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Accueillis, hier matin, à la Maison du peuple de Poitiers, par les dirigeants des organisations syndicales de la Vienne, 34 employés de la métallurgie de Saint-Nazaire, sont venus à Poitiers et à Châtellerault, demander à l’opinion publique de se solidariser avec leur mouvement et d’aider par leurs dons, les familles de ceux-ci, qui depuis le 1^er mars sont en grève totale.

« Les organisations syndicales de la Vienne CGT, CFDT, CGT-FO, lancent un appel en leur faveur auprès de leurs adhérents et de la population. Dans les jours à venir, des consignes seront données afin que se manifeste la solidarité ». C’est ce qui fut indiqué au cours de la courte réunion qui précéda le départ en ville des différents groupes, qui devaient quêter sur la voie publique et à la sortie des usines.

Auparavant les dirigeants syndicaux avaient expliqué les raisons de ce mouvement et avaient remis le texte suivant :

« Les mensuels de la métallurgie nazairienne sont en grève depuis le 1^er mars 1967.

« Les mensuels, c’est-à-dire, les employés, les techniciens, les dessinateurs, les agents de maîtrise qui, par leur situation dans les entreprises, avec les ouvriers et les ingénieurs, assurent la mise en pratique du progrès technique.

« Que réclament les mensuels ?

« Tel que cela s’est toujours fait à Saint-Nazaire, la même évolution de leurs appointements que celle de la région parisienne.

« Le retard accumulé se chiffre à 16 %, comme première étape ils réclament 8 %.

« Voici quelques exemples de cette dégradation :
« En 1955, un dessinateur d’exécution débutait avec un salaire de 11 % supérieur à celui de l’OS de la métallurgie parisienne.
« En 1966, il touchait 5 % de moins.
« En 1955, le chef d’équipe débutait avec 0, 25 fr de l’heure de plus que les OP de la région parisienne.
« En 1966, il avait 0,25 fr de l’heure de moins.
« En 1956, les appointements de base des dessinateurs petites études correspondaient à ceux des OP parisiens.
« En 1966, pour obtenir la même correspondance, il fallait être projecteur 2^e échelon, c’est-à-dire à un niveau hiérarchique déjà très élevé pour cette profession.

Nos revendications sont-elles exagérées ?
.../…

« Cette situation n’est pas particulière à notre région.

« Notre lutte est aussi celle de l’ensemble de la classe ouvrière.

« Le Patronat et le Pouvoir opposent une résistance très dure, car eux aussi ont conscience que le succès de notre lutte appellera d’autres succès.

« Il faut tenir.

« C’est pourquoi le soutien de tous les travailleurs est indispensable.

« La solidarité effective de la classe ouvrière doit se manifester ! Nous sommes persuadés que notre appel sera entendu et que vous répondrez très largement aux sollicitations qui vous seront faites. D’avance les mensuels de la métallurgie nazairienne vous en remercient ».