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0634705/10/1967CHATELLERAULT

LES SYNDICATS DE LA MANUFACTURE D’ARMES S’ADRESSENT AUX ÉLUS ET PERSONNALITÉS

Les syndicats CGT, CGT-FO et CFDT nous communiquent la lettre qu’ils viennent d’adresser aux élus et à diverses personnalités au sujet de la décision frappant leur établissement.

Cette lettre a été envoyée : aux trois députés de la Vienne ; aux Conseillers généraux de la Vienne ; aux Conseillers municipaux de Châtellerault ; aux maires des communes environnantes (12) ; aux partis politiques du département et aux sections de Châtellerault ; au président de l’Union des commerçants, industriels et artisans de Châtellerault.

« Monsieur,

En mars et juillet derniers les organisations syndicales de la Manufacture d’Armes de Châtellerault vous ont adressé deux brochures traitant du problème de leur établissement. La première définissant le rôle que devait avoir la Manufacture, ses possibilités actuelles et futures dans l’activité économique régionale et donnait des arguments en faveur de son maintien. La seconde apportait quelques éléments sur le résultat financier de cette opération de liquidation et sur le rôle de son école d’apprentissage ainsi que sur le problème du plein emploi dans le Châtelleraudais.

« Les organisations syndicales de la MAC estiment que ce travail d’information était nécessaire, afin de mieux faire connaître à tous ce douloureux problème de la liquidation de leur établissement. Elles espèrent que le contenu de ces brochures n’aura laissé personne indifférent et au contraire, aura apporté à chacun des éléments militant en faveur du maintien de la MAC et de la sauvegarde des statuts des personnels dans la localité.

« Depuis six ans, les personnels de la Manufacture ont lutté pour maintenir en activité leur établissement.

« La décision du Conseil ministériel du 11 avril 1961 « de convertir la Manufacture » (voir le Livre blanc du Ministère des Armées d’avril 1962) n’a pas trompé longtemps les travailleurs sur le sens véritable de l'opération. Alors qu’ils étaient en droit d’espérer des changements de formes qui pouvaient apporter une relance d’activité, relance à laquelle ils étaient prêts à participer, ils ont été placés devant le fait accompli et n’ont eu pour toute possibilité, que de lutter contre cette aberrante décision de liquidation.

« Aujourd’hui, le gouvernement ne semble pas vouloir revenir sur cette décision. Par une lettre du 12 septembre 1967, le délégué ministériel pour l’Armement a informé tout le personnel ouvrier que la fermeture définitive « devra intervenir le 1er juillet 1968 ».

« Cette lettre était accompagnée d'un questionnaire. Ce dernier devait être rempli et adressé au directeur de la MAC dans un délai maximum de six jours. Les travailleurs furent mis devant cette alternative : abandonner leur statut de travailleurs de l’État afin de demeurer à Châtellerault ou bien le conserver avec les avantages acquis, mais alors partir vers un avenir incertain, assujetti d’incidences, tant sur le plan matériel familial que moral. Les personnels se sont indignés de cette méthode. Il apparaît que dans la grande majorité, les ouvriers ont répondu en affirmant leur désir de voir la MAC maintenue en tant qu’établissement de l’État avec son personnel à statut, ceci en toute liberté, sans aucune pression des organisations syndicales.

« La quasi-totalité des personnels de l’Établissement étaient présents à l’assemblée générale du 18 septembre. Ils ont fait leur et ont ratifié à l’unanimité la résolution syndicale commune qui leur était présentée et dont les points essentiels, sont :
   - affirment leur complet attachement à la Manufacture d’armes de Cbâtellerault.
   - demandent, l’abrogation de la décision interministérielle du 11 avril 1961 et la remise en activité de leur établissement.
   - donnent pouvoir aux organisations syndicales pour mener toutes actions en faveur de la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault.

« C'est donc en leur nom que nous continuons à affirmer que cette décision de liquidation est un non sens et que cela nuira longtemps à la prospérité de la région. Nous considérons qu’il n’est pas trop tard pour annuler cette décision. Le travail ne manque pas. La preuve en est donnée par le fait que le gouvernement s’engage à augmenter le plan de charges des établissements vers lesquels les personnels sont orientés par la lettre-questionnaire. Notre établissement peut être encore une des bases les plus solides pour l’expansion régionale, le développement industriel et une formation professionnelle de haute qualité.

« Des études entreprises par des collaborateurs techniques, tant de l’Institut d’économie régionale que du CNRS ont mis en évidence, non seulement la précarité et la pauvreté de l’emploi dans la région, mais également l’absolue nécessité d’une expansion économique si l’on veut éviter que la situation de l’emploi se détériore encore plus rapidement. La Manufacture de Châtellerault doit être maintenue. Elle est un maillon irremplaçable dans la conjoncture actuelle.

« Avec son École d’apprentissage, il est indispensable de lui redonner sa vitalité. Ce sera doter le pays de jeunes professionnels dont il a besoin et réellement assurer l’expansion industrielle de la région. Il est indéniable que l’essor technique, le développement économique et la promotion sociale peuvent et doivent passer par la remise en activité de la Manufacture de Châtellerault ainsi que par le développement de son école qui peut toujours assurer la formation de techniciens capables et d’ouvriers hautement qualifiés.

« C’est pourquoi, au nom de tous les travailleurs de Châtellerault, et plus particulièrement ceux de la Manufacture, nous vous adressons cette lettre en vous demandant votre appui le plus ferme. Nous vous prions instamment de soutenir les efforts que font encore environ 400 personnes pour conserver un patrimoine national, défendre leur statut et droits acquis et demeurer dans la localité qui les a vus naître ou à laquelle ils se sont attachés.

« Nous pensons que cet appel recevra auprès de vous un écho favorable. Nous souhaitons qu’il se concrétise, par des démarches de votre part auprès des autorités responsables, ainsi que par un maximum d’information dans vos secteurs d'activité.

« La date du 1er juillet 1968 étant relativement peu éloignée, il nous serait agréable que vos interventions soient faites dans un délai assez court.

Nous tenant à votre disposition pour de plus amples informations,

Au nom des personnels de la Manufacture,

Nous vous prions d'agréer, Monsieur, l’assurance de notre considération distinguée.

Pour la CGT : Augras.
Pour la CGT-FO : Grandin.
Pour la CFDT : Caillaud..

 

 

le 12/05/2022 à 12:58

Source : Centre Presse

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