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0616616/11/1966POITIERS

1.800 CHEFS DE FAMILLE DANS L’ANGOISSE

A la veille de la fermeture des bases alliées
Les délégués du Comité de défense ont été reçus hier par le Préfet.
Ils demandent que le Fonds national de l’emploi soit appliqué à tous

Le délicat problème soulevé par le départ des bases alliées dans le département et la région Poitou-Charentes, sur le plan social et plus particulièrement le reclassement de 1.800 chefs de famille, est au premier plan des préoccupations. C’est ainsi qu’après la réunion du Conseil général où il fut évoqué hier soir, M. Deugnier, Préfet de région, a voulu prendre contact avec les représentants des personnels employés sur les bases alliées.

A 17 h. 20, il recevait dans son cabinet deux responsables représentant le Comité de défense du personnel des bases alliées du Sud et du Sud-Ouest : MM. Biard et Fenioux.

Ceux-ci avaient été contactés par l’intermédiaire de M. Espérandieu, sous-préfet de Châtellerault. L’entrevue a duré 2 h. Elle s’est déroulée dans un climat de compréhension mutuelle et les représentants du personnel ont tenu à dire, à leur sortie, combien le Préfet de région avait été attentif à leurs propos et à leurs arguments.

MM. Biard et Fenioux avaient précisé à M. le Préfet que le Comité de défense avait pour but non pas une revendication intransigeante, mais surtout une étude des solutions possibles pour le reclassement des employés. A cet effet, une commission d’études s’est penchée sur les possibilités de réemploi du personnel bilingue, entre autres au sein d’entreprises franco-américaines.

Fermeture des bases en mars

Si cette première solution est en bonne voie, elle est loin de satisfaire la totalité des besoins. C’est pourquoi il est apparu nécessaire, voire urgent, de rechercher sur le plan régional des solutions immédiatement applicables dès la fermeture des bases. Or, devaient dire les délégués, cette fermeture interviendra en mars prochain. D’ici là le temps est trop court pour permettre un reclassement automatique des personnels, d’où l’angoisse des 1.800 employés, dont la majorité n’a pas possibilité de se « reconvertir sur le champ ». Les délégués ont attiré l’attention du Préfet sur l’application du fonds national pour l’emploi. En effet, cette aide du fonds n’est attribuée qu’aux zones critiques, dont font partie Ingrandes et Châtellerault. Les délégués ont demandé avec force que l’application systématique du fonds national de l’emploi soit étendue à toutes les catégories de personnel, quel que soit l’implantation géographique.

Cette mesure concrète, applicable dès la fermeture des bases permettrait aux employés de chercher un emploi.

Le gouvernement est conscient du problème

M. le Préfet a répondu que le gouvernement est conscient du problème et qu’à cet effet, une série de réunion d’études, dont les premières ont eu lieu à Matignon, se déroulent entre le Premier ministre, les ministres et les préfets intéressés dans le but de chercher des solutions à brève échéance, s’inscrivant dans le cadre de l’expansion régionale et dans celui de la décentralisation industrielle.

Le Comité est entièrement d’accord, mais il a soulevé le problème de l’immédiat. Question qui préoccupe la majorité des licenciés. Le Comité déclare que l’économie locale perdra pour notre région, un milliard de masse salariale, si rien n’est tenté pour conserver la main-d’œuvre disponible.

Les délégués ont également demandé que les stages de reconversion au sein des centres de formation professionnelle accélérée soient organisés en fonction des besoins régionaux et que la limite d’âge de 35 ans soit repoussée pour permettre à un plus grand nombre d’employés de suivre cet enseignement professionnel de recyclage.

Garder le contact

M. Deugnier a pris note de cette demande. Il a ajouté qu’il souhaitait vivement garder le contact avec les délégués afin de coordonner les possibilités d’emploi. En outre, il est possible que le Préfet provoque une réunion des principaux industriels et employeurs de la région pour leur parler des possibilités éventuelles d’utilisation de cette main-d’œuvre. A cet effet, les délégués ont remis des statistiques précises quant à la répartition des qualifications, âges, situation des prochains licenciés.

Au cours des entretiens il a été question d’une catégorie professionnelle sans statut employé sur les bases. Celle dite « d’aide aux armées alliées » qui s’occupait des tâches administratives et de comptabilité. Leur situation doit être assimilée à celle des autres catégories.

Les délégués du Comité de défense ont conclu que l’entrevue qu’ils venaient d’avoir avait permis de dégager des points qui préoccupent, dans l’immédiat, le personnel licencié :
• Extension du fonds national à toutes les zones et à toutes les catégories.
• Adaptation des stages FPA, en fonction des possibilités d’emploi, dans la région et recul de la limite d’âge.
• Étude d’un aménagement du territoire permettant le réemploi des personnels libres de toutes origines.

 

 

le 13/04/2022 à 12:44

Source : Centre Presse

armées, licenciements, comité, pouvoirs publics

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