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0062819/07/1909POITIERS

Bourse du Travail - Subvention municipale constestée

 CONSEIL MUNICIPAL - LA BOURSE DU TRAVAIL

M. Mérine demande la suppression de la subvention de 1.500 fr accordée à la Bourse du Travail.

Il y a un an, dit-il en substance, alors qu'il s'agissait d'attribuer une subvention minime à un groupement de la Bourse, M. le Maire fut chargé de se renseigner sur le point de savoir si les groupements ouvriers étaient ou n'étaient pas affiliés à la Confédération Générale du Travail. Dans l'affirmative la subvention ne serait pas accordée. Les circonstances ont fait que le renseignement demandé n'a pu être fourni en temps utile. Aujourd'hui il ne s'agit plus d'un groupement isolé mais de la Bourse du Travail, il ne s'agit pas non plus d'une subvention minime mais d'une somme de 1.500 fr. Est-il nécessaire de rouvrir la discussion ? Je ne le pense pas, la CGT étant toujours restée un groupement révolutionnaire.

M. le Maire (Morain) répond qu'il est en mesure de répondre à M. Mérine ;

- La Bourse du Travail est affiliée à la CGT, c'est certain, mais nous ne devons pas moins lui maintenir la subvention, d'abord parce qu'elle a toujours eu une attitude très correcte vis-à-vis des pouvoirs publics et, en second lieu, parce que les cours professionnels qu'elle organise rendent de réels services que j'ai pu apprécier récemment encore en présidant une distribution de prix.

Plus que personne je respecte tous les programmes. J'ai promis de soutenir la classe ouvrière ; je suis persuadé que pas un membre de la majorité républicaine ne voudra renier les paroles prononcées en réunion publique.

M. Mérine. - (...) On a parlé des intérêts de la classe ouvrière. Qui donc oserait soutenir que la classe ouvrière a intérêt à s'affilier à la CGT ? On voit bien tous les dangers, on cherche vainement les services rendus.

M. Mérine reconnaît l'attitude correcte de la Bourse du Travail de Poitiers et les services rendus par les cours professionnels mais il ne peut s'empêcher de regretter son affiliation à la CGT. Il y a donc lieu de la mettre en demeure de se retirer de cette association que les pouvoirs publics, eux-mêmes, considèrent comme extrêmement dangereuse.

M. le Maire est d'accord avec M. Mérine pour regretter que la Bourse du Travail de Poitiers soit affiliée à la CGT mais cette affiliation étant obligatoire, il y a lieu de maintenir la subvention tant que la Bourse du Travail n'aura pas démérité.

M. G. Caillaud. - La Bourse ne verse-t-elle pas une subvention à la CGT ?

M. le Maire. - Je l'ignore.

M. G. Caillaud. - En somme nous subventionnons indirectement la CGT.

M. le Maire. - Reportez-vous à l'article 102 et vos constaterez que la subvention de la ville est ainsi répartie : indemnité au secrétaire général, 1000 fr ; traitement du secrétaire-adjoint, 150 fr ; traitement du trésorier, 150 fr ; chauffage et imprimés 200 fr.

M. Caillaud affirme qu'il n'a aucune hostilité pour la classe ouvrière. Si la subvention est supprimée il demandera que la somme de 1500 fr soit répartie entre les cours professionnels qui existent déjà en dehors de la Bourse du Travail.

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M. Mérine et tous les membres de la minorité, déclarent qu'ils refusent la subvention parce que la Bourse du Travail est affiliée à la C.G.T.

M. Duplantier déclare qu'il votera le maintien de la subvention à la Bourse du Travail de Poitiers, il est aussi hostile que M. Mérine et que M. le Maire lui-même aux menées révolutionnaires et à l'esprit anarchique de la CGT, la tendance et les actes de celle-ci ne peuvent qu'inquiéter les bons français et les bons républicains. M. Duplantier dit qu'il condamne également l'excitation à la révolte et à l'insurrection contre les lois, de quelque côté qu'elles viennent, que ce soit des anarchistes de droite, comme de trop nombreux évêques, ou des anarchistes de gauche, comme les dirigeants de la Confédération Générale du Travail : c'est toujours la même mentalité, le même état d'esprit, consistant à s'insurger contre la légalité républicaine, contre la loi qui est l'expression de la volonté nationale. Mais la Bourse du Travail de Poitiers n'est pas animée de cet esprit, ceux qui la dirigent et qui la fréquentent ne sont pas des révolutionnaires partisans des moyens violents, mais des réformistes, des ouvriers qui cherchent à améliorer leur condition économique par les voies légales et dans le respect des lois.

.../...

M. Mérine demande à M. Duplantier comment il peut expliquer que, dans ces conditions, la Bourse du Travail de Poitiers reste affiliée à la C.G.T.

M. Duplantier répond que, dans toute association, il y a des tendances divergentes et que la Bourse du Travail de Poitiers peut rester affiliée sans partager les tendances ou approuver les excitations révolutionnaires des dirigeants de celle-ci. Lorsqu'il eut, l'année dernière, demandé au Conseil municipal de refuser la subvention sollicitée pour l'envoi d'un délégué au congrès de la CGT il eut l'occasion de parler de l'esprit et des tendances de la Bourse du Travail de Poitiers avec divers ouvriers qui la fréquentent. C'est ainsi qu'il a appris que la Bourse de Poitiers n'était nullement en communication d'idées avec la majorité de la CGT et qu'elle entendait, au contraire, combattre les méthodes révolutionnaires pour ne demander la réalisation des réformes qu'aux seuls moyens légaux.

Tous les membres de la majorité républicaine sont d'accord avec M. Duplantier pour accorder la subvention. Le crédit de 1500 fr est voté par 16 voix, contre 8.

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le 20/04/2020 à 17:31

Source : L'Avenir de la Vienne

bourse du travail, municipalité, subvention, CGT

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