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0626016/02/1967CHATELLERAULT

AU SUJET DES LICENCIEMENTS, L’UNION LOCALE CGT ÉCRIT AU PRÉFET

L'Union locale CGT nous remet le texte de la lettre qu'elle vient d’adresser au préfet au sujet des licenciements, avec prière d’insérer.

« Monsieur le Préfet,

« Nous avons l’honneur de vous faire part de notre profonde indignation au sujet des licenciements qui viennent d’avoir lieu dans l’entreprise Forgeau, et attirons votre attention sur les constatations que nous développons ci-dessous :

« 1° Le 24 décembre 1966, nous déposons auprès de M. Forgeau la liste des candidats aux élections de délégués du personnel.

« 2° Par lettre du 5 janvier 1967, M. Forgeau nous informait qu’il ne s'opposait pas à ces élections. Nous citons un passage de sa lettre :

« Il ne nous est, cependant, pas possible de déterminer aujourd’hui avec exactitude l’effectif qui sera celui de notre entreprise après les différentes modifications qui nous restent à réaliser (transformation en société, étude de nouveaux débouchés, etc...).

« 3° Dans notre lettre du 11 janvier, répondant à M. Forgeau, nous indiquions entre autres :

« Nous pensons qu’une réorganisation intérieure et diverses modifications de votre entreprise ne doivent pas, comme vous le signalez, faire repousser, à échéance indéterminée ou plus ou moins lointaine, le déroulement de ces élections.

« 4° A cette même date du 11 janvier, nous communiquions à M. l’Inspecteur du Travail nos inquiétudes sur une éventuelle compression d’effectifs dans cette entreprise. Nous indiquions notamment :

« Nous espérons que les arguments contenus dans cette lettre ne cachent pas l’étude d'une compression de personnel qui tendrait à viser nos candidats délégués ainsi qu’une réduction des possibilités de candidats.

« 5° Le 23 janvier, M l’Inspecteur du Travail nous répondit :

« ... Vous semblez craindre que la réponse que vous a faite la direction de cette société ne dissimulât une compression de personnel qui aurait tendue à éliminer les candidats que vous avez présentés.

« J'ai l’honneur de vous faire connaître que je suis intervenu le 20 janvier 1967 auprès de cette entreprise afin d’élucider si les motifs qui vous avaient été présentés correspondaient à une réalité.

« Je puis vous affirmer que vos inquiétudes s’avèrent injustifiées.

« ... Néanmoins, j’ai pu recueillir l’engagement formel de la direction que les élections auraient lieu dans les jours qui viennent.

« 6° Nous constatons, une fois de plus, que nos appréhensions étaient justifiées. Malgré les affirmations de M. l’Inspecteur du Travail, dès le mardi 7 février, des licenciements étaient notifiés et le 8 le chiffre de vingt-quatre licenciés était atteint sur un effectif global d’une soixantaine de travailleurs.

« Monsieur le Préfet, il nous est intolérable de voir s'allonger la liste des chômeurs du Châtelleraudais.

« Alors que la Constitution prévoit le droit au travail pour tout être humain, nous constatons que cette suite de licenciements (chez Mescle, à l’Usine métallurgique de Domine, chez Forgeau, pour ne citer que les plus importants) n'est que le début de l’application du Ve Plan gouvernemental prévoyant pour 1970, un volant de 600.000 chômeurs dans le pays, dont 6.300 pour la seule région Poitou-Charentes, région déjà sous-développée.

« C'est pourquoi nous renouvelons avec force nos protestations au sujet de la situation qui est faite aux travailleurs du châtelleraudais.

« Devant cette situation catastrophique, des mesures impératives s’imposent :
« - Réintégration immédiate des travailleurs licenciés ;
« - Arrêt de tous licenciements ;
« - Retour à la semaine de 40 heures sans diminution du pouvoir d’achat des travailleurs.

« Défenseur de la classe ouvrière, nous vous prions de croire Monsieur le Préfet, à l'assurance de notre considération ».

 

 

le 02/05/2022 à 19:05

Source : Centre Presse

protestation, répression, licenciements, pouvoirs publics

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