0604015/03/1966POITIERS
Dans un tract aux délégués de la FDSEA, à l’entrée des Salons de Blossac, les syndicats CFDT, CGT, FO des salariés agricoles de la Vienne s’inquiètent « que les représentants de la FDSEA à la Commission mixte pour la conclusion d’une Convention collective, aient demandé l’ajournement des travaux de cette commission ». Il nous a paru, écrivent-ils, que leur attitude indiquait un refus de rechercher un accord avec les salariés, ce qui nous paraît très grave ».
Dans cette adresse, est longuement analysée la situation des salariés agricoles, qui indiquent « qu’à l’heure actuelle dans le département – et il faut y voir une cause du manque de main-d’œuvre qualifiée – 43 % des ouvriers agricoles travaillent plus de 12 heures par jour ; 40 % gagnent moins de 300 francs par mois ; 65 % n’ont pas de congés payés. Comment s’étonner après cela de l’exode des ouvriers agricoles vers l’industrie, exode qui, dans la Vienne durant les quatre dernières années, a dépassé toutes les prévisions du Plan ? Il y a dans la Vienne 10.000 salariés agricoles, 10 % de moins de 30 ans ; 23. % de plus de 50 ans, le reste entre 30 et 50 ans ».
« Nous ne sommes pas vos ennemis. Nous avons conscience de ne pas défendre seulement nos intérêts mais aussi ceux de l’agriculture du département et aussi les vôtres en demandant que la profession d’ouvrier agricole soit une profession normale, avec des salaires corrects, une hiérarchie précise des emplois et spécialités, la retraite complémentaire, une durée du travail normale avec la reconnaissance des délégués syndicaux. C’est pourquoi nous sommes sûrs de votre bon sens, une vue juste de vos intérêts vous amènera à mandater vos délégués pour discuter avec les nôtres une Convention collective qui arrêtera enfin la désertion des campagnes dans notre département ».
Au cours de l’assemblée générale de la FDSEA, ce problème du rapport avec les salariés devrait être évoqué. On lira dans le compte-rendu de la discussion, l’intervention du président Sardet.
Président de la Fédération départementale des Syndicats agricoles, M. René Lucas évoquait ce problème en déclarant :
« Je ne veux pas entrer dans le détail, il y a des inexactitudes dans le contenu du tract qui vous a été remis. Certes, nous devons examiner de très près les rapports entre employeurs et salariés. Votre Conseil d’administration n’a pas juger le moment opportun pour signer une convention collective. Mais il apparaît que dans un avenir très proche, il nous faudra y arriver. Une information très large doit être faite, elle le sera en 1966. Mais je le répète, dans un avenir proche, qu’on le veuille ou non, il nous faudra nous plier aux exigences du travail. Mais il faut instaurer une campagne d’information ».
le 15/03/2022 à 09:27
Source : Centre Presse
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