0624502/02/1967POITIERS
Imposant défilé dans les rues de Poitiers
Le mouvement de grève de 24 heures, lancé par les syndicats CGT, CFDT et FEN, a été largement suivi dans le département de la Vienne. Les perturbations furent nombreuses, tant sur le plan de l’énergie (EDF, GDF), des transports (Compagnie de Tramways, SNCF), administrations et Fonction publique (PTT tous services, contributions, hospitaliers), secteur privé (entreprises industrielles) et enseignement (primaire, secondaire et supérieur).
Le rassemblement qui eut lieu à la Maison du Peuple s’est déroulé dans un « style » nouveau. Les responsables des Unions départementales n’ont pas pris la parole, comme de coutume, pour exposer les revendications propres à leur secteur. La motion commune fut lue aux grévistes, massés dans la cour et dans la rue. L’absence de sonorisation s’est faite sentir, quelques groupes ne purent pas suivre la lecture. Cet inconvénient fut pallié par la distribution du texte de la motion précisant les revendications.
Le meeting d’hier fut caractérisé par la présence de nombreuses délégations extérieures venant de Chauvigny, de Civray, de Châtellerault et même de Loudun. En outre la participation féminine et celle des jeunes fut importante.
Le défilé en ville
Après la lecture de la la motion, les participants, en cortège, se rendirent en bon ordre au siège de l’Union des Syndicats patronaux, à la Chambre de Commerce, pour remettre une motion. Les banderoles revendicatives « Revalorisez nos traitements », « Améliorez nos conditions de travail », « Allègement de la fiscalité », « Secteur privé » « Conventions collectives », « Les travailleurs de Civray veulent en finir avec les salaires de misère » etc... étaient portées et des cris « Des sous Charlot » ou « Pompidou des sous », « Du travail pour tous », « Plein emploi » etc... étaient scandés.
Le cortège, évalué à 600 ou 700 personnes, défila rue des Cordeliers, rue Gambetta, Place Leclerc, rue Victor-Hugo, et Place de la Préfecture, précédé par un service d’ordre. Les grévistes se groupèrent devant l’entrée de la Préfecture en scandant des slogans revendicatifs et une délégation composée des représentants des syndicats et des étudiants, fut reçue par M. Mezin, chef de Cabinet de M. le Préfet.
A leur sortie, au nom de la délégation, M. Nony, secrétaire général départemental de la FEN devait rendre compte à la foule de l’entrevue. « Nous n’avons reçu aucun apaisement et dans les jours, et les semaines qui viennent nous serons appelés a serrer plus étroitement nos rangs, pour que nos légitimes revendications aboutissent ». Un appel à la dislocation fut alors lancé et les manifestants se dispersèrent.
Le pourcentage des grévistes
Transports publics : 99 % ; EDF - G.D.F. 100 % ; PTT Tri 90 % ; distribution 90 % ; lignes 80 % ; CRMT 70 % ; Enseignement 100 % dans le primaire ; 85 % dans le secondaire, faible ; dans le supérieur 60 % ; Ecoles Normales, filles 100 % ; garçons 60 % ; Contributions 50 % ; Impôts 45 %.
A Civray, moyenne, tous secteurs de 70 à 100 %.
A Chauvigny : 80 %.
A Montmorillon : EDF 100 % ; SNCF 50 % ; Enseignement primaire et secondaire 55 % ; Fonction publique et services 50 %.
La motion commune remise à la Préfecture
« Les travailleuses et travailleurs de la Vienne en grève le 1er février 1967 ;
« Constatent que les salaires du département de la Vienne sont parmi les plus bas de France, que le chômage s’installe de façon chronique en particulier dans la région châtelleraudaise, que le salaire des femmes est très inférieur au salaire moyen, que les jeunes sont obligés d’abandonner la région, que la formation professionnelle et la promotion sociale ne sont pas en rapport avec le développement technique de notre pays, que les travailleurs en général, qu’ils soient du secteur public, nationalisé ou privé, voient leur situation aggravée par les abattements de zone et l’insécurité de l’emploi.
« Pour toutes ces raisons, les travailleuses et travailleurs en grève,
Demandent :
- la garantie d’une progression du pouvoir d’achat des salaires, conforme à l’évolution de la production, de la productivité et du revenu national ;
- ce qui implique la condamnation des procédures Toutée, dans leurs formes actuelles ;
- l’augmentation générale des salaires, traitements, pensions et retraites (dans l’immédiat, pas de salaire inférieur à 600 fr par mois) ;
- l’ouverture de négociation avec le CNPF ;
- la discussion de véritables Conventions collectives à l’échelon des corporations.
- la suppression totale des zones de salaires ;
- le maintien en activité et le développement des industries régionales en particulier la Manufacture de Châtellerault ;
- la garantie de l’emploi et la création immédiate de nombreux emplois dans le département ;
- l’application du principe « à travail égal, salaire égal pour les femmes et les jeunes ;
- la réduction du temps de travail sans diminution du salaire ;
- l’abaissement de l’âge de la retraite ;
- le droit à la formation professionnelle et au travail pour les jeunes ;
- la défense et l’extension des droits syndicaux ;
- la refonte de la fiscalité avec l’allégement de la charge fiscale pour les revenus les plus faibles ;
- des investissements publics répondant aux besoins de logement, d’éducation, de santé de la Nation.
le 02/05/2022 à 17:21
Source : Centre Presse
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