0057216/05/1908POITIERS
CHAMBRE SYNDICALE DES OUVRIERS MENUISIERS-ÉBÉNISTES DE POITIERS
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Samedi 9 mai a eu lieu, à l'Hôtel de ville salle des Orphéons, une très importante réunion des ouvriers menuisiers et ébénistes. La Commission, chargée de faire aboutir les revendications formulées par la corporation dans les réunions précédentes, rendait compte de son mandat et donnait connaissance de la réponse de MM. les patrons.
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Les patrons menuisiers et ébénistes de la ville de Poitiers, après s'être réunis et avoir pris connaissance et discuter, une à une, les revendications que vous croyez devoir formuler, ont l'honneur de vous faire connaître leurs décisions pour chacune de ces revendications.
Paye à la quinzaine. La paye à la quinzaine est acceptée par tous les patrons réunis. La paye aura lieu le samedi soir.
Toutefois nous faisons remarquer que ce mode de paiement ne favorise en rien l'ouvrier consciencieux qui sait à la fois calculer et dépenser sagement. Car l'acompte que nous laissions à sa disposition remplaçait avantageusement la paye de quinzaine qui permettra à l'ouvrier qui pouvait se passer d'acompte de dépenser plus vite l'argent qu'il aura touché. Nous sommes certains d'avance que la majorité des ouvriers sera de notre avis.
Relèvement des salaires. Après avoir examiné la façon dont vous voulez établir le prix de l'heure, il nous est impossible d'accepter les prix que vous voulez nous imposer car il a été reconnu par nous tous que le très bon ouvrier pouvait, dans une journée de 10 heures, en travaillant aux pièces, arriver, en faisant un ensemble des travaux bons et mauvais de la série, à une moyenne de 5 fr ce qui porte le prix de l'heure à 0 fr 50. Mais, à côté de ceux-là, et c'est le plus grand nombre, sont ceux qui, ayant travaillé aux pièces, n'arrivent pas à faire ressortir une journée de plus de 3 fr 75 à 4 fr 25.
En conséquence nous avons donc décidé que l'ouvrier serait payé selon sa valeur, que ce prix serait débattu entre le patron et l'ouvrier dans les huit jours de son embauchage.
Toutefois nous avons cru devoir fixer le prix de 0 fr 35 comme prix inférieur de paye pour les ouvriers en dessous de la moyenne.
Pour les tout jeunes ouvriers le prix sera apprécié par le patron.
Nous croyons pouvoir affirmer que nous serons approuvés par tous ceux qui ont à cœur d'être de bons ouvriers et qui pourront se faire apprécier par leur ardeur au travail, sinon de ceux qui prétendent à un salaire plus élevé que ce qu'ils peuvent rapporter.
Suppression du travail aux pièces. La suppression du travail aux pièces n'est pas possible dans notre corporation. Nous avons décidé de maintenir le travail aux pièces pour l'entière liberté et ce dans l'avantage de l'ouvrier en leur maintenant l'entière liberté de leur temps et facilitant leur gain suivant leur force ou leur faiblesse. Nous comptons sur la conscience des ouvriers pour rendre le travail en bon état.
Signé les patrons menuisiers et ébénistes de Poitiers.
Association corporative des ouvriers menuisiers et charpentiers de Poitiers
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Après avoir examiné les revendications formulées par les ouvriers menuisiers et ébénistes de Poitiers, j'ai l'honneur de vous faire savoir qu'en principe j'accepte sauf toutefois pour les ouvriers au-dessous de la moyenne, taxés quarante-cinq centimes.
Je ne conteste pas que le prix soit trop élevé mais je crains que ce système ferme la porte des ateliers à une certaine catégorie de petits ouvriers qui ont besoin d'apprendre et qui ne peuvent produire une somme de travail équivalente. En théorie c'est très bien mais en pratique c'est à étudier et je crois que le mieux serait de faire établir le salaire normal à la Préfecture qui servirait pour les travaux État, Département et Communes au prix de 0 fr. 50 sans parler de prix supérieurs ou inférieurs.
Au cas où vous maintiendriez vos trois catégories je désirerais savoir qui établirait les catégories d'ouvriers et je crains que beaucoup de patrons se servant des prix inférieurs pour taxer leur personnel tandis que s'il n'existait que le prix de 0 fr 50 il y aurait beaucoup plus d'espoir de le voir appliquer.
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Pour le travail aux pièces je suis partisan convaincu de sa suppression mais cela ne se pratique pas dans nos ateliers.
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L'assemblée prend acte de la première partie de la réponse de MM. les patrons concernant la paye à la quinzaine et demande que cette résolution soit mise en application par eux pour la première paye.
Une longue discussion a lieu sur les autres parties de cette même lettre et de celle des ouvriers menuisiers et charpentiers associés. Vu l'heure tardive les résolutions sont renvoyées à la Commission (...).
Réunion de la Commission.
Mardi a eu lieu la réunion de la Commission. Sur la demande des membres de cette commission le secrétaire général de la Bourse du Travail assiste à la réunion. Après un examen attentif de la situation il est décidé de faire droit à la demande du directeur de l'Association des ouvriers menuisiers et charpentiers de Poitiers, c'est à dire de demander le relèvement des prix à l'heure pour la série des travaux de l'État, du département et de la ville en se basant sur ceux du génie militaire qui fixe l'heure à 0 fr 50, prix que les ouvriers travaillant sur ces chantiers ont le droit d'exiger.
Une entente étant indispensable, pour que ces prix soient relevés, entre patrons et ouvriers, la Commission décide de prier M. le Préfet de la Vienne de bien vouloir inviter MM. les patrons à désigner leur commission.
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le 18/04/2020 à 14:41
Source : L'Avenir de la Vienne
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