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0616515/11/1966POITIERS

LA SITUATION GÉNÉRALE DE L’EMPLOI AU MOMENT DE LA FERMETURE DÉFINITIVE DE LA MANUFACTURE DE CHATELLERAULT ET DES LICENCIEMENTS DES BASES U.S.

Conseil général
1.300 emplois à créer d’urgence

Problème de l’emploi, industrialisation et décentralisation ont dominé hier les débats du Conseil général de la Vienne, réuni à la Préfecture. L’assemblée départementale avait à étudier 26 dossiers et à voter la décision modificative numéro 2 au budget 1966 qui se présentait équilibré en recettes et dépenses à 2.757.626 francs.

Problème de l’emploi

A la suite des licenciements devant intervenir en raison de la fermeture des bases U.S. d’Ingrandes, St-Ustres et de Poitiers et de la reconversion de la Manufacture d’armes de Châtellerault, qui fermerait ses portes dans le courant du second semestre de l’année prochaine, cette question pour le département est extrêmement préoccupante. Sur ce point particulier, M. Raymond Deugnier, Préfet de région, devait faire un exposé dont on lira par ailleurs le détail. A la suite de celui-ci, des interventions avaient lieu. Le président Masteau, dans son allocution d’ouverture, avait tenu à préciser, au nom du Conseil général « que sur le plan social, les crédits ne seront point marchandés et que le Conseil général se trouvera près de ceux qui se trouvent atteints, dans une totale solidarité ».
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Une question préoccupante : l’emploi dans la région

L’ordre du jour de cette session ayant été défini, le président de l’assemblée départementale déclarait :

« Un point est particulièrement préoccupant : c’est la situation de l’emploi dans le département, au moment de la fermeture définitive de la Manufacture de Châtellerault, qui comptera alors 400 salariés et à la suite des licenciements sur les bases alliées ».

« Ces licenciements intéresseront 1.400 personnes environ.

« Cette simultanéité dans les suppressions d’emplois est particulièrement préoccupante et elle nous apporte une raison de plus de tout mettre en œuvre pour accroître l’industrialisation de notre département.

« Vous savez que nous avons pris une série de décisions propres à faciliter les décentralisations industrielles dans notre région mais, malheureusement, le mouvement de décentralisation, depuis près de deux années est pratiquement arrêté malgré tous les efforts faits… Cela tient, sans doute, à la conjoncture économique et au développement très poussé de la région parisienne.

« Il faudra persister dans notre effort et nous attacher à saisir toutes les occasions pouvant s’offrir. Il faudra aussi les provoquer.

« Je voudrais également vous demander d’être favorables à une aide directe et immédiate aux petites communes de notre département pour les soutenir dans les actions qu’elles entreprennent pour les créations d’emplois et l’accroissement de leur équipement et de leurs activités.
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Le problème de l’emploi sous l’angle du développement

C’est sous l’angle du développement, que M. le Préfet était amené en premier lieu, à considérer le problème de l’emploi. « La réduction d’activité de la Manufacture et des bases U.S., devait-il dire, crée pour la région une situation difficile, tant pour l’économie locale que pour les travailleurs et leurs familles ».

Pour la Manufacture, la décision fut prise en 1961, de réduire progressivement son activité pour aboutir à sa fermeture. Elle fut prise par le Ministère des Armées. Un livre blanc est paru. L’engagement pris d’implanter des industries nouvelles, pour l’utilisation d’une partie de la main-d’œuvre a été tenu. La SFENA et la SOCHATA se sont installées, permettant un reclassement des ouvriers de la MAC. La date définitive de fermeture n’est pas fixée. Elle se situerait dans le courant de 1967. Mais il reste des ouvriers, des employés, des fonctionnaires. Un total approchant les 500. Un certain nombre de mises à la retraite devant intervenir, il resterait un certain nombre d’ouvriers dont il faut prévoir le reclassement.

