0598012/09/1965CHAUVIGNY
Créée en 1939 par M. Lhomme, la Cérélactose occupait à l’époque une cinquantaine de personnes qui y trouvaient un travail régulier et honnêtement payé puisque les employés se considéraient comme les mieux rétribués de la cité.
Cette entreprise était rachetée en 1950 par la firme Van-Houten qui conservait M. Lhomme comme directeur, la firme possédant un établissement similaire à Boulogne. Ces deux entreprises s’occupaient principalement de conditionnement des produits fabriqués sous la direction de la maison mère en Hollande.
Mais, depuis le rachat, les choses ont bien changé. Dans le personnel notamment, puisque les effectifs sont actuellement d’une quinzaine de personnes, douze femmes et trois hommes, qui s’augmente de temps à autre d’une dizaine de travailleurs embauchés à titre provisoire et selon les nécessités du moment.
Cette situation dénote une instabilité d’emploi à laquelle le personnel est particulièrement sensible, situation qui ne manque pas de l’alarmer quant à sa sécurité dans la place.
Mais un autre différend vient de se faire jour, ce différend pour lequel le personnel, dans son unanimité, celui des ateliers et celui de la partie administrative, vient de prouver son mécontentement en décidant une grève d’avertissement de 24 heures qui aura lieu le lundi 20 septembre.
En effet, le personnel dont les salaires pour les employés du conditionnement varient entre 300 et 330 fr par mois, s’est étonné au reçu de sa paye du 15 septembre de ne pas être augmenté des 2 pour 100, dans le cadre du relèvement récent du SMIG. En outre, le personnel s’est ému de la suppression de primes de fin d’année payées depuis 1957 et de la prime de vacances qui, elle aussi, a été supprimée arbitrairement, bien qu’elle fût payée depuis 1958.
Ayant fait part de leur étonnement et de leur indignation à leur directeur, M. Lhomme, qu’ils ne mettent d’ailleurs pas en cause, ce dernier avisait M. Desnos, gérant des filiales de Chauvigny et Boulogne sur qui reposait l’avis favorable. Ce dernier vint donc hier à Chauvigny et refusait l’augmentation de 2 pour 100 ce qui fait une somme d’environ 300 francs par mois pour la société, à répartir sur la masse des salaires versés.
M. Lhomme avertissait donc son personnel du refus de la direction centrale d’accéder au bien-fondé de ses revendications au cours d’une entrevue qu’il eut hier à 11 h. 55.
En conséquence, hier après-midi les employés de la société Van-Houten de Chauvigny décidaient de faire une grève de 24 heures, le lundi 20 septembre.
Leur communiqué
A la suite de la visite de M. Desnos et de son refus formel de nous donner la moindre satisfaction, nous posons les revendications suivantes :
1) Paiement immédiat au personnel horaire de la prime de fin d’année 1964 qui leur a été supprimée arbitrairement et sans préavis, alors que son paiement depuis 1957, sur des bases fixes, ne dépendant que des salaires, permettait de la considérer comme faisant partie intégrante desdits salaires.
2) Paiement immédiat, à l’ensemble du personnel, de la prime de vacances qui a été supprimée cette année arbitrairement et sans préavis alors que son paiement, sans interruption depuis 1958, sur des bases ne dépendant que des salaires, permettait de la considérer comme faisant partie intégrante des dits salaires et qu’au surplus le compte d’exploitation établi au 25 août fait ressortir un bénéfice raisonnable qui ne permet pas à la société d’arguer de difficultés financières pour supprimer cette prime.
3) Augmentation à dater du 1er septembre, de 2 pour 100 de tous les salaires, cette augmentation étant en harmonie avec celle du SMIG, et les salaires attribués par la Société étant très inférieurs à ceux consentis par les autres industries de Chauvigny et ne permettant pas au travailleur un niveau de vie décent.
4) Paiement chaque année, en plus du 1er mai, de cinq jours de fêtes chômés et non récupérés, avec rappel immédiat de quatre jours passés pour l’année 1965.
5) Sécurité de l’emploi évitant au personnel de se voir mis en chômage comme il l’a été deux fois depuis un an, et évitant les embauches pour quelques jours, des ouvrières dites « provisoires », celles-ci voulant travailler d’une façon constante et recevoir le même salaire que les autres.
Devant l’attitude intransigeante de M. Desnos, nous avons décidé de faire une grève d’avertissement d’une journée le lundi 20 septembre.
Cette manifestation revendicative est la première depuis les vingt-six ans d’existence de la maison et devant la gravité et l’urgence de la situation, Me Toulat, maire de la commune, a été avisé ainsi que l’Inspection départementale du travail.
le 28/02/2022 à 16:54
Source : Centre Presse
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