0613214/09/1966CHATELLERAULT
On nous communique avec prière d’insérer :
Monsieur le Premier Ministre,
Le 7 juillet dernier, nous vous avons adressé une lettre confirmant les revendications syndicales du personnel des Bases alliées et vous donnant notre réaction aux déclarations faites à la tribune de l’Assemblée nationale par MM. Messmer et Jeanneney, respectivement Ministre des Armées et des Affaires sociales dans votre Gouvernement.
A ce jour, deux mois plus tard, aucune réponse ne nous est parvenue.
Nous nous pensons donc autorisés à vous rappeler ladite lettre d’autant que les informations publiées par la presse, à la suite de la réception, par deux de vos collaborateurs, des représentants des Comités de Défense, semblent indiquer que l’étude de notre sort a très peu avancé depuis l’entrevue que nous avions eue le 1er juin dernier.
Il semble même qu’il y ait un certain recul dans les intentions gouvernementales, recul que nous avions déjà détecté lors des débats à l’Assemblée nationale et qui avait motivé notre lettre du 7 juillet dernier.
Nous avons noté en particulier que l’on reparle de négociations avec les Alliés en ce qui concerne la revalorisation des indemnités de licenciement. Je me permets de vous rappeler que les organisations syndicales, unanimes, considèrent que cette revalorisation doit être financée sur des fonds français puisque la responsabilité du départ des alliés et de la fermeture des Bases appartient à la France.
Nous n’avons absolument pas l’intention, en ce qui nous concerne, de nous laisser « mener en bateau » avec de soi-disant négociations avec les alliés.
C’est de votre gouvernement que nous attendons des réponses précises aux revendications posées et ces réponses, nous pensons être en droit de les attendre pour les jours à venir.
Nous avons le sentiment que la confiance que nous vous avions accordée après l’audience que nous avions eue le 1er juin à l’Hôtel Matignon a pu être interprétée comme une absence de combativité des organisations syndicales.
Si cela était, des lendemains assez proches pourraient vous montrer qu’il n’en est rien. En effet, les travailleurs des Bases alliées n’ont absolument pas l’intention de faire les frais d’une politique qui concerne toute la Nation.
Or, les licenciements commencent, en particulier, dans les Bases de l’U.S. Air Forces. Les premières réactions du personnel concerné ne sauraient tarder et nous nous trouverons à la tête – comme cela est normal – des actions à organiser.
D’où l’intérêt d’une prise de position officielle de votre Gouvernement dans les jours à venir. Il est possible en effet qu’une telle compréhension de la situation des futurs licenciés puisse peser largement dans la balance. Nous ne vous cacherons pas toutefois qu’il faudrait pour cela que vos décisions donnent très largement satisfaction au Cahier de revendications qui vous a été soumis le 1er juin et confirmé le 7 juillet dernier.
Au cas où il vous semblerait désirable de connaître, préalablement à leur annonce, notre réaction aux mesures que vous pourriez envisager, nous nous tenons bien volontiers à votre disposition.
Veuillez croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’expression de notre considération distinguée.
Le secrétaire général : Jean Ménard
le 12/04/2022 à 13:17
Source : Centre Presse
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