques, la Fédération départementale des Parents d’élèves et des délégations d’enseignants des Charentes, de la Haute-Vienne et des Deux-Sèvres. Plus de 500 personnes assistèrent à ce meeting au cours duquel M. Chaumin, secrétaire départemental de la section de la Vienne de la FEN, fit une intervention de synthèse.
Reprenant, point par point, le récit des différentes circonstances de l’erreur qui fut commise lors du concours de Normale Sup., M. Chaumin porta à la connaissance de l’assistance les mesures de protestation énergiques qui furent immédiatement envisagées dans le cas où des déplacements d’office seraient prononcés : grève de 24 heures et grève des examens. Le 16, devait-il dire, les sanctions furent connues. Bien que graves, elles le sont moins cependant qu’un déplacement d’office.
Après avoir assuré les fonctionnaires sanctionnés de l’estime de tous, l’orateur dit que l’Université tient par-dessus tout à son indépendance, il conclut « notre confiance dans l’avenir a grandi ».
A son tour, M. Servant, secrétaire académique du syndicat général de l’E.N. et au nom de l’UD CFTC apporta le témoignage de sympathie des sections de son syndicat.
La résolution commune fut adoptée à l’unanimité. En cortège, les participants se rendirent au Rectorat où la motion fut remise au recteur Blaizot.
La résolution
Répondant à l’appel lancé par la section de la Vienne de la FEN, les Unions départementales CGT, CFTC, FO, l’Association générale des Étudiants, la Fédération des Œuvres laïques, la Fédération départementale des Parents d’élèves (Fédération Cornec)
500 participants fonctionnaires et habitants de Poitiers et des autres villes réunis à la Maison du peuple le mardi 23 juin 1964, ont voté la résolution suivante à l’unanimité.
« Vivement émus par les sanctions qui ont frappé trois fonctionnaires de l’Éducation nationale à la suite de l’interversion des épreuves du concours de l’E.N.S., les participants au meeting du 23 juin tiennent d’abord à manifester leur estime et à exprimer leur solidarité aux 3 fonctionnaires sanctionnés dans des conditions qu’ils estiment injustes.
Ils constatent cependant, avec plaisir, que la promptitude de la vigueur de l’action menée par les Syndicats, la netteté des réactions des organisations professionnelles, ont obligé le ministre de l’Éducation nationale à rendre moins dures les sanctions prévues.
Ceci dit, ils tiennent à protester avec la plus grande énergie contre les procédés employés par le ministre dans toute cette affaire, procédés qui révèlent encore une fois chez nos gouvernants un dangereux état d’esprit :
1) annonce dans toute la presse que les fonctionnaires visés seront suspendus alors qu’ils continuent leurs tâches ;
2) annonce détaillée des sanctions qui frapperaient ces fonctionnaires avant même que soient réunis les Conseils de discipline légalement appelés à juger leur cas ;
3) tentative de mettre en condition par ce biais, les juges du Conseil de discipline, eux-mêmes membres de l’Éducation nationale.
Au moment où l’état donne aux Préfets des pouvoirs considérables, où il met en place ce qu’il appelle la réforme administrative, ils tiennent à affirmer que de pareilles manifestations d’arbitraire, de telles pressions doivent être méditées par tous les membres de l’Université, qu’on a voulu atteindre à travers quelques hommes, par tous les fonctionnaires susceptibles de commettre eux aussi des erreurs, tant sont dures parfois leurs conditions de travail, par tous les citoyens enfin, qui n’admettent pas que les contrevérités, l’arbitraire et l’intimidation puissent être un mode de gouvernement.
Les assistants du meeting du 23 juin estiment que les magnifiques liens de solidarité qui se sont noués au cours de cette affaire ne doivent pas se desserrer, qu’il importe au contraire de le renforcer afin que chacun sache qu’il peut compter sur l’aide de tous dès qu’il s’agira de défendre contre des mesures arbitraires, la liberté et la dignité d’un homme.
Photo : Quelques-uns des enseignants réunis à la Maison du peuple
le 13/02/2022 à 13:43
Source : Centre Presse
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