En ce qui concerne le problème des bases U.S., pour Ingrandes, le chiffre est de 1.028, pour Poitiers, de 306, soit un total de 1.334, le chiffre total pour la région Poitou-Charentes est de 1.714, pour les autres départements le problème n’est donc pas aussi important que pour la Vienne en raison des chiffres même. Deux problèmes à résoudre : celui de la main-d’œuvre, celui du réemploi les locaux.

Il s’agit d’une main-d’œuvre du secteur tertiaire, qui se prête assez mal au reclassement pour les centres de formation professionnelle accélérée. Il nous faut donc trouver les moyens et des activités nouvelles. Compte tenu de la MAC, des bases U.S. et des jeunes, la création spontanée d’emplois dans les usines en place, le solde est de l’ordre de 1.300 emplois à trouver.

La réutilisation des bases U.S.
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Le cas de l’école professionnelle de Châtellerault

A côté de la Manufacture d’armes de Châtellerault, avait été créée une école professionnelle. Quel sera son avenir ? Il a été demandé au Ministère de l’Éducation nationale de se substituer au Ministère des Armées. Un rapport particulier a été fourni au Premier ministre, à la demande de ce dernier, par le Préfet.

M. Deugnier allait conclure en disant le souci du Gouvernement et de l’administration, de mettre un terme à l’inquiétude qui étreint ceux qui se trouvent dans cette situation.

La discussion

M. Pierre Abelin, député, conseiller général et maire de Châtellerault, ouvrit la discussion. Il n’est pas entièrement d’accord sur les chiffres donnés. Pour lui le problème en volume, est plus important. « Pour trouver des emplois, faudrait-il encore qu’il y en ait dans les usines de la région. La création industrielle a faibli depuis 2 ans et les perspectives sont très limitées. On a donné un coup d’arrêt à la décentralisation industrielle en province quand on a lancé les perspectives de développement en Basse-Seine ».

Il tient ensuite à préciser les efforts fait par l’administration préfectorale, la ville de Châtellerault, pour les implantations de la SFENA et de la SOCHATA.

« Je veux, ajoute-t-il, apporter certaines suggestions : la Manufacture fonctionne actuellement avec des programmes qui apparaissent satisfaisants. Il est admis qu’elle ferme en juillet 1967. Ne pourrait-on faire en sorte qu’elle prolonge son activité pour que sa fermeture ne se conjugue point avec le licenciement des bases U.S.

« Quel est d’autre part le régime juridique des bases ? Il faudrait préciser qui est le propriétaire ? L’école professionnelle de la MAC est, elle aussi, menacée de fermeture. Saisi depuis un an, le Ministère de l’Éducation nationale n’a pas répondu. Le commissariat au Plan s’est adressé au Ministère de l’Industrie. Si l’on ne peut pas former une main-d’œuvre qualifiée, les usines ne pourront venir s’installer sur place. En ce qui concerne les indemnités pour le personnel de Saint-Ustre, les dispositions prises seraient peut-être suffisantes, si le licenciement n’était pas aussi massif.
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La réponse de M. le Préfet
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Poursuivant, il répondait à M. Abelin, après avoir souligné l’intervention du gouvernement en faveur des implantations de la SFENA et de la SOCHATA à Châtellerault, qu’en ce qui concerne la Manufacture aucune date n’est arrêtée et que pour réactivation de cette dernière, cela apparaît techniquement très difficile car les équipes productrices sont diminuées.

Quant au régime juridique des bases, celles-ci reviendront à la France à l’échéance des baux qui ont été signés. Il peut être concevable que des groupes de collectivités puissent faire acte de candidature. C’est ainsi que l’on sait que la forêt de Chizé deviendra une réserve à caractère scientifique.

Pour l’école professionnelle de la Manufacture, il n’est pas exact de le Ministère de l’Éducation nationale n’ait rien fait. Les modalités de son exploitation sont difficiles, le Premier ministre a demandé au Ministre de l’Éducation nationale de prendre position dans les jours qui viennent.

 

 

le 13/04/2022 à 11:48

Source : Centre Presse

licenciements, emploi, pouvoirs publics

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