0614915/10/1966CHATELLERAULT
De la base de Saint-Ustres à la mairie d’Ingrandes
A Ingrandes, hier soir, cinq cents employés des bases U.S. ont manifesté dans le calme. Ils ont emprunté la nationale 10 pour se rendre sur la place de la mairie d’Ingrandes, afin d’y voter une motion. Cette manifestation entrait dans le cadre de celles qui trouvent aujourd’hui leur aboutissement dans le mouvement national qui a lieu à Paris.
Un service de gendarmerie placé sous les ordres du capitaine Jaouen avait été mis en place et, pendant le défilé la circulation ne fut pas interrompue sur la route nationale, mais elle s’effectua au ralenti.
C’est à la Porte Sud des entrepôts que se fit le rassemblement autour d’une banderole portant les revendications et employés et ouvriers. Au personnel d’Ingrandes s’était joint celui des autres services.
En tête des manifestants venaient les membres du bureau du Syndicat FO et les membres du Comité de défense auxquels s’étaient jointes des personnalités : le Dr Marie et Me Parthenay, conseillers généraux : M. Montier, maire adjoint de Châtellerault ; MM. Laire, Lelot, ajoints au maire de Châtellerault ; Reignier, maire d’Ingrandes ; Malbraud, maire de Dangé ; Jobert, maire des Ormes ; Audouin, maire de Colombiers ; Sauvion, maire de Naintré, etc.
Une allocution de M. Ménard, secrétaire national FO
Dans une allocution qu’il prononça, M. Ménard, délégué FO, déclarait : « Nous voulons démontrer notre volonté de nous battre pour aider à la solution de nos problèmes. Si vous l’aviez voulu vous auriez pu bloquer la circulation sur la Nationale pour un long moment. Nous voulons espérer que cette forte participation fera réfléchir ceux qui ont pour mission de donner des solutions à nos problèmes et qu’elle les fera réfléchir vite. La démonstration est faite et elle le sera demain à Paris, que les travailleurs des bases alliées sont fermement décidés à ne pas faire les frais à eux seuls, d’une décision politique prise au nom de la Nation toute entière.
« Nous ne discutons pas cette décision mais nous voulons que l’on nous assure de nouveaux emplois normalement rémunérés (et sur place), que l’on nous garantisse des ressources suffisantes en attendant les emplois en question et que l’on nous indemnise pour ce que l’on ne saurait nous rendre, à savoir les avantages contenus dans le statut et surtout les primes d’ancienneté que la plupart d’entre nous percevions.
« Nos revendications ont été défendues par tous les parlementaires, quel que soit leur appartenance, qui sont intervenus dans le débat de fin juin à l’Assemblée nationale. Le Gouvernement n’en a pas tenu compte !!!
« Aujourd’hui nous sommes heureux de saluer la présence parmi nous d’un nombre important d’élus et de les en remercier ».
Après avoir fait le point de la situation, il concluait : « Votre sort est pour beaucoup entre vos mains. Restez vigilants, prêts à répondre au premier appel ».
La marche sur Paris
De son côté le Comité de défense indiquait que 700 employés des bases de l’Ouest et du Sud-Ouest se rendront aujourd’hui à Paris pour remettre une motion au Premier Ministre. Il indique :
« Le 20 septembre dernier, le Gouvernement faisait connaître aux responsables nationaux du Comité de défense, les quelques mesures prises en haut-lieu à l’égard du personnel des bases alliées.
« Le Comité (alors réuni à Orléans) jugea ces avantages en partie satisfaisants – il le fit d’ailleurs savoir – mais, malheureusement, insuffisants. En effet, alors que certaines décisions prises (garantie de 80 % du salaire antérieur aux travailleurs licenciés, entre autres), apportaient quelque chose de nouveau, malgré certaines restrictions regrettables, par contre, l’importante question du montant de la prime de licenciement était loin de recevoir la solution escomptée (un mois par année de service), la seule concession – d’ailleurs appréciable – était la suppression de la clause d’ancienneté de cinq ans.
« Le bureau du Comité, devant cette situation, vota alors à l’unanimité le principe d’une marche sur Paris pour le 15 octobre si satisfaction n’était pas donnée entre temps aux revendications.
« Le dernier délai avait été fixé au 10 octobre, date à laquelle devait avoir lieu à Matignon, une entrevue entre le représentant du Premier ministre et M. Ménard, secrétaire national FO. Les éléments de ces conversations, qui auraient pu, croyait-on, apporter quelque chose de positif, devaient être communiqués en dernière minute au bureau du Comité avant l’assemblée générale et l’on pensait pouvoir annoncer une bonne nouvelle au personnel. Le secrétaire de FO n’a pas été convoqué à Paris, malgré la promesse faite. On sait la suite et comment ce déplacement à Paris fut décidé ».
Photo : A la sortie d’Ingrandes-sur-Vienne, banderoles en tête, les employés de la Base ont manifesté sur la R.N.10
le 12/04/2022 à 14:39
Source : Centre Presse
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