0579717/08/1964POITIERS
Les 180 employés qui ont reçu leur préavis, solidaires de leur employeur, entreprennent aujourd’hui des démarches à la mairie et à la Préfecture
En ce calme mois d’août, la nouvelle a fait hier l’effet d’un coup de tonnerre : « Les caravanes Tesserault cessent leur activité, 180 personnes au chômage ».
Pour nous qui avions publié il y a quelques semaines un reportage publicitaire témoignant de l’essor de cette entreprise, l’information nous parut invraisemblable : à une situation financière très saine, les caravanes Tesserault pouvaient ajouter un carnet de commandes complet et la perspective toujours très favorable du salon de l’Automobile (120 commandes au dernier salon). Aussi ne pouvait-il être question de faillite.
Hausse illicite, estime le contrôle économique
Et, cependant, M. Paul Tesserault devait nous confirmer lui-même sa décision : « Je suis en conflit avec la direction départementale du contrôle économique qui m’a infligé une amende de 100.000 F (10 millions d’anciens francs). Je ne puis l’accepter. Je préfère fermer l’usine que de me plier à ce que je considère être totalement injustifié. Et les représentants du personnel qui, tout au long de la journée, avaient longuement conféré avec leur patron, devaient nous dire leur entière solidarité.
De quoi s’agit-il ?
Le gouvernement a pris l’an dernier, on le sait, un arrêté de blocage des prix. Après la publication de cet arrêté, les hausses de prix étaient interdites. Or, bien avant la mise en vigueur de cet arrêté, M. Tesserault avait décidé de majorer le prix de ses caravanes. Mais on le sait, une caravane se commande plusieurs mois à l’avance.
Ainsi un client qui avait, par exemple, commandé sa caravane en octobre 62 ou février 63 et qui a été livré en août 1963 a payé à l’ancien tarif. C’est-à-dire qu’entre le moment où M. Tesserault a pris sa décision d’augmenter ses tarifs et celui où il a mis effectivement sa mesure en application, il s’est écoulé plusieurs mois. En fait, le nouveau tarif n’apparaît sur les factures qu’à partir du mois d’août 1963, c’est-à-dire deux mois après la mise en application du décret de blocage des prix.
Le contrôle économique estime qu’il y a hausse illicite et, malgré toutes les pièces justificatives fournies par M. Tesserault et ses collaborateurs, il a frappé durement : 100.000 F d’amende nous l’avons dit.
Le préavis partira du 7 septembre
Soutenu par son personnel, qui a parfaitement compris la situation, M. Tesserault est décidé à ne pas céder. C’est la raison pour laquelle il préfère cesser son activité.
L’usine sera fermée. Les commandes actuelles seront honorées mais il n’en sera plus pris.
Sur le plan pratique, pour le personnel, que va-t-il se passer ? Les congés annuels commencent aujourd’hui même. La reprise doit avoir lieu le 7 septembre. C’est donc du 7 septembre que partira le préavis légal d’un mois envoyé à chaque employé.
Si aucune solution n’intervient d’ici là, c’est donc début octobre que 180 personnes seront effectivement au chômage.
Il reste donc six semaines pour trouver une solution. On ne peut pas ne pas en trouver. Le sort de 180 personnes est en jeu mais aussi celle d’une entreprise prospère dont le chiffre d’affaires est actuellement de 1 million (100 millions d’anciens francs) par mois.
Le personnel pour sa part a entrepris une action. (.../…).
le 13/02/2022 à 16:16
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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